Organisation: La
Charte de Paris les Statuts de la C.N.T. - A.I.T.
International: Déclaration
de principe de l'Association Internationale des Travailleurs Serbie
: révolution confisquée, par Ratibor Dossiers: Spécial
élections Blagnac:
bilan d'une lutte Dossier
Penauille, par le syndicat intercorporatif de Besançon Stratégies: Les
grands principes tactiques et théoriques le l'AIT, par A. Castel
Techniques
de luttes Des
revendications à l'utopie L'action
directe, par P. Besnard Anarchosyndicalisme
et autonomie populaire, par un adhérent de l'UR normande CNT-AIT Perspectives
: De l'Empire
romain à la mondialisation : l'anarchisme en héritage, par Little
Hérodote Tracts : Aménagement
du temps de travail (35 h) et refondation sociale (PARE) ou comment nous faire
tous travailler pour pas un rond Travailleurs
intérimaires, par le Syndicat Interco de Besançon Ca
se passe comme ça ..., par le Syndicat Interco
de Paris Ni
ennui, ni terreur ..., par le Syndicat de l'Yonne Les
patrons sont-ils indispensables ? Pratique: Face
à la police Face
à la justice Réflexions: Pas
très net, par Interpasnet Mondialisation
et anti-mondialisation : un détournement de cible, par A. Sulfurik
Economie: Moins
pire que le capitalisme: le capitalisme, par Loiseau Société: Qu'est-ce
que la thérapie génique ?, par l'Eugène rouge et noir
Prions pour une vache folle,
par J. Bovin Pourquoi
nous devons combattre l'ingénierie génétique et son monde,
par le Syndicat Intercorporatif de l'Essonne Agripognon
: O.G.M. Culture: Antilibéralisme
spectaculaire, par Gille Brochures : Dans
les syndicales, E. Pouget Le
catalogue de nos publications Contacts: Adresses
des syndicats Les
liens de l'AIT http://cntait89.free.fr/ Ce
site web expérimental est rédigé, réalisé et
mis en ligne à titre militant par des adhérents de la CNT-AIT, chômeurs
ou salariés, après leur journée de travail.
-
|
Retraites :
Tout de suite et beaucoup !
Tu trimes toute ta vie, tu te retrouves à la retraite, et t'es
comme un c...
Encore heureux si t'as un viatique pour t'accompagner jusqu'à la
mort au cas où entre l'atelier, le bureau et le dimanche (autrefois)
férié, t'aurais eu l'occase de trouver ce qui te plaît
dans cette fichue vie! Quelque chose comme le soleil, la mer, la pluie,
les réverbères, la menuiserie, le jardin, la peinture, les
poissons exotiques, le violon, les voyages (ah, les voyages !), le regard
de ceux que tu aimes, tiens même le sourire de ceux que tu pourrais
ne pas aimer... enfin quoi des choses, y'en a plein ; si on a le temps
d'en apercevoir pendant ces quarante années de labeur dans les
geôles du Capital.
Au cas où t'aurais pas les poumons brûlés et que t'aurais
encore tous tes doigts, ton petit pécule vieillesse il pourrait
te servir à faire quelque chose qui te plaît enfin, tiens
même ne rien faire du tout si c'est ça que t'aimes - sauf
que y'a pas grand-chose dans ta bourse de retraité. Pourtant si
tu additionnes tout ce que ton travail a rapporté au patron pendant
tes quarante ans de galérien, tu devrais être multimillionnaire.
Mais ça marche pas comme ça. C'est une autre histoire que
la nôtre; celle de l'arnaque de ces deux derniers siècles
: dès ta naissance t'es formaté pour accepter le travail
-sois prolo et tais-toi (ou ne parle pas trop fort, on pourrait t'entendre)
quand t'as l'âge requis, tiens disons que t'es né en Europe,
bien conforme avec un père et une mère comme il se doit,
que t'as fait quelques études (y paraît que l'université,
maintenant, c'est accessible à tous), et que t'as vingt ans. Là,
t'es sur le marché et tu y vends ta force de travail. Ta force
de travail, c'est toi : une fois ta force vendue, tu vas au chagrin.
Ça, tu vas me dire, c'est à l'ancienne. Aujourd'hui c'est
pas évident de la vendre sa force de travail. Bon, t'as pas tout
à fait tort, mais t'as pas tout à fait raison non plus.
Parce que j'ai pas dit que tu la vendais une fois pour toutes ta force
de travail. J'ai pas dit non plus qu'en France, par exemple, les mômes
ne travaillent pas. Y'en a. T'en connais et moi aussi.
où en étais-je ? Ah oui. Le viatique de la vieillesse quand
t'as embauché (hypothèse) à vingt ans et que tu pars
à la retraite à soixante que t'as quarante ans d'aliénation
dans les pattes et dans la tronche.
