Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

[ Imprimer cet article ] [ Envoyer cet article ] [ Nous ecrire ]



GRECE : LA LUTTE DES TRAVAILLEURS DU RESTAURANT "BANQUET"

mercredi 19 mai 2010

Le mouvement actuel en Grèce ce ne sont pas que les images médiatiques de révolte dont on nous abreuve.Selon les compagnons grecs, il y a aussi une effervescence et une colère dans le milieu du travail et des gens qui cherchent a s’organiser, parce que au niveau organisationnel il y a beaucoup de problèmes. Par exemple, comment organiser les chômeurs, comment lutter hors des syndicats bureaucratiques dans le secteur public ? Il y a aussi quelques (pas beaucoup) luttes intéressantes qui ont réussi a casser le climat de peur et de fatalisme que les patrons veulent imposer et qui ont permis des gagner quelques petits « victoires » pour les travailleurs. (On a déjà parlé de l’occupation d’Interattica, filiale de notre très française Poste ... Curieusement, nous n’avons pas entendu les syndicalistes français pourtant prompt à dénoncer les multinationales américaines protester contre la façon dont la multinationale française à traité les travailleurs grecs...)

Pour le moment, une lutte autonome importante se déroule a Thessalonique au restaurant franchise « Banquet ». Il ne faut pas aussi oublier la lutte qu’ont mené depuis 3 mois les pêcheurs égyptiens à Thessalonique.

Ci dessous, un point de situation sur la lutte au restaurant Banquet : (pour continuer à se tenir informé, un fil de discussion à été ouvert sur le forum Rouge et Noir : http://cnt.ait.caen.free.fr/forum/v...)

des militants de la CNT-AIT

Le Banquet est un restaurant en Grèce avec de très mauvaises conditions de travail, qui ne paye pas ses travailleurs et qui a récemment licencié un travailleur sans raison. Mais les ouvriers sont en train de s’organiser ...

Le lundi 5 avril 2010 Vangelis Kitsonis, qui travaillait depuis 6 mois au restaurant «Banquet » (raison sociale: Coffee Shop EPE / Ltd.) situé 7 rue Dimitriou Gounari à Thessalonique, a appelé on patron pour connaître son planning de travail pour le lendemain. Celle-ci lui a répondu: "vous n’êtes pas dans le planning, et vous devez nous redonner votre uniforme de travail". Le travailleur a demandé si il était en train de se faire virer, mais le patron n’a pas répondu.

Beaucoup de travailleurs du « Banquet » sont des immigrants et, selon eux, les conditions de travail sont très mauvaises. Les propriétaires du restaurant ne semblent pas se soucier de la législation du travail. Ils ne payent pas l’intégralité de l’assurance maladie obligatoire ; les salaires sont très faibles et ne sont pas conformes à leurs propres accords avec l’assemblée des travailleurs du restaurant. Beaucoup des nouveaux travailleurs (qui sont en général embauchés un an après avoir posé leur candidature) doivent commencer par travailler sans être payés une semaine ou deux, mais à la fin de la deuxième semaine, on leur dit qu’ils ne seront finalement pas embauchés. Les propriétaires gardent même les pourboires donnés aux travailleurs par les clients, qui s’additionnent jusqu’à 400-500 euros par jour. Les travailleurs doivent travailler six jours par semaine et ils ne sont pas nourris au travail.

De plus, les patrons ont installé des caméras à l’intérieur du restaurant pour suivre les travailleurs, qui sont également tenus de payer pour chacune des erreurs qu’ils feraient ou au cas où ils arriveraient en retard au travail. D’autres revenus pourtant légalement obligatoires, tels que la prime de noel, ne sont carrément pas payés ou alors partiellement. Quand les travailleurs ont demandé leur paye pour le mois de mars dernier, les patrons ne le leur ont pas donné, tout comme ils ne leur paient pas tout ce qu’il leurs doivent déjà .Il était donc temps d’agir. Deux travailleurs rompirent le silence, mais ils n’ont pas été inclus dans le planning de travail de la semaine suivante. Comme ces travailleurs n’étaient pas officiellement embauché, ils étaient vulnérables, mais ils ont décidé malgré tout de poursuivre le combat.

