samedi
12 décembre 2009
Campagne internationale de solidarité avec les anarchosyndicalistes Serbes
Message # 7
Le 7 Décembre, les 6 de Belgrade ont été formellement inculpés de terrorisme international par un tribunal de Belgrade. La Cour a ordonné qu’ils soient gardés en détention jusqu’à ce que leur procès commence. Celui-ci devrait avoir lieu au printemps au plus tôt. En attendant, la presse a commencé à diffuser des informations disant que les six avaient admis l’action, affirmant qu’ils étaient pour la solidarité internationale. Or, les membres de l’ASI ont toujours nié toute relation avec l’acte. (pour rappel : un graffiti sur la façade de l’ambassade de Grèce à Belgrade, et une vitre felée par deux bouteilles incendiaires non fonctionnelles. Prix estimé des dégats : moins de 100 euros ...)
Cependant, certains articles de la presse serbe rapportent, sans aucune indication de source, que deux des inculpés auraient "vérifié que personne n’était aux alentours" avant de lancer des cocktails Molotov. Il serait intéressant de savoir d’où proviennent ces informations car elles montrent à nouveau comment l’Etat cherche à fonder ses arguments contre des membres de l’ASI et à utiliser les médias pour les désigner comme coupables avant le procès. La campagne de solidarité internationale ne doit pas faiblir.
Pour le moment, ce dont les compagnons de la section serbe de l’AIT ont besoin c’est essentiellement de soutien financier pour pouvoir faire face aux frais de la défense.
Vous pouvez continuer d’envoyer vos chèques à l’ordre de CNT AIT, mention solidarité Serbie au dos, à l’adresse suivante :
CNT AIT 108 rue Damrémont 75018 PARIS
Ou par virement postal (CCP = 5734845H020, CNT-AIT)
Par ailleurs du matériel (tract, affiches, ...) est disponible. N’hésitez pas à nous contacter pour que nous vous envoyons les modèles à reproduire et diffuser.
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Les compagnons en Serbie sont sacrifiés sur l’autel de l’intégration de la Serbie dans l’Union Européenne, et notamment dans sa composante policière : pour pouvoir prétendre à l’entrée dans l’UE, l’Etat serbe doit montrer sa bonne volonté à se calquer sur les politiques européenne, et doit prouver qu’elle dispose des moyens adéquats. il faut donc voir ce qui arrive aux compagnons comme une exercice grandeur réelle, une démonstration des capacités des services anti-terroristes serbe. Les compagnons présentent cet avantage d’être une cible beaucoup plus facile que le mouvment ultra-nationaliste serbe qui est autrement plus violent, (comme en témoigne l’assassinat en pleine rue du jeune supporter français à Belgrade cet automne "parce qu’il ne parlait pas serbe"), mais qui n’interesse pas l’UE puisque confiné à la Serbie. Alors que le mouvement anarchosyndicaliste, surtout dans un pays proche de la Grèce, inquiète autrement les services de contrôle et de repression européens.
Element de contexte repris de la presse bourgeoise :
L’Union européenne débloque l’accord intérimaire avec la Serbie
L’Union européenne a décidé lundi 8 décembre au soir [le lendemain de l’inculpation ...] de débloquer l’accord de libre échange avec la Serbie, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2010. Cette décision est une conséquence directe du rapport positif sur la coopération de la Serbie avec le TPIY. La Hollande a levé son veto à l’entrée en vigueur de l’accord.
Les chefs de la diplomatie de l’Union européenne, réunis lundi à Bruxelles, ont décidé d’accepter l’entrée en vigueur de l’accord, parce que les autorités de Belgrade mettent en oeuvre les réformes européennes, et parce que le Tribunal de La Haye a positivement apprécié la coopération de Belgrade... [NDT : on voit que le processus de coopération policière est au coeur du processus.]
Cette décision ouvre la voie à la poursuite du processus d’intégration européenne de la Serbie. Les Pays Bas ont levé leur veto, après un blocage de 18 mois. Les Pays-Bas étaient le seul membre de l’Union à continuer à bloquer la mise en oeuvre de cet accord commercial, dit « intérimaire ».
...
Alors qu’il était en visite à Prague, le Président Boris Tadic s’est réjoui de cette décision : « la libéralisation du régime des visas et l’activation de l’accord intérimaire montre que nous sommes un pays hautement crédible en Europe et dans le monde, un pays que les investisseurs étrangers considère comme une bonne destination pour leurs capitaux ».
[Tout est dit par Tadic ... On comprends pourquoi les compagnons doivent rester en prison et être condamnés, même et surtout au détriment de la vérité]
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Sur les ultra nationalistes serbes on lira avec intérêt le dossier du Courrier des balkans qui y est consacré :
http://balkans.courriers.info/spip....
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Le 23 novembre dernier, des compagnons du Syndicat de la métallurgie et du Syndicat Interco de la CNT-AIT de Madrid ont pu rencontrer un membre de la FAO de Slovénie.
