Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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FEDERACION OBRERA REGIONAL ARGENTINA (SECTION DE L’A.I.T.) : CHRONIQUE DU CHAOS CAPITALISTE

samedi 24 août 2002

Même s’ils ont bien évidemment des préoccupations et des actions plus essentielles en ce moment, nos compagnons de la FORA ont tenu à adresser aux autres sections de l’Association Internationale des Travailleurs, une note de synthèse d’où nous avons extrait les passages suivants.

NAFTA : le terrorisme commercial

Dans ce pays agricole, où les cultures vivrières sont abondantes, cinquante-trois enfants de moins de un an meurent chaque jour de faim ou de causes évitables. C’est la conséquence directe du modèle économique imposé à la population. Ce modèle sera encore accentuée par la mise en place de l’ALCA (Accord de Libre Commerce des Amériques).

L’ALCA est la dernière mesure inventée par les apôtres du terrorisme commercial international. Cet accord donne tous les droits aux USA pour vendre ses produits dans les conditions les plus favorables à ses entreprises. Des précédents, comme le NAFTA (North American Free Trade Agreement) existent.

Le NAFTA, qui inclue les USA, le Canada et le Mexique s’est traduit dans ce dernier pays par une augmentation colossale du chômage, une chute des salaires et une dégradation considérable des conditions de travail.

L’ALCA, à n’en pas douter, donnera les mêmes "résultats" en Argentine et se traduira par une dégradation des conditions d’existence déjà dramatiques dans un pays où plus de 40 % de la population vit désormais en dessous du seuil de pauvreté.

Cette situation permet de comprendre que les tentatives de l’Etat d’étouffer toute révolte sociale par la répression et par la distribution de quelques aumônes n’ont pas évité une situation sociale explosive.

Au début des années 80, les conflits étaient surtout centrés sur des revendications salariales et menés sous la houlette des syndicats. Vers la fin de cette décennie, les mises à sac, préconisées par certains groupes minoritaires en réponse au désespoir provoqué par l’hyper-inflation, sont devenues la forme de protestation sociale prédominante.

Dans la dernière moitié des années 90, le taux de chômage a atteint des records. Les revendications salariales ont cédé le pas à la protestation des chômeurs qui ont utilisé le blocage des routes (appelé couramment "piquets") comme outil essentiel de protestation sociale. Cette tendance c’est confirmée en 2000, et plus encore en 2001. Dans le premier semestre de l’année dernière, plus de 600 piquets ont ainsi été organisés. Le 31 juillet eu lieu un blocage national. 145 routes ont été coupées simultanément. Ce fut la première action d’ampleur nationale réalisée en dehors de la très puissante (CGT). Depuis 1997, on compte plus de 1600 coupures de route. Les "piquets" sont en train de se transformer en un mouvement de protestation qui offre des parentés avec le mouvement zapatiste du Mexique ou le mouvement des "paysans sans terre" du Brésil ; en ce sens que ce sont des mouvements qui utilisent la force mais sans avoir recours à la violence. Ces nouvelles formes de protestation mettent en lumière l’incapacité des partis politiques traditionnels. Malheureusement, les "Mouvement des chômeurs", très spontanés, sont aussi des proies alléchantes et faciles pour les organisations syndicales réformistes et pour des partis gauchistes. Après avoir été dépassés par ces mouvements, la CTA (Centrale des travailleurs argentins, réformiste) et le CCC (Courant classiste et combatif, courroie de transmission du parti communiste maoïste) s’y sont déchirés pour le récupérer. La FORA, qui n’a pas été absente des mouvements sociaux, a frontalement dénoncé les manœuvres autoritaires de prise de pouvoir dans les deux congrès de "piquetiers" qui ont eu lieu.

Cabanas 2002 : comme un air de coup d’Etat...

L’état n’est pas resté inactif face à la généralisation des "piquets". Il a réagi en réprimant et en criminalisant de vastes secteurs sociaux. Trois mille personnes ont été condamnées par les tribunaux, au cours des 10 dernières années, pour leur participation à différentes actions de protestation. De plus, 840 personnes ont été victimes du syndrome dit de "la gâchette facile" (depuis 1983). Elles ont été assassinées par les forces de sécurité alors qu’elles ne présentaient aucun risque ni pour les policiers ni pour de tierces personnes. Ces assassinats sont légitimés par les médias au nom de l’insécurité.

Autre signe qui ne trompe pas : les gouvernements qui viennent de se succéder ont tous décidé de participer massivement aux manœuvres militaires menées dans le sous-continent sud-américain par les USA. Ces manœuvres, qui ont repris à large échelle, simulent des opérations de "maintien de la paix" et ont pour objectif de "renforcer la confiance mutuelle" et d’améliorer "la compatibilité" entre les différentes armées participantes En 2002, "l’exercice" appelé "Cabanas 2002" aura lieu au Chili. Il y aura 700 militaires argentins, 200 US, et "seulement" 40 boliviens, 45 brésiliens, 45 chiliens, 40 équatoriens, 45 péruviens et 45 uruguayens. Le thème de l’entraînement sera le suivant : action sur un champ de bataille composé "de civils, d’organisations non gouvernementales et d’agresseurs potentiels (sic)".

La présence majoritaire des militaires argentins dans les manœuvres 2002 montre que, manifestement, l’Etat se prépare à donner une dimension supplémentaire à la répression si, par cas, il ne parvient pas à juguler par les méthodes "démocratiques" le mouvement social !

(D’après le rapport de la Federacion Obrera Regional Argentina (FORA - V° Congreso), pour l’Assemblée plénière 2002 de l’Association Internationale des Travailleurs).


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