Un des travailleurs licenciés est membre du syndicat des travailleurs de la restauration, ainsi il alla porter sa plainte devant les autorités du travail de la Grèce.

En général, les conditions de travail des travailleurs de la restauration en Grèce sont très mauvaises. Au cours des 20 dernières années, cette industrie a été la victime des politiques néolibérales extrêmes dirigées contre les travailleurs, et ce par tous les gouvernements qu’ils soient du parti conservateurs (ND) ou socialiste (PASOK). De cette façon, les patrons des restaurant peuvent tranquillement ignorer les lois du travail. Tous les travailleurs de la restauration sont terrorisés et beaucoup doivent travailler au noir. Le salaire est très faible et les propriétaires exigent même souvent pour eux les pourboires des clients. Les travailleurs n’ont pas d’emploi stable, mais ils doivent se rendre disponibles pour travailler chaque fois qu’ on les appelle. Il ya environ 880.000 travailleurs de la restauration en Grèce, mais seulement 200.000 sont officiellement inscrits à la Sécurité sociale. Cela signifie que 650.000 travailleurs n’ont pas d’assurance santé, soit 70% des travailleurs de la restauration en Grèce qui travaillent dans l’économie «noire», en dehors des statistiques officielles du gouvernement. Et tout cela à cause de la cupidité des patrons.

Une assemblée des travailleurs du restaurant « Banquet » a décidé de prendre des mesures d’action directe et ont protesté devant le restaurant ainsi que devant les bureaux de la Direction du Travail en avril 2010. (cf. http://athens.indymedia.org/front.p... )

Beaucoup d’autres assemblées et d’associations d’étudiants a décidé de soutenir leur action. Le 23 avril 2010, environ 60 personnes ont protesté devant le restaurant et a bloqué son entrée. Des textes ont été lus, et plus de personnes se joignirent à eux, à la fin le groupe réunissait une centaine de personnes. Les passants demandaient ce qui se passaient et soutenaient les manifestants en se joignant à eux. L’un des patrons qui était à l’intérieur commença à crier, un autre se mit à raconter des mensonges (tels que le travailleur licencié était en fait un intérimaire, etc ...). Le patron a essayé de prendre des photographies des visages des manifestants, mais il a rapidement compris que c’était une mauvaise idée pour lui. Des clients, qui étaient en train de manger à l’intérieur, en voyant la manifestation ont décidé de quitter le restaurant. Puis quelques syndicalistes sont entrés dans le magasin et ont informé les travailleurs à l’intérieur de la situation. La manifestation s’est terminée avec succès bien après minuit. (cf. http://athens.indymedia.org/front.p... )

L’action a été soutenue par le syndicat des enseignants ainsi que par l’assemblée des travailleurs de la restauration, laquelle a indiqué que de très nombreux autres restaurants tels que le Achilion, mais aussi des hôtels ou des commerces similaires avaient exactement les mêmes pratiques. cf. http://athens.indymedia.org/front.p... )

