Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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LUTTE DES CLASSES EN PALESTINE et SOLIDARITE CONTRE LE MUR

vendredi 23 septembre 2005

Nous reproduitsons ici deux informations sur la situation en Palestine dont on n’a pas beaucoup entendu parlé aors qu’il nous semble qu’elles sont d’un intérêt qui mérite une attention particulière ...

KHAN YOUNIS : SCENE DE LUTTE DES CLASSES EN PALESTINE

Un sit-in de travailleurs palestiniens dispersé par la force par la police palestinienne

Le DWRC [1] condamne l’usage de la force pour disperser un sit-in de travailleurs à Khan Younis ( Bande de Gaza ) - 5 septembre 2005

Après que des centaines d’enfants de travailleurs au chômage aient été expulsés de l’école publique parce que leurs parents n’avaient pas payé les frais de scolarité, et ceci en accord avec la Loi Palestinienne et avec un décret présidentiel, les Comités Indépendants de Travailleurs [2] ont organisé dimanche un « sit-in » dans le gouvernorat de Khan Younis, pour demander que les travailleurs au chômage soient exemptés du paiement des frais de scolarité pour leurs enfants. Ils protestaient aussi contre le faible nombre de propositions d’emplois à travers le programme de lutte contre le chômage initié par l’Autorité Palestinienne.

Durant le « sit-in », des membres de la police palestinienne appartenant à « la force d’intervention rapide et d’ordre public » ainsi que des membres des Forces Nationales de Sécurité ont détruit la tente montée par les travailleurs qui manifestaient et ont utilisé une force excessive pour disperser les manifestants ; ils ont tiré de nombreux coups de feu en l’air, puis ont tabassé les ouvriers et en ont blessés 14.

Trois des blessés ont dû être traités à l’hôpital Naser de Khan Younis :

-  Fouad Mohammed Al-Diri, âgé de 40 ans, pour de nombreux coups
-  Hasan Al-Darbashi, 38 ans, pour de nombreux coups
-  Hamed Eid Farawna, 50 ans, pour blessures à la tête.

Le Centre pour la Démocratie et les Droits des Travailleurs en Palestine confirme que les travailleurs ont le droit de manifester et de protester pour défendre leurs droits économiques et sociaux, ce qui était la raison de leur « sit-in ». Le DWRC condamne également l’usage de la force par la police palestinienne et les services de sécurité contre des civils désarmés.

Le DWRC demande à l’Autorité Palestinienne de répondre positivement aux justes demandes des travailleurs, et réaffirme que :

1- la décision du Ministre de l’Education de prélever des frais de scolarité contredit l’article 24, paragraphe 1, de la Loi Fondamentale. En expulsant des centaines d’enfants de travailleurs de l’école publique au début de la nouvelle année scolaire 2005-2006 du fait que leurs parents ne peuvent acquitter ces frais, le Ministre viole la loi. Le DWRC renouvele sa demande au Ministre de l’Education de respecter la loi et d’endosser le décret présidentiel de l’ancien Président Yasser Arafat daté du 15 août 2002 et les directives de l’actuel Président Mahmoud Abbas ; en effet ces décrets et directives exemptent les travailleurs au chômage des frais dûs à la scolarisation de leurs enfants, suite aux courriers qui lui ont été adressés [à la Présidence] par le DWRC et les Comités Indépendants de Travailleurs

2- le DWRC demande une large distribution d’emplois par l’Autorité Nationale Palestinienne, à travers son programme de lutte contre le chômage. La mise en ouvre de ce programme doit obéïr à des critères de transparence et de justice pour les travailleurs, et ne doit pas être basé sur des critères partisans et sectaires

3- le DWRC confirme que les forces palestiniennes de sécurité ne doivent pas être utilisées pour réprimer les mouvements de protestation de travailleurs et les manifestations car un telle conduite viole gravement les droits humains élémentaires, amène à de graves conflits internes à la société et ne facilite pas le dialogue

4- le DWRC appelle le Président Mahmoud Abbas et le Conseil des Ministres à intervenir rapidement de façon à garantir le respect par le Ministre de l’Education des décisions exemptant les enfants de travailleurs au chômage de tout frais de scolarité. Nous incitons aussi le Président Mahmoud Abbas à ne pas autoriser les forces de sécurité interne à intervenir de façon arbitraire, et à les empêcher d’utiliser une force excessive dans le traitement des évènements et incidents.


TROIS CENTS ISRAELIENS AUX COTES DES PALESTINIENS A BI’LIN

Ci-dessous le récit des manifestations de vendredi à Bi’lin par Adam Keller de Gush Shalom (traduit par CAPJPO-EuroPalestine),qui raconte comment l’armée n’a pu empêcher la solidarité entre les villageois palestiniens de Bi’lin et les opposants israéliens, malgré le couvre-feu imposé à la population, l’interdiction de toute manifestation, et les blocages des routes pour interdire la venue des protestataires israéliens.

