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lundi 9 décembre 2002

Les citations sont extraites de "La Dépêche du Midi" des 23 et 24 octobre 2002.

les titres

"Les quartiers nord de Toulouse pris en tenaille" "Hélicoptère en renfort" "Policiers et gendarmes ont mené, hier soir, une vaste opération de contrôle" "Descente surprise dans le quartier d’Empalot"

Les faits

Les 23 et 24 octobre, en pleine nuit, les quartiers toulousains de Negreneys, Izards, Madrid, Ginestous, Empalot, ont été envahis par deux ou trois cents gendarmes, policiers de proximité, motards, BAC, unités spéciales d’intervention, CRS, appuyés par un hélicoptère. Important : Avant l’intervention de la police, ces quartiers étaient parfaitement calmes ces jours-là.

Les commentaires

La presse locale consacre des articles élogieux à l’opération policière.
Deux références donnent le ton des commentaires. Avec la première, on est en pleine série B de télévision : l’opération aurait été menée "A l’image de la police américaine survolant Los Angeles..."
Avec la deuxième, on est en pleine guerre, car tout ça, c’est une "opération de sécurisation", version "Algérie française", avec les "quartiers pris en tenaille", "investis" par les forces spéciales...

Les photos sont encore plus choquantes
Sur l’une, on voit un gendarme, fusil à la main en pleine rue.
Sur l’autre, intitulée "les policiers ont poussé les contrôles à l’intérieur des véhicules", un flic pistolet à la ceinture, braque avec un flash-ball un chauffeur, l’arme est à un mètre environ de sa tempe, pendant que deux autres flics sont carrément entrés à moitié dans le véhicule pour le fouiller.

Les résultats

Quel est, d’un point de vue policier, le résultat de cette "spectaculaire opération" de force ?
  1. > trois ou quatre gamins d’une douzaine d’années qui jouaient en bas de leur immeuble sans faire de mal à personne ont été ramenés chez eux.
  2. > quatre "suspects" ont été arrêtés... et relâchés : ils n’étaient coupables de rien, ce qui ne les a pas empêché d’être empoisonnés pendant plusieurs heures au commissariat.
  3. > une personne a été "interpellée" pour rébellion contre les forces de l’ordre. S’il n’y avait pas eu de contrôle, il n’y aurait pas eu de rébellion.
  4. > en ratissant le terrain "bâtiment après bâtiment" sur plusieurs kilomètres carrés, ... neuf barrettes de haschich ont été trouvées. Au prix de l’heure de vol en hélico et des salaires & primes de nuit de tous les flics mobilisés, ça met la barrette largement au dessus du prix de l’uranium enrichi !

Bref, le ridicule est total !

Cela sera difficile de faire pire lors des prochaines attaques de quartier, à moins de mettre un porte-avion nucléaire sur le lac de Reynerie... Par contre, les nuisances subies par la population sont très importantes, bien que la presse "démocrate" se soit gardée de les souligner :

  210 personnes innocentes ont été soumise à un contrôle humiliant, dégradant et immotivé, à des fouilles sur leur personne ou dans leur véhicule, avec parfois une arme braquée sur le ventre ou sur la tête. Ce qui constitue de graves violences psychologiques.
  Au moins dix mille habitants (dont des bébés, des personnes âgées,...) ont été brutalement réveillées à minuit par le bruit infernal d’un hélicoptère passant et repassant quelques mètres au-dessus de leur tête, "balayant les immeubles à l’aide d’un puissant projecteur" sans avoir aucune explication. On imagine l’angoisse, pour des populations qui ont subi voici un an l’explosion d’AZF !
  Enfin, plusieurs habitants ont perdu leur voiture grâce à cette brillante opération de "sécurisation", puisque l’arrivée des flics à Empalot et surtout leur départ ailleurs a été salué par des incendies de voiture.

Conclusions

"Une expérience à renouveler", concluent en cœur les responsables. Puisqu’ils n’ont rien trouvé de ce qu’ils prétendaient chercher (droque, armes, "délinquants"...), s’ils veulent recommencer, c’est qu’ils cherchent autre chose. Quoi ? Faire régner un climat de guerre civile. Humilier et provoquer les habitants des quartiers.

(Note : Pour justifier l’intervention du deuxième jour, la presse fait état d’une altercation verbale entre un "père de famille" et des jeunes à Empalot. De quoi déplacer un hélico effectivement)

CNT-AIT


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