Puis, le 24 avril 2010 une autre action a été menée, mais cette fois avec une mobilisation massive à une protestation grâce à la combinaison d’une manifestation contre le restaurant « Banquet » et de la manifestation contre la perspective de l’implication du FMI dans la dette publique de la Grèce. En conséquence, près de 1.000 personnes se sont rassemblées et ont manifesté devant le restaurant et dans le parc à proximité. Cette fois, des flics anti-émeute étaient déjà positionnés devant le restaurant ; pour le protéger. Les passants et les gens ordinaires appuyaient la protestation. Les représentants des assemblées des travailleurs sont entrés dans le restaurant et ont parlé avec le patron, qui voyant l’énorme manifestation demanda à celle qu’elle aille ailleurs. Mais les gens n’ont pas bougé. Ils sont restés ici, protestant et exigeant que le travailleur licencié soit de nouveau embauché. Le patron a finit par concédé son retour et a signé un document acceptant d’embaucher de nouveau le travailleur licencié, Vangelis Kitsonis, de lui payer ce qui lui était dû mais aussi d’engager sous contrat légal l’ensemble des travailleurs avec paiement intégral. Il accepta également de laisser les ouvriers se partager les pourboires des clients).Les représentants de l’Assemblée sortir alors pour annoncer l’accord obtenu aux manifestants, qui applaudirent et se sentaient heureux. La protestation pris alors fin et l’assemblée des travailleurs déclara qu’il surveilleront la bonne mise en œuvre de l’accord.

Il est important d’indiquer que, lorsque l’assemblée des travailleurs a été formée elle a demandé le soutien du syndicat officiel des travailleurs de la restauration, mais elle n’a pas reçu d’autre appui qu’une simple annonce symbolique. Le syndicat officiel est contrôlé par le PAME, qui est une organisation syndicaliste associée au parti communiste grec, le KKE.

Les revendications des travailleurs étaient les suivants:

1) pour la ré-embauche du travailleur licencié, Vangelis Kitsonis, dans les conditions prévues réglementairement.

2) que tous les travailleurs qui ne sont pas embauchés réglementairement de l’être.

3) Que tous les paiements requis par la loi soient donnés aux travailleurs.

4) Que les pourboires donnés par les clients soient répartis entre les travailleurs

5) Comme la loi l’exige, que les travailleurs du restaurant soient nourris pendant leur travail.

6) Que toutes les lois et les accords conclus entre les syndicats et les propriétaires de restaurant soient suivies.

Dans un premier temps, avant la manifestation des 1000 devant son restaurant, le patron avait dit être d’accord avec tout sauf qu’il ne voulait pas réembaucher Vangelis Kitsonis. Les représentants des travailleurs ont déclaré qu’ils demandaient sa ré-embauche et ils ont dit qu’ils allaient continuer avec de plus grandes protestations. Le patron a alors dit qu’il pourrait accepter de réembaucher le travailleur licencié, mais en temps partiel. Mais la demande des travailleurs était pour un temps plein. Puis, le lendemain 1.000 personnes se sont rassemblées devant le restaurant et voyant cela le patron a donné son accord à toutes les demandes. Les représentants des travailleurs lui ont dit qu’il devra mettre en œuvre l’accord immédiatement ou faire face à davantage de protestations. (cf. http://athens.indymedia.org/front.p... )

Ce fut le cas quand un travailleur fut congédié pour raisons politiques. Les travailleurs se sont alors auto-organisé pour le défendre et demander une meilleure rémunération et un rythme de travail comme exigé réglementairement.

Le 1er mai 2010, Vangelis Kitsonis est intervenu sur la radio libre autogérée 1431am , en commun avec avec Thomas Sounapoglou , lequel a pris part à différentes luttes de travailleurs. Le programme peut être écouté en ligne (pour les héllénophones) sur http://www.1431am.org/audio/gia-ena... )

La manifestation du 1er mai à Thessalonique s’est également rassemblée devant le restaurant « Banquets », réunissant d’abord 1000 et enfin 1500 personnes. (cf. http://athens.indymedia.org/front.p... )

Mais, le 3 mai, le patron du restaurant a décidé de ne pas tenir ses promesses et a envoyé une mise en demeure (exodiko en grec, similaires à la procédure juridique anglo saxonne du cease and desist) par le biais de son avocat à Vangelis Kitsonis. Il a affirmait que le travailleur lui-même avait demandé à travailler sans assurance-maladie (!) , que les patrons avaient accepté de le prendre pour des raisons humanitaires (!!), et que la mobilisation de 1000 personnes devant le restaurant avait fait pleurer les enfants des clients (!!!). En réponse, les travailleurs annoncèrent leur intention de se mobiliser dès le lendemain et jusqu’à à la fin de la semaine. (La lettre de l’avocat peut être consultée dans son intégralité sur http://athens.indymedia.org/front.p...)

