Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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TRAVAILLEURS DU SPECTACLE NOUS NE SOMMES PAS DES MOUTONS !

samedi 16 février 2002

L’État, les patrons et les syndicats discutent, dialoguent, échangent, signent, ne signent pas, claquent la porte et reviennent par la fenêtre ou par le vasistas, car ils reviennent toujours. Ce sont leurs histoires, pas nécessairement les nôtres.Pendant leurs conciliabules, nous, nous travaillons ou nous chômons...

[Extrait de la brochure l’emploi dans le spectacle]

Travailleurs du spectacle, nous ne sommes pas des moutons !

I. Du syndicalisme révolutionnaire à l’intégration du syndicalisme

Il y a plus de cent ans, des organisations ouvrières en France, celles des Fédérations et celles des Bourses du Travail fusionnaient. Les premières étaient structurées par secteurs industriels, les deuxièmes regroupaient les syndicats d’une même ville. Réunies, elles allaient former la Confédération Générale du Travail (CGT). Au fil des années, fortifiée par ses luttes et son dynamisme, par son offensive dans la lutte des classes, la CGT va affirmer son but : l’émergence d’une société sans classes, où toute exploitation et toute servitude seront abolies.

Ses ennemis sont donc le Capital et l’État, quelles que soient les formes d’exploitation ou de domination que ceux-ci exercent. Ses moyens, conformes au but, sont l’action directe des exploités :
-  la grève,
-  le sabotage du bénéfice patronal,
-  l’usage du label syndical ...

À cette époque, la CGT se veut indépendante de tout parti politique. C’est le syndicalisme révolutionnaire. La répression est violente et meurtrière, et la lutte révolutionnaire vit parfois de grands découragements. Ce courant révolutionnaire qui vient d’être rapidement décrit reste majoritaire jusqu’aux années 10. Le courant réformiste qui prétend que la transformation de la société peut s’opérer petit à petit en usant de réformes est majoritaire en 1914 quand éclate la première guerre mondiale. Alors qu’une grande partie de la classe ouvrière veut opposer la grève générale à la guerre, l’appareil CGT prône l’Union Sacrée. C’est-à-dire l’abandon, par les ouvriers, de la lutte de classes au profit des intérêts de la Nation. La guerre de 14-18 fut le carnage qu’on sait.

Après la guerre, les divers courants subsistent dans la CGT. En 1922, le courant syndicaliste révolutionnaire se sépare du courant réformiste et prend le nom de CGT-U (CGT unifiée). En 1923, la CGT-U adhèrera à l’Internationale Syndicaliste Rouge, créée par les bolchéviques qui viennent de remporter une victoire politique en Russie et qui sont en train de forger le grand mythe « communiste » qui donnera tant de faux espoirs à la classe ouvrière dans le monde. Cette internationale syndicaliste exige que les syndicats adhérents dépendent du parti communiste local. Les syndicalistes révolutionnaires anarcho-syndicalistes se sépareront à leur tour de la CGT-U pour fonder la CGT-SR (CGT-Syndicaliste Révolutionnaire) à l’initiative des syndicats du bâtiment.

En 1936, alors que les usines sont occupées malgré la CGT (CGT et CGT-U réunifiées) et malgré le PCF, les appareils CGT et PC appellent à la fin des grèves au nom de la nouvelle union sacrée, celle du Front Populaire contre le fascisme. Une telle position conduit la CGT à abandonner l’Internationale comme chant de lutte le 1er mai 1937 et à le remplacer par la Marseillaise. Au même moment, la révolution sociale en Espagne subit les attaques meurtrières à la fois des fascistes et des staliniens alliés de la République espagnole. Le Front Populaire en France reste « neutre ».

Puis vint la seconde guerre mondiale, qui fut elle aussi un carnage, comme on le sait de toutes les guerres. En 1940, les syndicats sont interdits.

En 1944, on retrouve la CGT avec toutes ses composantes. Le Parti Communiste, devenu « le » parti ouvrier aidé par tous les mythes qui vont entourer la Résistance, prend le contrôle de l’appareil syndical. Il le garde encore aujourd’hui.

En 1946, les syndicalistes révolutionnaires (anarcho-syndicalistes) quittent la CGT et créent la Confédération Nationale du Travail (CNT), alors qu’en 1947, aidés par les syndicats américains et le Plan Marshall, les réformistes anti-communistes se retirent à leur tour de la CGT et fondent la CGT-Force Ouvrière (FO).

