Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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La violence institutionnelle ne fait pas de bruit...

Article du C.S. n° 73 - Avril/mai 2002

jeudi 6 juin 2002

La violence institutionnelle ne fait pas de bruit. Une lettre recommandée, une visite d’huissier, une saisie sur salaire et un interdit bancaire, une mesure d’expul-sion, tout ça en silence. La violence d’état est silencieuse parce que la victime ne pèse pas lourd, n’a pas de nom, pas de visage, pas d’interlocuteur. Personne n’est res-ponsable, tous sont soumis à des ordres des supérieurs.

L’institution est une énorme machi-ne à dépersonnaliser, à déresponsabiliser. Le bon fonctionnaire n’a pas d’avis, pas de nom. Il ne prend pas d’initiative, il se plie scrupuleusement à la convenance de ses chefs. Cette école là, c’est la mort de l’individu. Toute notre société est basée sur cette déresponsabilisation de chacun d’entre nous. L’informatisation renforce cet état de soumission à de l’incontrô-lable, de l’insoupçonnable. Insidieu-sement et sous couvert de mieux nous servir, nous sommes dépossédés petit à petit de tout ce qui fait notre quotidien. La norme s’insinue partout. Chaque "aide" de l’état s’accompagne d’une investigation dans nos vies privées. Chaque Rmiste, chaque Chômeur, chaque Parent isolé doit accepter des contrôles qui sont d’autant plus fréquents que sa situation est précaire. Petit à petit, il nous faut nous identifier à un rôle, nous conformer à des notions d’autant plus abstraites qu’elles varient selon l’interlo-cuteur : volonté d’insertion, bonne volonté, adaptabilité... Coupable, le pré-caire. A chaque entretien il doit faire preuve, il doit assimiler le vocabulaire, le discours. Il doit s’appliquer à lui-même la question. Tout est bon pour le matraqua-ge. Les familles sont déresponsabilisées, les pauvres assistés, les pères absents, et, chaque fois, sous-couvert d’une morale qui ne s’appliquerait qu’à une partie de la population, l’individu se rabougrit dans une conformité qui lui apprendra à se tenir à sa place, ou explose dans une révolte qui le désignera aux yeux des autres comme le fauteur de trouble, le délinquant, le monstrueux individu irrécupérable. La citoyenneté, c’est l’aban-don de son droit de parole, de décision, de défense au profit du peuple souverain, en contrepartie de voir la justice sociale s’exercer en faveur de tous. Mais le peuple souverain, moi, je l’ai jamais ren-contré, sinon dans la bouche des Zélites quand il s’agit d’aller voter. Non seule-ment ils parlent en notre nom, décident en notre nom de rendre justice, d’enfer-mer des hommes en prison, de déclarer des guerres, d’expulser des hommes du fait de leur nationalité, mais ils décident que la majorité décidera de qui nous représentera. Ils ne se donnent même plus la peine de paraître respecter leur principe démo-cratique et pro-posent comme choix électoral des fascistes qui s’affichent ouver-tement racistes, antisémites, tota-litaires, condamnés pour révisionnisme, tenant des propos sur l’inégalité des races et balayant d’un revers de main les droits de la femme. Au nom de la démo-cratie, des candi-dats de gauche et d’extrême-gauche deman-dent que soient représentées toutes les tendances de la société, alors qu’il suffirait de conditionner les candidatures à des critères " démocratiques " qui excluraient tout program-me raciste discriminatoire et violant les droits de l’homme et la constitution. Si je vote, c’est que j’accepte de respecter le choix des urnes et de me soumettre en bon citoyen à la volonté du peuple sou-verain de mettre un fasciste an pouvoir ?

Je ne pense pas que ce système politique est pourri. Je pense au contraire cette politique très habile pour maintenir les injustices et les inégalités. La hiérar-chie qui justifierait des revenus inégaux en fonction de la valeur de chaque indi-vidu jette chaque homme en pâture aux pires ambitions. Je ne pense pas que l’on puisse comparer les hommes ni décider du droit des uns à vivre mieux que les autres selon qu’ils seraient plus utiles à la société. Des critères de sélection appli-qués dès l’école justifieraient la position sociale et les avantages matériels qui seraient la récompense d’une société reconnaissante à ses élites Même si cette sélection n’était pas totalement arbi-traire et faussée par les ori-gines sociales des personnes qui y sont soumises, je com-battrais ce système qui nie toute notion de justice et d’é-quité, qui déconsidère des qualités d’originalité ou de sensibilité, voire d’une intelli-gence pratique qui permet actuellement à beaucoup de personnes privées du droit à l’existence de survivre dans l’illégalité. Je suis persuadée que le but d’une société est avant tout de permettre aux hommes qui la composent de la remettre en cause. Les doutes me paraissent plus intéres-sants que les certitudes, la vérité un consensus si précai-re !

J’aime le désordre ... entre deux points d’interroga-tions et quelques minutes de rêves, un peu de poésie pour questionner le monde. Il n’y a pas d’homme sans liberté et pas de société sans hommes libres. Et pour finir ; personne pour me dire de quoi doit être faite ma liberté, mais les autres, indispensables à ma réflexion, les autres qui me font homme, les autres, comme autant de mondes inconnus, limites à ma folle et désirable solitude.

Sylvie


CNT-AIT



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