Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

[ Imprimer cet article ] [ Envoyer cet article ] [ Nous ecrire ]



DELINQUANCE PATRONALE : TOLERANCE 99,25 %

mardi 14 mai 2002

Les entreprises sont certainement le plus haut lieu de l’insécurité : même avec un contrat à durée indéterminée, même dans les boites qui font un maximum de bénéfices, les salariés vivent sous la menace permanente d’un licenciement. Les exemples récents de travailleurs jetés à la rue du jour au lendemain abondent. Pour plus d’un travailleur sur dix (soit pratiquement 2 millions d’individus) cette menace est une quasi certitude puisqu’ils sont réduits à la précarité professionnelle : contrat à durée déterminée, intérim, emploi-jeune, stage ou contrat aidé… Et la proportion de précaires ne cesse d’augmenter. L’angoisse de perdre les moyens de gagner son pain, est la violence la plus répandue. Elle facilite des pratiques patronales criminelles : harcèlement (dont on ne parle que depuis peu et pour lequel les travailleurs ne peuvent généralement pas réunir les pièces que la justice exige), homicides du travail, ...

La législation du travail fait obligation aux patrons de prendre certaines mesures de protection des salariés (mettre des filets de sécurité pour des travaux en hauteur, des chaussures de sécurité quand le sol est glissant, …). Il est très facile de constater toutes ces infractions : un filet qui manque, des baskets à la place de chaussures de sécurité, ça se voit … à condition qu’on veuille bien le voir. Or, le "Gouvernement de la République" a fait son choix : dans ce domaine où la sécurité est essentielle, il n’affecte que des moyens dérisoires : il n’y a pas plus de 1 300 inspecteurs ou contrôleurs du travail pour tout le territoire français. Chaque année, près de 90 % des entreprises échappent à tout contrôle. Elles peuvent continuer à violer les lois et à faire courir des risques, parfois mortels, à leurs salariés.

Quand contrôle il y a, les inspecteurs du travail savent par avance qu’ils ne seront pas suivis par leur hiérarchie et par la justice. Ils se limitent en pratique à ne dresser un constat en bonne et due forme que dans 3 % des infractions qu’ils observent, celles qui sont vraiment gravissimes. Là-dessus, les tribunaux, engorgés (ils s’occupent prioritairement des voleurs de caramels), ne traitent qu’un quart des dossiers (ils en classent les trois-quarts sans suite).

FAISONS LES COMPTES

Faisons les comptes. En 1995, les inspecteurs du travail n’ont visité qu’environ 10 % des entreprises. Ils ont constaté plus d’un million d’infractions pour lesquelles ils auraient dû dresser procès-verbal. Ils ne l’ont fait que dans les cas gravissimes, soit 30 000 PV. Les tribunaux n’en ont traité qu’un quart, soit 7500. Sur le million d’infractions patronales constatées, 992 500 sont passées à l’as, soit 99,25 % ! Quand on en arrive à une condamnation, elle est ridicule au regard de la gravité des faits.

Grâce à tout ça, plusieurs dizaines de salariés meurent chaque année, assassinés par les conditions dans lesquelles ils travaillent. Enfin, faut-il le rappeler, la logique du profit, qui guide toutes les entreprises, se traduit par un véritable terrorisme industriel : on fait courir aux salariés comme à la population les plus grands risques. Ici aussi, les exemples abondent. Pour ne parler que du plus récent, l’explosion d’AZF a fait, dans l’agglomération toulousaine, plus de dégâts matériels et humains que toute la "délinquance" réunie n’en a fait pendant des années ! Qu’à cela ne tienne : La réouverture du pôle chimique se profile déjà à l’horizon.


ESCLAVAGE AU MENU

Travailler sept jours sur sept, seize heures par jour pour 1000 francs par mois, être logés à 20 (femmes et hommes) dans un dortoir, c’était les conditions qu’un fast-food toulousain "offrait" à une vingtaine de travailleurs.

Retour sur le film : au départ, au Cambodge, il y a des gens qui se ruinent pour payer 3 000 dollars un passeport et une carte de séjour, à l’arrivée, à Toulouse, il y a un patron qui leur confisque leurs papiers, qui les maintient en vase clos (travail - chambre - travail -…) et qui empoche les bénéfices. Comme les travailleurs ne parlaient pas un mot de français et comme l’administration, si tatillonne parfois, ne s’en préoccupait pas (aucun contrôle des horaires de travail…) ces esclaves ont été exploités en plein centre ville pendant des années.


HOMICIDE DE CHANTIER

Le 20 août 1999, sur un chantier de démolition, rue Lucien-Lafforgue à Toulouse, le corps de Mohamed El-Ambri, 40 ans, était découvert la tête broyée par un tracto-pelle.

Monsieur El-Ambri n’était pas déclaré. (Faute grave de l’employeur). Le tracto-pelle qui l’a écrasé était "en très mauvais état" (Faute grave de l’employeur). Aucune organisation des secours n’était prévue en cas d’accident : M. El-Ambri n’a pas été secouru, tout le monde ayant fui du chantier (Faute grave de l’employeur).

Cet homicide n’a pas ému grand monde. Seule, la CNT-AIT avait immédiatement réagi à l’époque par un tract..

En mars 2002, Monsieur Philippe Surin, le patron a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et à une amende de 7 500 euros.

Ça n’a bien sûr rien à voir, mais, un mois avant, en février 2002, un jeune, accusé d’avoir jeté des cailloux sur le commissariat du quartier d’Empalot (aucun blessé, aucun dégât), à l’occasion du premier anniversaire de la mort d’Habib (tué par la police) était condamné, lui, à 8 mois de prison … ferme.


CNT-AIT



-  Contacter des militants anarcho-syndicalistes
-  http://cnt-ait.info est le site d’actualité de l’Anarcho-syndicalisme.
-  La reproduction et la diffusion de l’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme sont encouragées

  Présentation
  Contacts
Déplier Abstention et résistances populaires
Déplier Dossiers
  ESPOIR (Bulletin du SIPN)
  FACE A LA CRISE
Déplier International
Déplier Luttes : actualité, bilans, archives
  LUTTES DANS LES QUARTIERS POPULAIRES
  Publications
  RESISTANCE POPULAIRE
  SOLIDARITE
Déplier Stratégie
  Sur la Toile
Déplier Syndicalisme ?
Déplier TRAVAILLER PLUS ? POUR QUOI ? PRODUIRE ? COMMENT ?
  YVELINES ROUGE ET NOIR

LISTE DE DIFFUSION
      S'ABONNER
     Votre adresse électronique :
     
     
     Un message de confirmation vous sera demandé par courrier électronique.
      Gérer son abonnement.
     Votre adresse d'abonné :
     
     
      CONSULTER LES ARCHIVES

[ Plan du site ] [ Haut ]
Traduction(s):

[ Haut ]

L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP, un programme Open Source écrit en PHP sous licence GNU/GPL.