La CGT ne prônait plus alors, dans son discours, que le renversement des classes. C’est-à-dire la prise du pouvoir politique par une classe sociale. On est loin de l’abolition des classes que le syndicalisme s’est donné comme but à sa création. La CGT gardera son aura de syndicalisme de lutte de classes jusqu’en 1968. Là encore, comme en 36, les grèves et les occupations se multiplient partout en France, sans que les organisations ouvrières qui s’affirment représentantes du prolétariat aient leur mot à dire. Elles n’en avaient qu’un seul à la bouche de toute façon et elles le prononceront à Grenelle : il faut reprendre le travail. Il faudra l’intervention de la police de l’État pour que les usines ouvrent à nouveau. Les syndicats négociateurs affirment alors leur collaboration avec l’État et le patronat : ils sont partenaires indispensables au maintien de la paix sociale. Depuis, la CGT ne jouera plus que sa place dans l’appareil étatique et capitaliste.

En 1995, en plein mouvement social, son congrès renonce à la lutte des classes comme tactique. Aujourd’hui, elle rejoint officiellement l’autre branche du syndicalisme en France, le courant chrétien, fondé après la première guerre mondiale, dont la CFDT est issue.

II. De l’intégration du syndicalisme à la collaboration de classes

Le courant réformiste est celui qui aujourd’hui subsiste majoritairement, à une époque où à peine 10% de la population active est syndiquée. Peu à peu, ce syndicalisme s’est intégré et dans l’exploitation capitaliste et dans la domination étatique.

Depuis la Libération ces syndicats (CGT, FO, CFTC, CGC auxquels il convient d’ajouter la CFDT et des Fédérations de l’Enseignement) sont considérés par la loi comme représentatifs, même s’ils ne représentent rien du tout ou quasiment personne. Ils sont les interlocuteurs reconnus par les patrons et le gouvernement pour discuter, négocier, signer des tas de trucs qui nous concernent sans pour autant nous demander notre avis, sauf s’il s’agit de les élire dans une quelconque instance.

Ils siègent dans de nombreuses commissions paritaires (prud’hommes, sécurité sociale, comités d’entreprise...) et gèrent des organismes qui attribuent des subventions (Adami, Spedidam...). Ils salarient grand nombre de permanents qui ont depuis bien longtemps quitté les ateliers et les bureaux et de fait sont éloignés de la réalité du travailleur. Dans un conflit, l’intérêt des travailleurs est rarement l’intérêt de l’appareil syndical. Lorsque la base choisit l’action directe, s’opposant ainsi aux sacro-saintes négociations raisonnables de compromis historiques qui jalonnent notre Histoire, elle peut mettre en danger l’appareil syndical dont l’objectif n’est plus l’abolition de l’exploitation et de la domination, mais la conservation de ses privilèges dans ce système économique et politique. C’est ce qui s’est passé en 1936, en 1968 et ce qui se passe quasiment tous les jours.

Les réels « acquis » de notre classe sont le résultat de luttes menées non pas par un appareil mais par les prolétaires eux-mêmes quand le rapport de forces était en leur faveur. D’autres sont le résultat de négociations en dehors de toute lutte venant de la base, et ne sont en fait qu’un aménagement des conditions de l’exploitation. Si par exemple l’obtention du droit de grève et les 40 heures sont le résultat d’un rapport de forces favorable au prolétariat, ce n’est pas le cas des conventions collectives (accords pris entre syndicats représentatifs et organisations patronales).

Ainsi, au fur et à mesure de son intégration, le syndicalisme réfutant de fait que le prolétariat est une création du capitalisme, que la lutte de classes est une arme que ce même prolétariat reprend à son compte pour répondre à la guerre que lui mènent le capitalisme et l’État, en vient peu à peu à la collaboration.

Aujourd’hui, le syndicalisme dit réformiste, qu’il soit d’origine chrétienne ou issu du syndicalisme révolutionnaire peut être considéré comme un cogestionnaire de l’exploitation et de la domination que nous subissons. Il pose lui-même le capitalisme et la collaboration avec l’État comme une réalité incontournable et éternelle.

Ce qui est stupide. Mais quand on a tant de pouvoir politique et financier, il est difficile sans doute de renoncer aux privilèges que celui-ci octroie. Ainsi le syndicalisme réformiste contribue à l’inégalité sociale. Son enjeu aujourd’hui, c’est son intégration totale dans l’Europe (Confédération Européenne des Syndicats) et donc le contrôle des chômeurs.

