Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Quelle plate-forme de revendications pour la CNT-AIT ?

mardi 13 janvier 2004

Quelles revendications la CNT-AIT peut-elle avoir dans une société capitaliste où tout, absolument tout est à changer pour aller vers le communisme libertaire ? Nous sommes contre l’exploitation sous toutes ses formes, contre toute prise de pouvoir sur qui que ce soit, pour la fraternité entre les êtres humains et pour le partage des ressources ("De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins"). Tout ça est en gros tout, le contraire d’une société capitaliste, et ne pourra être mis en place qu’au moyen d’une révolution. L’histoire montre en effet que les changements radicaux de systèmes ne se font jamais par des réformes et c’est bien compréhensible :

Ceux qui détiennent le pouvoir ne sont jamais pressés de l’abandonner, et comme ils détiennent véritablement tous les pouvoirs (ils font les lois, disposent des médias de masse, de la police, des juges, de l’armée...), on ne peut pas attendre d’eux qu’ils acceptent de partager, même petit à petit, leurs privilèges. Revendiquer, c’est réclamer. Peut-on réclamer la révolution ou le communisme libertaire auprès d’un pouvoir capitaliste ? On ne revendique pas la révolution, on la prône et on la fait dès qu’on peut. Prôner autre chose que le communisme libertaire reviendrait à renier notre raison d’être, qui est d’œuvrer pour atteindre cet objectif. Car une plate-forme revendicative de la CNT-AIT serait bien ce que la CNT-AIT revendique, ce qu’elle voudrait obtenir et ce pour quoi elle se battrait.

Mais nous vivons dans une société capitaliste. Et nos conditions de vie, qu’elles soient plus ou moins dures ou confortables selon qu’on arrive à obtenir un bon ou un mauvais salaire, le RMI ou la manche, sont toujours celles d’exploités du système. C’est-à-dire que nous sommes ceux qui ne décident pas, ni des lois auxquelles il faut se soumettre, ni des soins auxquels on aura droit si on est malade, ni même de l’heure à laquelle on doit se lever le matin. Nous sommes ceux qui vont bosser pour un patron qui s’en met le plus possible dans les poches (même si dans certains cas, c’est plutôt minable), ou pour un Etat qui engraisse tous ces parasites qui nous traient chaque jour comme des vaches à lait.

Il y a cependant une différence entre nos compagnons de galère et nous : nous avons conscience d’appartenir à la classe des exploités, et nous avons réfléchi sur la façon dont fonctionne le système capitaliste. Que ce soit par expérience ou en fouillant dans les livres, en discutant avec d’autres militants..., nous savons aussi qu’on n’obtiendra pas la chute du capitalisme à force de petites victoires. Nous savons que l’Etat ou les patrons, quand ils cèdent d’un côté, le font par force, en calculant comment ils vont nous le reprendre de l’autre.

Et pourtant, nous participons à certaines luttes, portant sur des revendications immédiates. Est-ce de l’incohérence, voire de la malhonnêteté ? C’est pourtant simple à comprendre. Même si nous ne nous faisons pas d’illusion sur ce qu’on a véritablement gagné quand "on a gagné !", les luttes sont des lieux et des moments privilégiés pour que nos "collègues" sans conscience de classe prennent conscience de leur exploitation, se rendent compte à quel point ils sont mépri-sés par le pouvoir, et fassent l’expérience que la lutte et la solidarité sont les seuls moyens qui font reculer un peu leurs exploiteurs. Participer à des luttes sur des revendications immédiates, c’est être solidaire, mais c’est aussi et surtout faire de la propagande, par les discussions avec des gens plus à l’écoute que d’habitude et par la mise en pratique de nos principes. C’est ce long travail de sape qui permettra un jour d’abattre le capitalisme. Dire cela n’est pas mépriser les revendications immédiates ni ceux qui les portent, c’est seulement être lucide sur nos moyens d’action contre ce système.

Participer à des luttes sur des revendications immédiates n’a donc rien à voir avec le fait de rédiger une plate-forme de revendications au nom de la CNT-AIT. On peut s’imaginer que rédiger une telle plate-forme nous rapprocherait des préoccupations de nos "collègues" de classe, tout en les incitant à pousser un peu plus loin leurs revendications. L’expérience montre pourtant qu’à vouloir "coller" aux préoccupations immédiates, on en oublie souvent l’analyse politique et la lucidité sur les moyens d’abattre le système ; à moins que ce ne soit le contraire : ce sont peut-être ceux qui manquent d’analyse politique et de lucidité qui s’imaginent avancer en prenant à leur compte des revendications que peuvent porter les syndicats réformistes quand ils sont en forme. C’est ce que fait par exemple SUD depuis pas mal de temps, et apparemment, ça ne convainc pas tellement plus de monde que nos idées soi-disant trop radicales et surtout, ça ne nous rapproche pas beaucoup de la révolution sans laquelle on ne changera pas de système.

# Nikita


CNT-AIT



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