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LE CITOYEN MODERNE Le citoyen incarne une des contradictions centrales du capitalisme.: de même que, dans le champ de la production, ce dernier a besoin de réaliser simultanément l'intégration et l'exclusion des hommes en tant que salariés, il veille, dans l'espace politique, à réaliser simultanément la participation et l'éviction des hommes en tant que citoyens. La gestion politique actuelle se trouve en effet confrontée à l'obligation d'avoir à assumer un déchirement insurmontable tout en désirant éloigner le plus possible les individus de la direction de leurs affaires, elle se plaint en même temps de l'apathie généralisée et de la banalisation des comportements "incivils" que cette situation génère inéluctablement. La fonction spectaculaire du citoyen consiste précisément à promettre la résolution de cette contradiction. Le citoyen moderne apparaît aujourd'hui comme la figure la plus mystifiante de l'impuissance politique régnante. Le citoyen vote, certain de faire un choix politique. On est arrivé à le persuader que dans un État de droit tout est améliorable avec un peu de bonne volonté citoyenne. Il en vient à croire qu'il est pris en considération dans des décisions qu'il n'a pourtant jamais prises. Certains jours, il arrive même qu'on le fasse manifester. Le citoyen se reconnaît essentiellement par le degré d'adhésion qu'il porte à l'endroit des valeurs et des représentations de la classe moyenne, devenues partout dominantes. Il est indifféremment étudiant satisfait, pédagogue perplexe, directeur commercial inquiet, employé du secteur culturel, lecteur de Télérama et autres bourdieuseries, ouvrier raisonnable, parfois chômeur... En ce sens, son incapacité politique n'est qu'un aspect du mouvement plus vaste de dépossession qu'il rencontre dans l'ensemble de ses activités quotidiennes. À l'instar d'un produit de substitution miracle, le discours citoyen
surgit au moment même où les formes traditionnelles de participation
politique et de militantisme syndical s'écroulent définitivement.
L'accélération de l'effondrement de la vie sociale et politique
depuis les dix dernières années s'explique principalement
par la fin de la fausse inimitié Est-Ouest, la disparition de la
classe ouvrière et la victoire connexe de la logique marchande.
Avec l'aide du milieu associatif de gauche, instrumentalisé de
façon paternaliste par les politiciens pourtant discrédités,
le citoyen prospère dans un processus de mutation de la politique
où toute opposition sérieuse s'efface, où chaque
parti ne couvre plus que la gestion au jour le jour de changements décidés
ailleurs. Entité choisie pour combler le vide politique et social,
la figure du citoyen est l'abstraction qui s'élève sur des
ruines. Parce qu'il ne peut jamais rien décider par lui-même, tout pour le citoyen devient simple objet de connaissances à poursuivre indéfiniment. Ici se trouve la raison pour laquelle il n'acceptera jamais que des "débats" dénués de toute portée pratique. Le "débat" constitue en effet le cadre privilégié de l'épanchement citoyen : dans le contentement de son insatisfaction soumise, il écoute religieusement la parole rassurante des experts lui révéler l'incontournable "objectivité" du savoir doctoral, demeure sage comme l'image qu'on lui montre de lui-même ; et plus il progresse dans l'acquisition illusoire de ce savoir, plus il pense le moment enfin venu d'affirmer une décision confiante et pleine. C'est cependant à l'instant précis où son assurance semble la plus ferme que, rattrapé par son irrésolution maladive, il s'écroule dépité et malheureux dans les caniveaux de son incertitude spécifique. Parce qu'il ne veut jamais conclure. Son état d'hébétude se manifeste alors par la confusion et l'absence d'intérêt des questions qu'il adresse gracieusement à ses tristes bonimenteurs.[…]. Le citoyen est celui à qui on dit : " Il faut " et qui finit par accepter. Parce qu'il a renoncé à tout usage de sa volonté et de son discernement, le citoyen, en même temps que ses maîtres sont dans la disposition de tout entreprendre, se voit donc réduit logiquement à la nécessité de tout tolérer. À l'aube du XXIe siècle, avec Internet et la Love Parade, le téléphone portable et des centaines de chaînes sur le câble, le spectateur et l'internaute, en fait, l'homme moderne, est devenu l'extrémiste du consensus : pour entendre uniquement ce qu'il a envie d'écouter et qui le flatte, il lui suffit de zapper, car partout il trouvera une variété illimitée de discours couvrant les mêmes mensonges, partout la même propagande pour couvrir d'innombrables trafics d'influence. De sa participation à ce jeu avec le pouvoir, le citoyen retire la satisfaction de contribuer à donner une forme humaine à la puissance dont il est le jouet et qui ravage également le monde et les hommes. Paris, janvier 1999 |
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