III. La prise de pouvoir par le contrôle de la parole

Le premier syndicat créé dans l’industrie du spectacle le fut par des machinistes de théâtre à Marseille. À cette époque la CGT était encore vraiment "le" syndicat. Ce qu’elle prétend toujours être aujourd’hui, niant sa propre histoire, ses divergences et les scissions qui en ont résulté.

Lors du conflit il y a quatre ans qui opposait les travailleurs du spectacle aux décisions de l’Unedic (commission paritaire où siège la CGT), quelqu’un demandait à l’assemblée générale réunie dans un théâtre d’adhérer aux positions de la CGT car elle avait cent ans et savait de quoi elle parlait ; effectivement cent ans de reniements, cent ans, le temps qu’il faut pour s’installer dans de beaux locaux, avoir pignon sur rue, et mettre au rencart tout ce qui prône l’émancipation de tous.

Pendant ces dernières années, la CGT et les autres syndicats dits représentatifs ont discuté, négocié avec les patrons et l’État dans le plus grand des secrets, et il a été difficile de savoir de quoi il retournait. Par exemple, lors du dernier mouvement, c’est bien apres que nous avons appris que des accords avaient été signés en avril 97 et en octobre 98, et il nous a fallu chercher à droite et à gauche, se coltiner les divers services administratifs et sociaux, pour enfin obtenir des morceaux de lois, des bouts de signatures, des textes divers. Vient le temps de la signature, de la ratification, de l’ultime discussion, et à ce moment-là la CGT spectacle appelle à la mobilisation. En fait que nous demande-t’elle ? De faire les marionnettes dans des réunions bidons, dans la rue ou à l’Union Patronale pour appuyer sa position dans la négociation. Rien de plus

Tous les moyens seront bons selon les circonstances : un coup les méchants c’est le CNPF-Medef, un autre coup ce sont les autres syndicats, un autre coup le gouvernement, à l’encan, à la meilleure des démagogies.

À Marseille, elle appelle à des assemblées générales, motivées par « l’urgence ». Elle y prend la parole unilatéralement pendant des heures, feint d’ignorer que la majorité des personnes présentes n’est pas syndiquée à la CGT et mène la soi-disant Assemblée Générale comme s’il s’agissait d’une réunion interne à la CGT. Toute parole discordante, toute critique est soit traitée avec condescendance, soit montrée du doigt comme « diviseur du mouvement » selon les circonstances du moment, selon l’impact possible que pourrait avoir la parole discordante. Les « assemblées générales » ne sont jamais décisionnelles. Les décisions sont prises ailleurs, dans la CGT, soit à Paris, soit localement.

De qui se moque-t’on ? Eh bien des travailleurs du spectacle. L’urgence a toujours été l’argument des démagogues pour nous empêcher de discuter, de comprendre, de mettre ensemble nos réflexions et nos expériences, de décider de nos luttes et de nos actions, d’agir enfin ensemble en sachant bien ce que nous faisons. Pas le temps de discuter, il faut agir : c’est une blague ! Il y en a qui ont déjà discuté et savent très bien ce qu’ils font, un petit nombre, ceux-là même que nous n’avons jamais élus, que nous ne connaissons ni d’Ève ni d’Adam, qui ne font même pas nos métiers (ni celui des autres d’ailleurs), qui ne connaissent aucune de nos difficultés réelles, qui discutent, bradent et signent ou refusent de signer (ce qui ne change rien au demeurant).

Il est à remarquer que parmi les « paroles discordantes », il y a celles qui demandent à rejoindre d’autres travailleurs en lutte. Ces propositions sont rejetées systématiquement quand elles n’ont pas été décidées au préalable. Le corporatisme est fondamental. Mais les conflits internes et les rapports de pouvoir dans la CGT sont également des facteurs qui interviennent dans la décision de la fédération du spectacle de la CGT : corporatisme ou intercorporatisme, c’est selon le baromètre. Cette année, visiblement, il ne fallait pas se compromettre avec la faction stalinienne de la CGT, dont la CGT-chômeurs fait partie.

Ce n’était pas le cas il y a deux ans, du moins en paroles. Mais de façon générale, l’intercorporatisme devient un danger pour l’appareil, car tous réunis, nous trouverions des points de convergence et des luttes communes à mener, ne serait-ce que parce que nous subissons tous l’exploitation et l’aliénation qu’elle engendre. Et il est certain, qu’organisés à la base, nous n’aurions pas besoin d’une banderole écrite par d’autres et qui vante les mérites d’une fédération d’industrie à laquelle nous n’avons jamais adhéré !

