Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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LA TOLERANCE ZERO, EST L’EXPRESSION DE LA PENSEE ZERO !

mercredi 15 mai 2002

Il ne fallait pas être grand clerc pour pressentir que "l’insécurité", avec son corollaire, la "tolérance zéro", serait lors des élections présidentielles et législatives non pas au cœur du débat (car les élections ne sont pas porteuses de débats) mais au cœur des affirmations péremptoires des candidats. Le bombardement médiatique que nous subissons depuis plusieurs mois sur ce sujet n’était là que pour préparer ce terrain. Nous pouvions nous attendre au pire. Nous n’avons pas été déçus. Les jours que nous venons de traverser nous démontrent une fois de plus que les politiciens font feu de tout bois pour accroître la trouille dans la population.

Quand ces lignes seront publiées [1], il est probable que les répercutions du contexte international auront donné lieu de leur part aux pires récupérations, aux considérations les plus douteuses, aux conclusions les plus stupides. Pour l’instant, c’est un fait divers qui a permis au chef de l’état de faire un amalgame sordide : "L’insécurité, a dit Jacques Chirac, ça va de l’incivilité ordinaire au drame que nous avons connu" (à Nanterre). Mais, s’il s’est surpassé aujourd’hui, les autres courants politiciens n’ont jamais été en reste sur ce sujet !

Dans nos numéros précédents du Combat Syndicaliste, nous nous sommes attachés à démontrer comment les chiffres sont trafiqués pour qu’ils disent ce que le pouvoir veut qu’ils disent et comment l’opinion publique est conditionnée. Les exemples se sont multipliés depuis. Sur TF1, le 21 mars, pratiquement tout le journal de "20 heures" était consacré à la "violence des mineurs". Trois ou quatre reportages suggéraient fortement un croissance vertigineuse de cette violence ... alors que dans le même journal, il était reconnu (je cite) que “contrairement à ce qu’on croit, le nombre de meurtres commis par les mineurs n’augmente pas”... évidemment, ce constat ne prenait pas plus de 15 secondes sur près d’une demi-heure d’affirmations tendant au contraire. Autre exemple : Le Monde, dans un dossier de 8 pages (31 mars) est bien obligé d’écrire : "Difficile à définir, impossible à chiffrer, l’insécurité ..." Impossible à chiffrer ? Mais alors, pourquoi publie-t-il régulièrement des chiffres alarmistes ?

On l’a compris, le débat sur "l’insécurité" n’a rien de rationnel. Preuve supplémentaire si besoin en était : les insécurités les plus graves sont évacuées du débat. Sans parler des énormes détournements de fonds et escroqueries que nous payons tous à travers nos impôts, sans parler des personnes poussées au suicide par une société profondément injuste (environ 100 000 tentatives par an et 12 000 morts), de celles qui sont parquées dans des conditions infra-humaines dans des asiles psychiatriques (Le Combat Syndicaliste N° 59 a publié le témoignage saisissant d’un agent hospitalier), dans les centres de rétention, les prisons, de celles victimes des "bavures" policières, de celles qui sont réduites à la misère, … nous rappellerons ci-après aux politiciens, pour leur rafraîchir la mémoire, que le racisme et la violence patronale, se placent parmi les pires violences et que des millions de personnes les subissent au quotidien.

Mais, avant, qu’il nous soit permis de souligner combien toutes les affirmations avancées par les politiciens et leurs valets (sur les causes de la violence, sur son évolution dans le temps, sur les conséquences des mesures proposées) sont indigentes. Faute d’argument, c’est une suite d’idées toutes faites, de clichés, qui se succèdent. Dans leur petit livre remarquable "Stop quelle violence ?", dont nous reprenons ici plusieurs arguments, S. Tissot et P. Tévanian ( (L’esprit frappeur. N°97. Environ 3 euros), analysent ces discours, et concluent que c’est toujours les mêmes expressions qu’on retrouve dans toutes les bouches. Et de fait, à lire la liste de clichés, de phrases toutes faites qu’ils dressent (et qui remplacent chez les politiciens toute réflexion) on a l’impression, de les entendre tous !


Parlez sécuritaire en une leçon

Les 16 expressions toutes-faites qui évitent de réfléchir 1) “Expansion, spirale, explosion, inexorable, exponentielle, irrésistible” ;

2) “Délinquance, insécurité, incivilité” ;

3) “De plus en plus (au choix : grave, jeunes, violents, ...)” ;

4) “Préoccupation majeure des français” ;

5) “Seine-St Denis, Mirail, Bronx, Etats-Unis” ;

6) “Lever le tabou, arrêter de se voiler la face, sur-représentation des immigrés” ;

7) “Zones de non-droit où la police ne va plus” ;

8) “Enfants (au choix : d’immigrés, de mai 68, de la télé ...)”

9) “Démission (au choix : des parents, de l’école...)” ;

10) “Crise de (au choix : l’autorité, la morale, l’intégration à la française..) ;

11) “Angélisme, laxisme, impunité, plus d’excuses” ;

12) “Républicain(e) (au choix : ordre, loi, école, justice, police...)” ;

13) “Retrouver (au choix : les valeurs, la morale, l’autorité...)”

14) “Rigueur, fermeté, éloignement, prison, couvre-feu, centres fermés” ;

15) “Réaction rapide, comparution immédiate, en temps réel” ;

16) “Responsabilisation, suppression des allocations familiales” ;

(D’après “Stop quelle violence ?”, Tissot & Tévanian, L’esprit frappeur)


Un peu d’histoire...

“N’en déplaise aux nostalgiques du bon vieux temps d’une France catholique et monarchiste, l’insécurité non seulement n’est pas un phénomène actuel ni même moderne, mais elle atteignait autrefois une ampleur qui serait considérée aujourd’hui comme parfaitement insupportable, politiquement, aussi bien que socialement. Depuis trois siècles, la tendance a été indéniablement une constante amélioration, en dépit de rares reculs ou coups d’arrêt liés à des périodes de crise. Dans le même temps, la répression (féroce sous le siècle de Louis XIV et encore extrêmement dure au siècle dernier) n’a cessé de s’adoucir en s’humanisant. L’histoire de l’insécurité est donc un démenti à ceux, hélas trop nombreux, pour qui la seule solution est de faire preuve d’une sévérité impitoyable” Robert Chesnais, historien "SDF, truands et mendiants dans le Paris du Roi-Soleil"



[1] avril 2002, juste avant le premier tour, juste après le massacre de Nanterre


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