mercredi
14 janvier 2009
Les locaux du Syndicat des travailleurs grecs des médias (ESIEA), qui est censé regrouper les travailleurs de la presse papier, télé ou informatique, sont occupés depuis samedi derniers.
Ci dessous, la traduction du premier communiqué de l’occupation, transmis par les occupants, ainsi que du texte d’appel à l’assemblée ouverte.
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Le samedi 10 janvier, un groupe d’employés (actifs ou non), de travailleurs non payés et d’étudiants de l’industrie des médias ont occupé le quartier général de l’ESIEA (le syndicat des journalistes, phtoreporters et autres travailleurs des médias grecs)
Cette tentative, qui s’oppose fondamentalement au discours dominant, vise à mettre en évidence les conditions de travail moyen-âgeuses dans les mass médias, ainsi qu’à promouvoir la création d’une assemblée unique pour l’expression de TOUS ceux qui travaillent dans l’industrie des médias.
Les contrats de travail flexibles et précaires, l’emploi non payé ou sans couverture sociale, le temps partiel, les horaires épuisants, l’arbitraire des employeurs, et les dizaines de licenciements délimitent le contours de l’industrie des medias. Ce mouvement s’opère dans un contexte de transformation plus large du système autour de la restructuration néolibérale du travail.
De son côté, l’ESIEA non seulement ne s’oppose pas aux intérêts des employeurs, mais plus encore leur donne son consentement et reste silencieux devant leur abus de pouvoir. Fonctionnant comme un syndicat de métiers d’élite qui exclut des milliers de travailleurs de l’industrie des médias, l’ESIEA s’oppose fortement à la demande pressante pour un dépassement des divisions internes et de la fragmentation corporatiste, refusant le création d’un syndicat unique pour tous les travailleurs des médias.
Par ailleurs, cette occupation vise aussi à devenir un centre de contre-information et de lutte, lequel sera défini par les gens en lutte sans qu’ils soient nécessairement reliés à l’industrie des médias, comme cela a été affirmé clairement lors de la première assemblée ouverte. Nous avons décider de nous réunir, d’agir et de parler directement les uns avec les aux autres, pour toutes les choses que le Spectacle dominant a fragmenté, contre la propagande idéologique et systématiquement oppressive mise en avant par les patrons, par l’ESIEA et les procureurs des médias qui usent de la désinformation, de la distorsion et de la dissimulation selon les circonstances.
Les matraquages, les arrestations massives, les détentions, le terrorisme médiatique, les morts “accidentelles” aux frontières et l’enfer des centres de rétention, les tortures dans les commissariats de police, les “suicides” en prison, les “accidents” du travail, les attaques à l’acide par les mafias patronales, les licenciements et les « ricochets » [1] ne sont pas des « incidents isolés ». Après tout, « ici ce n’est pas Gaza », comme l’a dit Yannis Pretenderis, un journaliste vedette, sur une des principales chaînes de télé.
Certainement, ce n’est pas Gaza. Il n’en demeure pas moins que notre solidarité ne s’exprime pas par écran de télé interposé, mais dans les rues, dans nos occupations de bâtiments publics, dans nos conflits au côté des opprimés révoltés, dans lesquels nous nous reconnaissons. C’est une solidarité qui ignore les frontières, et qui s’est répandue après le meurtre d’Alexandros Gregoropoulos et après les évènements qui ont suivi, du Mexique en Grande Bretagne, de Corée en Turquie.
Nous n’oublions pas les 67 personnes détenus ni les 315 personnes arrêtées et tous les manifestants inculpés lors des insurrections. L’oppression de l’Etat se fait plus intense, comme on a pu encore le voir lors de la manifestation du 9 janvier dernier. Ce jour, la célébration de l’asile universitaire [2] a donné lieu à une évacuation violente d’un bloc d’appartement de la rue Esculape (Asklipiou), où les manifestants avaient trouvé refuge. L’attaque contre le caractère social du sanctuaire universitaire est une attaque contre la société en lutte elle-même. Elle est sa répression.
Répression et terrorisme encore que l’attaque par projection d’acide dans le visage, le 23 décembre dernier de l’activiste syndicaliste migrante Konstantina Kouneva. Konstantina est une employée du nettoyage de la société des chemins de fers électriques (ISAP), employée en CDD par une entreprise sous traitante. Depuis son attaque par la mafia patronale, elle est toujours à l’hôpital dans un état critique, mais sa lutte continue et nous la soutenons activement.