Nous attendions avec impatience cette rencontre, étant donné que le compagnon de la FAO est en contact habituel avec les membres de la section serbe de l’AIT, ASI-AIT
Question : Quelles sont vos relations avec l’ASI-AIT ? Maintenez vous actuellement le contact ?
Réponse : Je suis un membre de la Fédération pour l’Organisation Anarchiste (FAO) de Slovénie. Depuis plus de 8 ans nous maintenons une relation étroite avec les compagnons anarchosyndicalistes de l’ASI, et nos deux organisations nous coopéront ensembles dans nos activités chaque fois que possible.
Actuellement nous sommes en contact avec quelques membres de l’ASI-AIT même si la communication est plus difficile, maintenant qu’ils sont étroitement surveillés par l’Etat Serbe. Cependant, ni nous ni même les membres de l’ASI-AIT n’avons de contacts directs avec les prisonniers.
Q : Que se passe t il actuellement avec les compagnons ? Êtes vous optimistes ?
R : Au contraire, nous sommes très pessimistes. Comme vous pouvous vous l’imaginer, actuellement la situation est très déprimante pour tous, et ceci du fait que l’état Serbe est absolument déterminé à en finir avec l’ASI-AIT. Evidemment, ils profitent de la situation tout ce qu’ils peuvent. En fait, tout au long de cette période ils n’ont cessé de prolonger l’emprisonnement des compagnons sous le prétexte de nouvelles charges.
Q : Quelles charges leurs sont imputées ?
R : On les accuse de terrorisme international. Au moment de l’interview, l’enquête est close et doit être transmise au juge. Si il les déclare coupable, le condamnation variera entre 3 et 15 ans de prisons. Et tout ceci bien que le juge ne dispose d’aucune preuve légale et que les compagnons nient tout depuis le début. [depuis le juge a confirmé l’inculpation des compagnons]
Il faut préciser qu ; il est commun que l’état Serbe applique tout type de condamnation aux organisations qui luttent contre le système, pour bloquer leur activité et faire pression sur leurs membres, et finalement les libérer sans charges. Sauf que là, visiblement, le cas est différent ...
Q : Quelle est la situation politique et sociale en Serbie ?
R : La situation sociale est complètement pourrie. Bien sûr, la Serbie se trouve dans la crise actuelle, mais aussi avec le facteur aggravant d’être un État qui est en transition entre le soit disant socialisme et le capitalisme sauvage. Le taux de chômage est supérieur à 20% et ceux qui ont un emploi ont juste de quoi vivre. 60% des travailleurs ont des salaires inférieurs à la moyenne (qui est d’environ 350 euros / mois). Et cela sans compter ceux qui sont payés au salaire minimum (150 euros).
D’un autre côté, la situation même dans les institutions est très chaotique. Il ya différents centres de pouvoir et tous types de mafias. La corruption est à l’ordre du jour. De la même façon qu’en Espagne, les partis politiques sont tous les identiques en ce qui concerne leurs propositions économiques. Toutefois inutile de dire que, en dépit de ce chaos institutionnel, l’appareil répressif fonctionne parfaitement.
Q : Quelle est l’influence de l’ASI-AIT en Serbie ?
R : Comme vous le savez, il s’agit d’une petite organisation, mais qui jouit cependant d’une grande influence dans la société. Ils ont gagné en influence dans l’opinion publique parmi les travailleurs, car ils sont apparus comme l’unique alternative aux syndicats jaunes. De plus ils sont très persistants et efficaces dans la propagande anarchiste, avec ses principes, ses tactiques et ses objectifs, non seulement parmi la classe ouvrière, mais aussi parmi les étudiants, les professeurs, etc. D’ailleurs nous croyons fermement que c’est la principale raison de leur arrestation et nous supposons que les services de renseignement serbe sont derrière le montage de tous ce processus.
De plus, je souhaiterai ajouter que l’ASI-AIT n’a pas seulement une influence en Serbie, mais aussi dans de nombreux pays balkaniques. Dans ces pays où il n’existe pas pour le moment d’organisation anarchosyndicaliste (à part en Croatie), ils sont la référence. L’ASI-AIT a mis beaucoup d’effort ces dernières années sur la nécessité d’une organisation anarchosyndicaliste.
Q : Quelle a été la réaction de la population serbe ?
R : De nombreuses organisations amies se sont solidarisées avec les compagnons, et aussi des personnages publics (directeurs de cinéma, journalistes, écrivains, ...) Des professeurs d’université aussi, et aussi quelques groupes de gauche. Comme nous l’avons dit, l’ASI-AIT est beaucoup plus influente que ce l’on croit dans le reste de l’Europe.
Q : Quelle est la situation actuelle dans les autres collectifs de lutte en Serbie ?