Depuis et jusqu’à aujourd’hui (17 mai), la lutte a continué. Le 14 mai, 4 travailleurs du restaurant « Banquet » ont pris la parole lors d’une assemblée en disant que leur lutte est une lutte générale des travailleurs, qui ne concerne pas seulement sur les travailleurs de ce restaurant. Ils annoncèrent de nouvelles mobilisations et manifestations pour les 14, 15 et 16 mai.

Mais le 14 mai, lorsque les travailleurs se rassemblèrent pour une manifestation devant le « Banquet », les propriétaires du restaurant étaient déjà là avec des avocats, menaçant de poursuites judiciaires les manifestants. Puis le propriétaire refusa de discuter avec Vangelis Kitsonis. Mais les travailleurs répondirent qu’ils n’allaient pas négocier sans Vangelis Kitsonis. Ce à quoi le propriétaire répondit qu’il fermerait son restaurant et qu’il notifierait à tous ses travailleurs de ne plus se présenter au travail et ce pour une période indéterminée. Conformément à la loi, le propriétaire doit payer les travailleurs, même si l’entreprise n’est pas ouverte. Les travailleurs décrirent ces menaces comme du « lock-out » et rappelèrent que l’entreprise avait fait des bénéfices très élevés ces derniers temps. Les travailleurs sont restés unis et dirent que soit ils mourraient ensembles de faim , soit ils gagneraient ensembles leurs revendications légitimes. Les travailleurs n’ont pas été payés dans les 15 jours avant le 14 mai, ainsi afin de soutenir leur lutte face à la menace de lock-out, ils acceptèrent les dons de solidarité recueillis lors d’un concert. Ils annoncèrent qu’ils poursuivront leurs mobilisations et la diffusion d’un communiqué de presse.

(cf. https://athens.indymedia.org/front....)

Mais Le 17 mai 2010, les travailleurs du restaurant « Banquet » ne sont toujours pas payés, alors ils vont chercher à réclamer leur rémunération par le biais de la direction du travail grecque. Ils cherchent également à savoir si les propriétaires possèdent d’autres magasins ou entreprises. Une nouvelle protestation est prévue pour le 18 mai. Un nouveau concert de solidarité sera organisé le 20 mai.(cf. https://athens.indymedia.org/front....)


CNT-AIT



-  Contacter des militants anarcho-syndicalistes
-  http://cnt-ait.info est le site d’actualité de l’Anarcho-syndicalisme.
-  La reproduction et la diffusion de l’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme sont encouragées

  Présentation
  Contacts
Déplier Abstention et résistances populaires
Déplier Dossiers
  ESPOIR (Bulletin du SIPN)
  FACE A LA CRISE
Déplier International
Déplier Luttes : actualité, bilans, archives
  LUTTES DANS LES QUARTIERS POPULAIRES
  Publications
  RESISTANCE POPULAIRE
  SOLIDARITE
Déplier Stratégie
  Sur la Toile
Déplier Syndicalisme ?
Déplier TRAVAILLER PLUS ? POUR QUOI ? PRODUIRE ? COMMENT ?
  YVELINES ROUGE ET NOIR

LISTE DE DIFFUSION
      S'ABONNER
     Votre adresse électronique :
     
     
     Un message de confirmation vous sera demandé par courrier électronique.
      Gérer son abonnement.
     Votre adresse d'abonné :
     
     
      CONSULTER LES ARCHIVES

[ Plan du site ] [ Haut ]
Traduction(s):

[ Haut ]

L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP, un programme Open Source écrit en PHP sous licence GNU/GPL.