Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

[ Imprimer cet article ] [ Envoyer cet article ] [ Nous ecrire ]



Les élections passent, les problèmes restent

dimanche 15 février 2004

Les élections arrivent, nombreuses. Les médias, les politiques, les "citoyens" se mobilisent. Après avoir servi à faire élire la droite dure, le FN va-t-il servir à refaire une virginité à la droite molle qui se dit socialiste ? On entend beaucoup de critiques quand on refuse de voter, surtout avec ce FN qui tourne comme une grosse mouche à merde autour du pouvoir politique. Ce n’est pas ça qui doit nous ramener aux urnes.

L’anarchosyndicalisme et les élections

Anarchosyndicalistes, nous nous sommes organisés pour dénoncer le système capitaliste et prôner l’auto-organisation, fondée sur le partage du pouvoir entre tous, sans délégation. Nous refusons la délégation de pouvoir parce que nous savons que tout pouvoir corrompt. Même dans le cas improbable d’un candidat qui ne serait pas fasciné par le pouvoir, les privilèges qu’il lui apporterait une fois élu auraient vite fait de lui faire prendre goût à cette sensation de domination sur "ses" électeurs.

Réformes ou révolution ?

Nous sommes aussi conscients que la société ne se réforme pas : on ne passe pas d’un système capitaliste et autoritaire à l’auto-organisation et au partage des richesses par des réformes, qui, par définition, doivent être acceptées par le pouvoir en place. Un tel changement ne peut être obtenu que par une révolution, certainement pas par des élections. Les élections sont au mieux la voie de la réforme, au pire la voie d’aucun changement. Même réformé, le système capitaliste sera toujours capitaliste : au mieux serait-il un peu moins choquant sous nos latitudes, les pauvres des pays riches se partageant des miettes un peu plus grosses. Aller voter revient à faire semblant de croire à ces fausses promesses de changements. Quelle logique y aurait-il à voter pour qui que ce soit quand on prône la démocratie directe et qu’on rejette la démocratie représentative ? Cela n’a pas de sens.

Un régime dur ou un régime mou

Bien que conscients de l’impossibilité d’obtenir la société que nous voulons par les urnes, certains se disent qu’on a tout de même intérêt à voter pour le candidat qui semble représenter le projet de société le moins répressif, parce qu’il est plus facile d’être contestataire sous un régime mou que sous un régime dur. C’est vrai qu’il est plus difficile de militer sous la répression, qui peut même obliger à la clandestinité. Mais s’imaginer qu’en votant pour un candidat, on fait pencher la balance de son côté, c’est imaginer que notre petite voix (de rien du tout) a effectivement un poids sur le résultat des élections. Comme si une (ou même quelques) voix sur des millions pouvaient avoir un effet ! L’un des problèmes de ce système "représentatif" est justement qu’il n’est pas à échelle humaine : quel poids avons-nous, chacun d’entre nous, sur ces élus qui le sont par des milliers d’électeurs ? Aucun. Plus les médias nous répètent "Votez, faites entendre votre voix !", plus nous savons qu’ils ne cherchent qu’à nous faire légitimer le système pour qu’on se taise ensuite. Sans oublier l’impact de leur propagande qui donne chaque jour, à toute la population, ses sujets de conversation du lendemain dans le journal de 20 heures, et qui oriente totalement les résultats des élections. Il n’y a qu’à se rappeler le vote pour Maastricht : ils nous ont bassinés avec "l’Europe, c’est bien, c’est l’avenir,...", ils nous ont même envoyé des textes incompréhensibles pour qu’on ait tous les éléments en main (pour choisir entre "oui" et "non") et comme c’était incompréhensible, ils ont ajouté 4 pages d’explications qui n’étaient qu’une grotesque propagande pour le "oui", et la majorité des électeurs a voté... "oui" ! Les médias ont une réelle influence sur le résultat d’élections ; chacun d’entre nous n’en avons aucune.

Qui fait le jeu du FN ?

Le FN, que les médias respectent autant que n’importe quel parti politique patenté, puisqu’ils invitent ses leaders à discuter autour d’une table, joue en même temps le rôle d’épouvantail à moineaux. Il faudrait savoir : ou il est fréquentable, ou il ne l’est pas. En fait, il joue exactement son rôle : obliger les gens à continuer de voter, de se sentir impliqués dans la vie politique, malgré une politique de plus en plus anti-sociale qui devrait les révolter. Après les présidentielles, tous ceux qui se sont fait avoir en beauté n’ont eu d’autre consolation que de se répéter qu’ils étaient de bons "citoyens". Et la droite au pouvoir a pratiqué la politique prévue : celle qui se pratique dans tous les pays d’Europe, quelle que soit l’étiquette de leurs leaders. On peut trouver que l’obsession sécuritaire d’un Sarkosy est le signe d’une grave maladie mentale, le problème est que chaque pays a son Sarkosy et qu’ils ont les mêmes obsessions. Si les "socialistes" avaient été élus, gageons qu’ils auraient pratiqué la même politique, comme ils l’ont d’ailleurs fait quand ils étaient au pouvoir. Souvenons-nous des mutiples mesures anti-sociales qu’ils ont prises et souvenons-nous qu’ils se sont bien gardés de mener une campagne sur des enjeux sociaux comme le chômage, la pauvreté ou les caisses de solidarité (sécurité sociale, retraite), mais qu’ils ont eux aussi foncé dans le " problème sécuritaire ". Rien ne vaut une telle propagande quand on veut serrer la vis des travailleurs-chômeurs que nous sommes : la grogne et même la rébellion sont à prévoir et le pouvoir a intérêt à prendre les devants en renforçant les forces répressives (flics, gendarmes, juges...), et en multipliant ces forces à tous les niveaux (au collège, dans la rue, les entreprises...). Le pouvoir ne combat pas une insécurité sensée nous menacer, il redoute et se protège de l’insécurité que nous représentons pour lui. Les " socialistes " en auraient fait autant et c’est aussi ce que font Haider et Berlusconi. La droite fascisante est présentable par les temps qui courent, parce qu’elle l’est toujours quand le temps n’est pas venu de révéler sa vraie nature. D’ailleurs, y a-t-il une différence de nature entre les différents pouvoirs politiques, ou simplement de niveau de répression ? Ne serait-ce que ça, il est certain qu’il fait meilleur vivre dans un pays où la répression est molle que dans un autre où elle serait dure. On peut se répéter ça pour se rassurer, mais n’oublions pas de regarder ce qui se passe ici et en ce moment même. Les lois tombent une à une, obligeant les chômeurs à travailler pour presque rien, supprimant petit à petit retraite et sécurité sociale, autorisant l’emprisonnement des enfants, interdisant les attroupements dans les immeubles, le port du foulard ou de la barbe, évacuant les sans-papiers par paquets... On est en plein dans ce petit livre qui s’appelle "Matin brun" : le fascisme monte et on ne le voit pas (on ne veut pas le voir ?). Quand nous nous réveillerons, il sera là et le temps sera venu pour lui de se montrer au grand jour, quel que soit son leader du moment. Ce qui fait le jeu du fascisme, c’est la politique actuelle des pouvoirs "démocrates"...

# Élise


CNT-AIT



-  Contacter des militants anarcho-syndicalistes
-  http://cnt-ait.info est le site d’actualité de l’Anarcho-syndicalisme.
-  La reproduction et la diffusion de l’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme sont encouragées

Traduction(s):

[ Haut ]

L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP, un programme Open Source écrit en PHP sous licence GNU/GPL.