R : Comme je l’ai dit précédemment, l’état Serbe mène une politique très répressive. Une des luttes les plus active au quotidien est l’antifascsime. C’est un des rares sujets sur lequel les quelques organisations sont plus ou moins unies. Tout cela parce que le fascisme est très puissant en Serbie, y compris dans le parlement.
Notamment, le mouvement fasciste a tendance à concentrer sa campagne contre l’anarcho-syndicalisme. Dans un premier temps, par exemple, il y a tout juste quelques semaines quand ils ont fait une campagne vigoureuse contre l’ASI-AIT. J’ose dire que le fascisme serbe ne concentre pas ses coups contre l’anti-fascisme libéral. Leur véritable ennemi est l’anarcho-syndicalisme, ce que, et je ne me lasse jamais de le répéter, le grand travail qu’a accompli l’ASI-AIT.
Dans les faits, c’est l’ASI-AIT qui a été à l’origine de la BAFI (Iniciative Antifasciste de Belgrade).
Q : Pour terminer, quelques propositions pour aides compagnons emprisonnés ?
R : Nous pensons qu’il est très important d’appuyer cette campagne, car elle créé un précédent dans la répression du mouvement anarchiste dans les Balkans. Nous devons poursuivre sans relâche la campagne de solidarité, en informant la population, pour augmenter la pression publique.
Ce soutien doit être donné pour tout ce dont ils ont besoin. Aujourd’hui même, un des problèmes majeurs est le manque de fonds pour couvrir les frais judiciaires, les possibles sanctions, amendes, etc ...
Compte tenu de la gravité de l’affaire, nous pensons que nous devons commencer à envisager de nouveaux modes de solidarité. Et cela, toujours en utilisant des méthodes qui ne portent préjudice ni augmentent les charges. Nous tenons à souligner qu’ils sont jugés pour une accusation de terrorisme international.
Merci beaucoup pour votre intérêt pour les compagnons.
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Depuis l’arrestation de nos 6 compagnons serbes nous avons cherché à participer à la pression internationale pour leur libération. La difficulté pour nous étant que dans notre région nous n’avons pas de représentation diplomatique ou commerciale de la Serbie .
La venue de l’équipe de football de Belgrade a Toulouse était donc une occasion d’ informer le public français et serbe de la situation . Le contexte du match retour , TFC / PARTIZAN de Belgrade, était très particulier puisqu’il se déroulait après le décès d’un jeune toulousain, supporter du TFC, victime d’exactions de bandes nationalistes à Belgrade lors du match aller. Quand à nous, nous ne confondions pas les supporters serbes avec les fascistes et 15 jours avant le match nous avons appelé à fraterniser avec eux.
Ceci fut fait au cours d’une petite campagne locale de tracts, d’affiches, de communiqués dans la presse et au cours de plusieurs réunions publiques. Cela a certainement participé au fait que quatre jours avant le match les dirigeants du club de Belgrade annonçaient que leurs supporters ne viendraient pas à Toulouse. Et puis dans quelle mesure le pouvoir Serbe avait-il envie de les voir rentrer en contact avec des militants de l’AIT qui avaient annoncé publiquement leur présence ?
Car nous n’avons pas manqué au rendez-vous annoncé : le jeudi 03 décembre 2009 c’est en plein milieu d’un dispositif comprenant 400 policiers et gendarmes, suivant les chiffres officiels, que nous étions sur place répartis en petits groupes. Attendus par les RG, très bien accueillis par les spectateurs, nous le fûmes moins par les dirigeants du TFC. L’un d’entre eux encadré de quelques malabars menaçants de son service d’ordre s’est déplacé pour nous impressionner, nous dire que nous étions indésirables en nous ordonnant de partir de là ! Cette ridicule tentative d’intimidation fût traité avec le mépris qui lui convient. L’action continua telle que nous l’avions décidé.
C’est ainsi que sans anicroche autre que cet incident comique nous avons pu distribuer la totalité de nos 2000 tracts à un public toulousain venu moins nombreux que prévu mais qui a compris , comme nous l’a dit un membre d’un club de supporter, que pour les anarchosyndicalistes la solidarité n’était pas qu’un mot.
Les résultats de notre action furent, donc, tout à fait positifs. Nous encourageons tous les syndicats, tous les militants et tous les sympathisants de l’AIT, ainsi que tous ceux qui luttent pour la liberté et l’émancipation de l’humanité, à reproduire ce genre d’action. Il faut profiter de toutes les manifestations impliquant la Serbie pour faire connaître l’injustice que subissent nos 6 compagnons et, aussi, la vérité sur la lutte révolutionnaire pour laquelle ils subissent la répression et la violence de l’Etat Serbe. La même démarche peut s’effectuer autour de toutes les rencontres sportives, quels que soient la discipline concernée, et, même, autour de tous les éventuels événements culturels et autres, du moment qu’ils impliquent la Serbie.
La lutte continue !
CNT-AIT Toulouse
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