Non, la CGT n’est pas « le » syndicat, il y en a d’autres. Pas mieux, c’est sûr, en ce sens qu’ils prétendent tout autant nous représenter, alors que nous ne leur avons rien demandé. Mais s’ils nous représentent les uns et les autres c’est uniquement parce que la loi, faite par ceux qui nous exploitent et nous dominent, le dit. Il vaut mieux pour eux tous toute une série de textes qui réglementent les conflits et des discussions dans des bureaux : ils peuvent continuer d’exercer leur domination au travers de représentants à vie qui considèrent notre existence uniquement quand ils ont besoin de nous pour faire les marionnettes. C’est valable pour tous les syndicats représentatifs (de par la loi).

IV. Puisque personne ne travaille à notre place, que personne ne décide plus à notre place !

Ce que ces syndicats ne veulent pas, ce que le Capital et l’État ne veulent pas, c’est la même chose : que nous nous passions d’eux et que nous prenions nos affaires en main.

Mais rien ne nous empêche de nous réunir sur nos lieux de travail, dans des bistrots, des parcs, à la plage ou n’importe où qui nous convienne, pour mettre en commun nos réalités, nos idées, nos propositions et décider de nos luttes et de nos actions. Rien ne nous empêche de tenir des réunions où la parole de chacun est libre et critiquable par les autres, des réunions où l’objectif est la décision commune d’action.

Rien ne nous empêche, si nous décidons de discuter avec les patrons ou l’État, de déléguer des personnes pour ce faire, avec un mandat précis, et qui rendent compte au fur et à mesure à l’assemblée générale, seule habilitée à prendre des décisions. Rien ne nous en empêche. Rien ne nous empêche non plus de prendre contact avec d’autres métiers et d’échanger nos expériences, et de lutter ensemble.

La loi, les lois ne sont jamais que des textes de circonstance qui protègent ceux qui les ont écrites. Heureusement, il y a des trous, et c’est par là qu’il faut nous faufiler. Le syndicalisme, c’est-à-dire la réelle défense des intérêts des exploités, salariés ou chômeurs, opposés aux intérêts du Capital et de l’État, ne prend sa force et n’est efficace que dans l’action directe décidée par les intéressés eux-mêmes. Pas par des bureaucrates.

Et éventuellement, si nous voulons créer un syndicat autonome, nous le pouvons aussi (en toute légalité). Nos luttes sont luttes de circonstance. Il nous faut certainement garder en mémoire que rien n’est jamais acquis cependant, et que nous ne pouvons échapper à la lutte des classes que nous mènent les puissants. Si nous nous reposons un instant, les patrons, l’État et leurs alliés du moment, eux n’hésitent jamais dans l’offensive. Ils peuvent user des armes si c’est nécessaire, si leur arsenal juridique s’avère inopérant.

Nous n’aurons de cesse de chercher à les affaiblir, jusqu’à abolir l’exploitation et l’État, pour en finir avec cette société inégalitaire, cette course à la survie, pour en finir avec notre aliénation.

Réflexion sur les producteurs de sens giratoires et obligatoires

Quand menace une guerre, nos « représentants » politiques incitent le prolétariat à s’unir avec la bourgeoisie au nom de la défense de la Mère-Patrie.

Le Front National tisse sa toile, nos « représentants » politiques prônent l’union de toutes les classes au nom de l’anti-fascisme, de la démocratie ou des Droits de l’Homme. Le chômage se développe, les mêmes ou leurs semblables prônent une solidarité État-Patrons-Travailleurs au nom d’une Europe qui devrait limiter l’appétit du géant américain... Tout est bon pour encourager la collaboration des classes parce que le « pire » nous menace.

Quant au syndicat « majoritaire » (CGT) qui s’autoproclame le représentant légitime des intermittents du spectacle : quel est l’argument massue qu’il invoquait cet hiver pour nous convaincre du bien-fondé de sa stratégie corporatiste ? Pourquoi faut-il que les travailleurs du spectacle s’unissent avec leurs employeurs pour maintenir les annexes 8 et 10 du régime Assedic ? Parce que nous sommes des producteurs de sens !

Tant pis si nous percevons des cachets de misère. Tant pis si nos heures de répétition ne sont pas rémunérées. Tant pis si nos déplacements sont à nos frais. Tant pis pour la précarité de nos emplois... tous ces sacrifices permettront à nos employeurs de préserver un outil de travail « sacré », celui qui produit du sens et dont la société ne peut se passer.