En plus, faut le dire, t'es fatigué. Dame, t'as plus tes jambes
de vingt ans. Ces jambes-là tu les a données au patron,
il y a belle lurette. Et qu'est-ce que t'as eu en échange ? Ça,
t'as été choyé, on peut pas dire la paye tous les
mois, les indemnités Assedic parfois, les congés payés,
des primes occasionnelles et une partie de ton salaire socialisé
dans les différentes caisses de solidarité, dont ta mirifique
retraite. Faudrait quand même pas se plaindre, non ? Une fois que
t'es plus bon à rien pour le Capital, estime-toi heureux qu'il
continue de ponctionner encore ceux qui travaillent pour t'assurer des
revenus ! Mais... tu ne récupéreras jamais ce que le patron
s'est mis lui dans la poche sur ton dos, sur tes heures de travail, sur
tes heures de fatigue, tes heures d'ennui, de déprime pendant ces
quarante longues années de ta vie, et tu ne récupéreras
ni tes rêves ni ta santé ni ton énergie.
Allez, faut pas voir tout en noir comme ça. Y'a quand même
des trucs chouettes, non ? les copains par exemple. C'est important les
copains. Ça, personne peut dire le contraire. Mais tu crois pas
qu'avec les copains ce serait plus agréable de passer du temps
ailleurs qu'au boulot?
Le patron nous vole plus que notre argent. Il nous vole notre vie qui
doit lui être consacrée.
Lui, il a le capital. Nous on a le travail sauf que le travail n'existe
pas sans le capital... et nous voilà coincés dans la machine
qui ne remonte pas le temps. Sauf que le capital sans notre travail, il
n'existe pas non plus... ah bon ? et ouais ! te dire qu'ils ont besoin
de nous...
Mais revenons à nos retraites. tout ce qu'on vient de dire c'est
dans le cas où entre vingt et soixante ans t'as tout le temps bossé,
et que t'as eu l'occase de développer à côté
du boulot des amitiés, des plaisirs, des savoir-faire qui font
qu'à soixante berges, fatigué certes, mais encore rêvant,
t'as devant toi quelques décennies de plus pour vivre enfin, même
si c'est chichement. Une fois de plus, faudrait pas trop se plaindre.
Ça pourrait être pire, non? comme de se retrouver avec un
loyer de 2 000 F et une retraite de 3 800 F, comme d'aimer lire et d'avoir
les yeux tellement abîmés qu'il n'y a que les gros caractères
qu'on puisse voir, comme que ta compagne ou ton compagnon doive être
hospitalisé(e), comme que... d'accord c'est du mélo. Ah,
ça existe?
Allez y' a encore pire, regarde nos camarades aux Etats-Unis, ils ont
même pas leurs 3 800 balles. Car le patron là-bas c'est comme
celui d'ici, il est capitaliste, il n'a pas d'état d'âme,
il est dans la concurrence et il fait du profit.
Le patron il se moque éperdument de ce que racontent les romans-photos,
du moment que ça lui rapporte du fric, et le salaire socialisé
ça ne lui en rapporte pas ; d'une manière ou d'une autre
c'est une partie de notre salaire qu'il ne nous extorque pas directement.
Il aimerait donc mieux que ça devienne du capital. Holà,
comment va-t-il s'y prendre?
Facile, il a l'habitude de te faire bosser, et de se remplir les poches
avec ton boulot, ça on 1' a déjà vu tout à
l'heure - et ses poches, elles n'ont pas de fond. D'abord il va te demander
de bosser cinq ans de plus pour obtenir la même somme dans ton porte-monnaie.
Dans notre exemple, t'embauche à vingt ans, tu sors de la mine
à soixante-cinq. Cool.
Qu'est-ce que cinq ans de plus à subir dans une vie d'homme et
de femme ? 1/15è à 1/16è d'une vie statistique: vraiment
pas grand-chose
Comme disait Einstein, le temps, c'est relatif.
Dis, t'en connais beaucoup des collègues qu'ont pu bosser quarante-cinq
ans dans la même boîte ? t'en connais beaucoup des collègues
qu'ont embauché chez Exploiteur & Co à vingt ans et
qui y sont encore à soixante-cinq ans ? T'as pas remarqué
que les uns après les autres on nous pré-retraite ou on
nous licencie dès qu'on approche la cinquantaine ? Et après
débrouille-toi avec les assedics et l'ANPE... t'as remarqué
qu'à l'ANPE les trois-quarts des postes proposés ce sont
des CDD ? t'as remarqué comme les agences d'intérim engraissent
en ce moment ? Alors déjà que les quarante ans de boulot
faut les trouver entre vingt et soixante ans, je te dis pas en trouver
quarante-cinq entre vingt et cinquante ans à coups de contrats
d'intérim et de durée très déterminée,
ça relève de l'utopie!
Grosso modo, y' a plus de retraite assurée, même médiocre.
Donc il va te falloir non seulement continuer à bosser comme toujours,
mais en plus passer directement une partie de ton salaire dans une assurance
privée pour tes vieux jours. Comme pour ta bagnole. T'as intérêt
à être bien portant si tu ne veux pas payer trop cher ton
assurance... et c'est comme ça que ton salaire va devenir du capital.
Futé, non?
Loiseau (syndicat interco Marseille)
|