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jeudi 15 avril 2004

Après avoir remporté, avec un score de république bananière, les élections présidentielles, la bande qui gère actuellement le pouvoir d’État vient de perdre, avec des allures de traversée de la Bérézina, les élections régionales. Ce retournement de situation en si peu de temps (moins de deux ans) prouve au moins une chose : le vote, présenté comme l’expression par excellence des citoyens, n’est pas une affaire de convictions mais de pures circonstances. Ou, pour être plus exact, de manipulation de l’opinion. Car c’est ainsi que se fabriquent les circonstances et c’est ainsi seulement que peut s’explique la vitesse avec laquelle le flot des voix se retourne et se porte tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Bien sûr, la manipulation ne profite pas toujours à ceux qui ont bandé les ressorts de la machine à tromper (comme en témoignent les dernières élections espagnoles) mais elle profite immanquablement à l’ensemble de la classe politique. En effet, la dramatisation, l’émotion, la colère rabattent la population vers les urnes alors que la réflexion, l’analyse, la critique les en éloignent.

Les élections régionales qui viennent de s’achever n’ont pas échappé pas aux règles du genre. Face à une opinion que toutes les mesures de régression sociales, même présentées sous les habits trompeurs des “indispensables réformes”, commencent à irriter sérieusement, la gauche à laissé entendre que, pour sa part, elle avait des projets bien différents. Ce qui est manipulatoire, car sur ce plan là (comme sur beaucoup d’autres) ses projets sont tellement voisins de ceux de la droite qu’il est bien hasardeux de chercher à les différencier. D’ailleurs, il n’y a pas grand effort de mémoire à faire pour se souvenir que les atteintes aux droits des chômeurs ou la remise en cause des retraites sont un processus continue auquel ont collaboré tous les gouvernements qui se sont succédés depuis bien longtemps en France et que mettent en oeuvre, avec constance dans toute l’Europe, des dirigeants aux couleurs les plus diverses. Seule varie la vitesse du processus, en fonction du rapport de force qui peut s’établir.

Puisqu’on en est à parler d’Europe, voici une information, passée presque inaperçue et qui pourtant aurait mérité d’être porté à la connaissance de chacun. En ces temps où, une fois de plus (quoique plus mollement que la dernière, les meilleurs “trucs” s’usant à l’usage), il a été question de mobilisation électorale pour faire barrage au Front National, l’Autriche apporte un sacré démenti à tous les théoriciens foireux du “barrage par les urnes”. Vous vous souvenez du LE PEN Autrichien, Jorg HAIDER, arrivé au pouvoir à Vienne en 2000. L’Europe, politique avait condamné. L’Europe de l’Intelligence s’était indignée. L’une et l’autre avaient crié “Plus jamais ça”. Il n’aura pas fallu pourtant bien longtemps pour que “ça” se reproduise, cette fois-ci avec l’aide d’un des adversaires soi-disant les plus déterminés d’hier : "Six jours après les élections régionales en Carinthie (sud de l’Autriche), il aura fallu à peine une douzaine d’heures de négociation pour que les Sociaux-démocrates (le PS autrichien) et le Parti populaire (FP) de Jorg HAIDER se mettent d’accord pour gouverner ensemble pendant les cinq prochaines années" (Libération, 15 mars 2004). Sans commentaire.

# Un abstentionniste.

CNT-AIT


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