Tant pis si le sens produit nous fait tourner en rond, dans le sens des aiguilles patronales qui régissent notre vie ? Tant pis si ce sens giratoire est obligatoire avec un flic qui régule votre circulation en fonction du marché de l’art, de l’audimat ou du facteur de pacification sociale de telle ou telle manifestation culturelle ?

Dit autrement : devons-nous cautionner la production de n’importe quel sens ? Le simple fait d’accepter le bien-fondé de cette question remet en question le caractère « sacré » de l’œuvre spectaculaire créatrice de sens. À partir de ce moment-là les travailleurs du spectacle se retrouvent confrontés aux mêmes problèmatiques qu’un ouvrier d’une usine d’armement, d’une centrale nucléaire ou d’une usine de retraitement de déchets radioactifs :

-  pouvons-nous, au nom de la défense de l’emploi, tolérer que soient produits des marchandises néfastes pour les espèces vivantes, la terre, l’atmosphère... ?
-  pouvons-nous participer à la production de marchandises qui contribuent à l’asservissement, à l’abrutissement de notre classe ?

Dans les deux cas, il est urgent que quelle que soit notre fonction dans une chaîne de production nous ayons tous notre mot à dire tant sur le fond que sur la forme du spectacle. L’organisation du travail d’une équipe productrice de spectacles produit autant de sens que le spectacle lui-même. Ainsi, l’abolition de toute hiérarchie, de toute discrimination sociale et sexiste, de toute division entre intellectuel et manuel au sein d’une équipe de producteurs de spectacles fait partie du spectacle.

Si produire du sens c’est mettre en œuvre de la pensée et que le propre d’une pensée c’est de ne pas reproduire du même, produire du sens c’est ouvrir des possibles. Il n’existe alors de pensée politique que révolutionnaire. Le reste n’est que de l’opinion. Par exemple, une pièce de Brecht montée par une troupe hiérarchisée avec des rapports de subordination entre ses membres sera une œuvre d’opinion de gauche mais qui ne remettra pas en cause les fondements sociaux qui causent l’exploitation d’une classe par une autre.

Il ne peut y avoir de production de sens, n’en déplaise aux syndicats corporatistes, que dans la mesure où tous les producteurs concernés ont une exigence résolue de liberté. Une pensée libre ne peut être qu’une pensée qui effectue une mise à distance concrète de l’État. Le rôle de l’État étant d’assurer l’asservissement de ses sujets pour la bonne marche du système économique qu’il défend.

Si nous ne voulons pas être les exécutants d’une politique culturelle imaginée par les larbins du Capital, ni les cogestionnaires de notre précarité, il est temps que nous nous occupions nous-mêmes de nos affaires. Là encore nous produirions du sens, mais cette fois-ci socialement nécessaire.

Bien entendu ceci ne va pas sans la perspective d’un renversement radical du système d’exploitation capitaliste et donc de l’abolition définitif du salariat. Là où il y a le salariat, il y a bligatoirement subordination et exploitation. Là où il y a exploitation, il ne peut y avoir ni production de sens ni mise en œuvre d’une pensée libre.


La Confédération Nationale du Travail a pour but :

-  de grouper sur le terrain spécifiquement économique, pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux, tous les salariés, à l’exception des forces répressives de l’État, considérées comme des ennemies des travailleurs.

-  de poursuivre, par la lutte de classes et l’action directe, la libération des travailleurs qui ne sera réalisée que par la transformation totale de la société actuelle.

Elle précise que cette transformation ne s’accomplira que par la suppression du salariat, par la syndicalisation des moyens de production, de répartition, d’échange et de consommation, et le remplacement de l’État par un organisme issu du syndicalisme lui-même et géré par l’ensemble de la société.


Exigeons d’être salariés pour chaque journée de travail effectuée-répétitions, voyages, préparation ou montage technique, représentations - et que nos allocations chômage retrouvent leur fonction, qui est de permettre aux travailleurs sans emploi de vivre, et non pas aux patrons d’employer sans payer de salaire. Exigeons que le régime particulier d’assurance chômage soit maintenu et amélioré, et qu’il soit étendu à l’ensemble des travailleurs qui, quelle que soit leur profession, subissent les mêmes conditions de précarité du travail.


CNT AIT Vieille Bourse du Travail 13 rue de l’Academie 13001 MARSEILLE


CNT-AIT



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