vendredi
12 juillet 2002
Au soir du premier tour des présidentielles, la gauche déconfite et certains médias entamaient une légère autocritique sur le thème "on a peut être un peu trop poussé sur l’insécurité". Il est clair que c’est tout l’establishment qui avait choisi de monopoliser le débat sur ce thème. Outre les partis et les médias, les syndicats de collaboration de classe, même ceux qui se disent "de lutte", "démocratiques"... portent leur part de responsabilité. Un exemple entre mille : "Jean-Luc Rueff secrétaire de SUD assure que tous ces collègues conducteurs (de bus) prennent leur service la peur au ventre et qu’ils appliquent la non facturation systématique des chiens et des poussettes pour dégoupiller toute réaction vive de clients mécontents" (La Dépêche). Toutou et bébé facteurs intolérables d’insécurité dans les bus ? Après de tels propos, laissons la conclusion qui s’impose à un spécialiste "Je me suis normalisé, puisque tout le monde parle comme moi" (Le Pen, France Inter, 16 avril 2002).
Pourquoi tous les gens de pouvoir ont-ils choisi de parler comme Le Pen ? Pourquoi cette unanimité sur "l’insécurité" ?
Les raisons sont multiples. Il y a des raisons de fond (l’abandon de la "valeur travail" en est une, développée dans un article par ailleur), mais il y a également des raisons "stratégiques".
Face au rejet des institutions et au risque d’explosion sociale qui s’en suit, ce thème justifie par avance un flicage de la société, une répression accrue contre tous les contestataires.
On le sait également, mettre en avant l’insécurité c’est une façon "politiquement correcte" d’être raciste, d’introduire une coupure entre les travailleurs selon leur "couleur".
Mais, ce qui échappe généralement, c’est que ce thème crée un racisme générationnel. On "monte" les "vieux" (les adultes installés) contre les "jeunes" pour qu’en retour les "jeunes" ne se sentent pas solidaires des "vieux" quand l’heure, désormais très prochaine, du combat de ces derniers va sonner. En effet, c’est contre les retraites que le capital va centrer une offensive dans les prochains mois. Là où il faudrait une unité de classe transgénérationnelle pour résister, partis, syndicats institutionnels et médias ont introduit volontairement des clivages majeurs.
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