Comme nous soutenons activement toute lutte contre l’arbitraire patronal et les relations d’exploitations, qui sont le résultat des conditions de travail, qu’il s’agisse de travail flexible et précaire, de travail au noir, d’heures supplémentaires non payées ou au temps partiel imposé.
http://katalipsiesiea.blogspot.com/
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Tract d’appel à l’Assemblée ouverte du 10 janvier :
Les milliers des manifestants qui sont descendus dans les rues de toute la Grèce le vendredi 09/01 ont prouvé que le feu de décembre n’est pas prêt de s’éteindre, ni par les balles ni par l’acide lancé par la majorité des médias tous ces derniers jours. C’est pourquoi la seule réponse de l’Etat face à la jeuneuse et aux travailleurs se résume, encore une fois, à la répression. Les MAT (CRS), les mains libres par les ordres des dirigeants et avec l’incitation des médias pour tolérance zéro, ont lancé des produits chimiques, accompagnés d’arrestations et des violences contre quiconque ils croisaient sur leur route.
Quand la répression étatique se retourne (comme le 09/01) même contre des travailleurs reporteurs, opérateurs, photographes, avocats, qui se trouvent dans la rue sans prendre la partie des assassins, il devient encore plus clair que les événements insurrectionnels de ce dernier temps posent la question de la dignité à chacun et chacune des nous dont la survie dépend du salaire. Ainsi, quelques-uns parmi nous qui travaillent dans les média, nous prenons position à côté des combattants. Avec la participation à la lutte des travailleurs mais aussi avec la lutte dans nos lieux de travail contre l’opinion du patronat des médias quant aux événements. Citons comme exemple le licenciement du photographe Kostas Trironis du journal « Elephteros Typos », parce qu’il a pris en photos des policiers lever les armes le lendemain de l’assassinat du jeune de 15ans, Alexandros Grigoropoulos.
Nous n’avons aucune illusion que les médias, en tant qu’appareillage idéologique de l’Etat, feront tout ce qu’ils pourront pour que les gens rentrent à la maison. Nous le savons mieux que tous car nous travaillions pour eux. Comme nous savons que pour que Mr Pretederis, ou Mr Tragas, et autres grands journalistes médiatiques, puissent prendre position pour l’abolition du droit d’asile des universités et la séparation entre les « cagoulés » et les manifestants « pacifiques », ils ont besoin le silence quotidien de chacun des nous.
Notre position aux côtés des révoltés résulte aussi de l’exploitation quotidienne que nous vivons tous les jours dans les lieux de travail. Dans l’industrie des médias les relations de travail flexibles et précaires abondent comme le travail non rémunéré, l’absence de sécurité sociale, le travail payée à la tâche, les heures supplémentaires et les pratiques arbitraires de la part du patronat. Ce dernier temps, sous prétexte de la crise financière, les licenciements ont augmenté ainsi que les menaces des licenciements.
Comme tous les travailleurs, nous vivons, nous aussi, la liquidation et l’arnaque des chefs syndicalistes. L’ESIEA (Union des Rédacteurs des Journaux Quotidiens d’Athènes) en tant qu’institution se retourne contre les luttes des travailleurs, que ça soit la résistance contre le patronat ou l’urgente nécessité de dépasser les divisions internes dans cette branche des métiers pour la création un syndicat uni pour la presse. La corporation d’ESIEA, qui fonctionne d’ailleurs en tant que syndicat de patronat, est le soutien principal des dirigeants dans leur effort de nous séparer du reste de la classe des travailleurs. Dernier exemple, c’est la non participation à la grève générale du mercredi 10/12.
Pour toutes ces raisons, une initiative de travailleurs, de chômeurs, de travailleurs au noir, de stagiaires et d’étudiants dans le milieu des médias nous avons décidé d’occuper le bâtiment d’ESIEA pour mettre en avant tout ce qui nous uni avec la société combattante :
La contre-information par opposition à la propagande des nos
patrons dans les médias
L’action de tous les travailleurs dans les médias,
auto-organisés, avec des procédures de démocratie participative, contre
l’attaque que nous recevons.
- SOLIDARITÉ AVEC LA COMBATTANTE TRAVAILLEUSE KONSTANTINA KUNEVA
LIBERATION IMMEDIATE DE TOUS LES INCULPÉS DE L’INSURECTION
NOUS N’AVONS PAS PEUR DES LICENCIEMENTS, C’EST LES DIRIGEANTS QUI AURONT PEUR DES GREVES SAUVAGES !
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Forum : http://cnt.ait.caen.free.fr/forum
[1] L’avocat du policier assassin avait d’abord affirmé qu’Alex avait été tué par un "ricochet" d’un tir en l’air, alors qu’il a été démontré qu’il a été abattu en tir direct. NDT
[2] L’asile, instauré par la loi grecque, protège l’Ecole Polytechnique et les établissements universitaires à cause du rôle et du destin historiques de ces lieux, de leurs étudiants et occupants, durant la lutte sanglante contre la dictature militaire, en novembre 1973. L’asile de l’Ecole Polytechnique et des Universités signifie donc que la police ne peut s’ y introduire. L’Etat grec veut y mettre fin, pour priver les révoltés de leur base de replis. NDT
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