vendredi
16 août 2002
Centre fermé avant la lettre, "Cheval pour tous", était LA référence des partisans de la "tolérance zéro". Il était "encensé pour ses méthodes musclées à l’égard des gamins difficiles", "c’était un Zorro social" (Le Figaro, 6 mars 2002). La police le citait comme un exemple, le modèle à étendre à toute I ’éducation surveillée, le "must du must".
Aujourd’hui, devant une cours d’assise, F. Supéri, son directeur, répond de plusieurs viols et agressions sexuelles sur des jeunes que la justice lui avait "confié", vous me permettrez de le dire, aveuglément.
Abandonné à la naissance, placé dans une famille "d’accueil" qui le maltraitait, puis en "foyer", Supéri avait fini, tout enfant, par se retrouver dans "le dernier établissement de redressement de France" sur une simple décision administrative. Et tant pis pour lui, si dans la chaude ambiance de la maison de correction il s’est fait violer à 14 ans, s’il y a vécu les pires violences. C’est terrible, une simple décision administrative quand on a 14 ans. Trente ans après, il a bouclé la boucle. De victime, il est devenue bourreau. Il rejoue sans cesse sa lamentable histoire sur d’autres enfants, des "délinquants", des gosses malheureux comme lui-même. La maison de redressement, jour après jour, a fabriqué un criminel.
J’ai la nausée. Je ne veux même pas connaître le verdict. Il ne m’intéresse pas le verdict. Ce sont les absents qui me donnent la nausée. Ceux qui n’étaient pas dans le box des accusés et qui auraient du y être. Les responsables. Ceux qui font placer les bébés dans des familles où il n’y a pas une trace d’amour pour eux, ceux qui ont expédié en maison de redressement des enfants, parce que là il y avait de la place, ceux qui ont laissé frapper, violer, maltraiter l’enfant Stupéri et tous les autres dans leurs immondes prisons pour gosses. Et tous ceux qui ont fermé les yeux sur les violences de Stupéri adulte, ceux qui inévitablement savaient. Ceux qui se sont tus, parce qu’une raclée, ça ne fait pas de mal, surtout quand c’est un gosse abandonné, humilié, rejeté, condamné que l’on frappe.
J’ai la nausée. Ce sont les grands absents du procès qui me la donnent. Ceux qui votent les lois sur les "centres fermés,"sur la "sécurité quotidienne", ceux qui font la propagande de "la tolérance zéro", ceux qui, sans la moindre trace d’humanité, sous le masque de la bienséance et de la morale, fabriquent aujourd’hui, à tour de bras, les Stupéri de demain.
Marlène.
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