"Trois cents Israéliens ont participé aux actions de solidarité. Quand l’armée a demandé aux 8 Israéliens qui avaient passé la nuit de jeudi à vendredi sur place de partir et qu’ils ont refusé, ils ont été arrêtés. Alors les habitants du village sont sortis de chez eux malgré le couvre- feu, se répandant dans les rues en tapant sur des casseroles. Et ce n’est qu’une fois que l’armée a commencé à tirer des balles en caoutchouc, à lancer des gaz lacrymogènes et des grenades, que des jeunes du villages se sont mis à jeter des pierres. Entretemps 300 Israéliens de Gush Shalom, Ta’ayush, des Anarchistes Contre le Murs et d’autres arrivaient à Bi’lin en bus, en provenance de Haïfa, de Jérusalem et de Tel Aviv.

L’armée avait bloqué les routes menant à Bi’lin, mais les manifestants sont passés par la colonie ultra-orthodoxe de Modi’in Illit (Kiryat Sefer) qui a été créée sur les terres de Bi’lin et des villages avoisinants. Là, les protestataires sont passés par un site en construction pour une extension de cette colonie et sont parvenus aux oliveraies de Bi’lin promises à disparition pour laisser la place à une nouvelle colonie. Après avoir marché pendant plusieurs kilomètres et traversé les canyons sous un soleil de plomb, les manifestants ont réussi à rejoindre la "Barrière de Séparation" du côté ouest ("israélien"), accueillis par les gaz lacrymogène de l’armée, mais avec enthousiasme par les villageois palestiniens de Bi’lin qui leur ont ouvert la porte de leurs maisons pour les protéger et leur offrir de l’eau fraîche.

Environ 25 Israéliens ont alors été arrêtés dont Anat Matar, professeur de philosophie à l’Université de Tel Aviv et Latif Dori, activiste de longue date du Meretz, tandis qu’une centaine d’autres parvenaient à rejoindre les pacifistes internationaux, dont une majorité d’Américains, avant qu’arrive un autre groupe d’Israéliens, dont Uri Avnery de Gush Shalom qui fêtait le jour même ses 82 ans, Yakov Manor de Ta’ayush and Dorothy Naor de New Profile.

Pendant environ une heure les manifestants israéliens et palestiniens ont tenu tête ensemble aux soldats et à la police des frontières, scandant "Le Mur, c’est du terrorisme. Ceux qui le refusent sont des héros" et chantant "La prison militaire est l’endroit idéal pour ceux qui ont encore une conscience". Certains interpellaient les soldats en leur disant "Pourquoi vous ne nous serrez pas dans vos bras comme vous l’avez fait pour les colons de Gaza ?".

Les dirigeants palestiniens de Bil’in ont invité les Israéliens et les internationaux à chanter avec eux "Nous vaincrons, nous vaincrons, ici à Bi’lin, Chrétiens, Musulmans, main dans la main, avec le mouvement de protestation israélien à nos côtés". Puis le gros camion contenant les activistes arrêtés est passé, et tandis que ces derniers tambourinaient à l’intérieur, leurs camarades à l’extérieur criaient ""Soldats, go home ! A bas l’occupation !". Deux femmes qui avaient essayé de s’extraire du camion, ont été brutalement ramenées à l’intérieur. Une heure plus tard, les soldats ont recommencé à tirer et le village a été recouvert par des nuages de gaz lacrymogène. Le militant écologiste Dov Chinin a reçu une balle en caoutchouc dans la jambe. Les manifestants ont trouvé refuge dans la cour d’une maison en compagnie des moutons et des chèvres (...).

Puis l’armée ayant fini par quitter Bi’lin sous les sifflets et quolibets des manifestants, ceux-ci se sont regroupés pour défiler le long du mur et rejoindre le centre du village en chantant "Le Mur finira par tomber". Yonathan Pollak, l’un des Anarchistes contre le Mur a pris la parole pour dire que loin de dissuader les Israéliens de manifester, l’armée leur donnait envie de venir chaque fois plus nombreux. Tandis que la plupart des personnes arrêtées étaient relâchées après la fin de la manifestation, l’armée retenait Abdallah Abu Rahme - l’un des organisateurs de la résistance au sein du Comité Populaire de Bi’lin, qui a été détenu a plusieurs reprises au cours des derniers mois, malgré son attitude systématiquement non violente. La Coalition Contre le Mur (qui regroupe les Comités Populaires Contre le Mur, Gush Shalom, Taayush, La Coalition des Femmes pour la Paix, l’ICAHD et les Anarchistes Contre le Mur) exige sa libération.

(Image GIF)


[1] Le DWRC ( The Democracy and Worker’s Rights Center in Palestine ) est une organisation non-gouvernementale défendant les droits des travailleurs et affilié à aucun parti politique. Le DWRC fait la promotion d’une expérience directe par les travailleurs de la démocratie à travers l’éducation et l’organisation en unions

[2] Independent Labor Committees


CNT-AIT



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