Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

[ Imprimer cet article ] [ Envoyer cet article ] [ Nous ecrire ]



IL Y A LUTTE ET LUTTE

vendredi 15 février 2002

Sur les ondes, chaque jour, ça se dit en fin de journal, un peu comme la météo : "Aujourd’hui les postiers sont en grève à Nice et à Évreux, contre l’accord pour les 35 heures, de même qu’à Lyon et à Corbeil. À Argenteuil et Mérignac, chez Dassault, débrayage pour l’octroi d’une prime de 1500 F, tandis qu’à Saint-Gacien-sur-Creuse les parents d’élèves réclament l’ouverture d’une classe supplémentaire". Ils nous annoncent cela comme des orages, des mini-tornades localisées. La météo sociale et communale, quoi !

Ce qu’omet de dire Monsieur Paoli et la triste équipe du journal de France Inter, c’est que les luttes dans les bureaux de poste sont surtout des combats de la solidarité, réclamant la création d’emplois et l’arrêt de la dérive marchande de la poste. Malgré l’acharnement des centrales syndicales à isoler ces luttes les unes des autres et à les étouffer, les postiers se battent sans se tromper d’adversaire. Comme les employés de la mairie de Blagnac, qui luttent pour la titularisation des précaires et l’égalité des primes.

Mais une lutte, ça peut faire aussi LE titre du journal, lorsque c’est une grève de bus ou de métro pour réclamer de la sécurité. Un bris de vitre, une insulte (les chauffeurs de bus sont réputés pour leur politesse, c’est connu), une menace, une gifle, et hop c’est le jour de grève assuré avec tract ignoble pointant du doigt "l’ennemi" (le gosse de banlieue) et réclamant plus de sécurité, plus de flics. Autonomes, Cégette, Sud, pas de complexe, on hurle à la violence, on geint à l’insécurité. Quelle insécurité ? L’insécurité du logement, d’un revenu, des soins ? Non  ! L’insécurité des "chauffeurs" de bus. Ces grèves là, ces tracts là, sont de la pire engeance. C’est de la graine de police, de ghetto, de haine. C’est cela qu’ils veulent ? Ils sont quoi ? Chauffeurs ? Contrôleurs ? Caissiers ? Trieurs de client ? Agents de sécurité ? Pourquoi leurs tracts ne réclament-ils pas la gratuité des transports pour tous, la multiplication des lignes de bus, l’allégement des horaires, la création massive d’emplois pour conduire ces bus et non plus les fliquer ?

Les luttes des postiers, celle des municipaux de Blagnac, les mobilisations contre l’enfouissement des déchets nucléaires, ce sont des luttes pour le droit de vivre décemment, humainement. Ce sont des luttes contre le rouleau compresseur des capitalistes et des politichiens de la social-démocratie. Ce sont des luttes contre la société de la marchandise et du pognon à tout prix. Ce sont des luttes contre le pourrissement du monde et son égoïsme. Celles des chauffeurs et des profs dans certains quartiers (voir C.S. Mars-Avril) qui réclament des matons supplémentaires dans chaque bus, dans chaque lycée, ne sont pas des luttes de notre classe, ça non !

Hasard de l’actualité médiatique peut-être, ces jours-ci, les chauffeurs de bus n’ont pas la cote auprès des médias. Un flic les a grillés sur le poteau. Encore un ! Il vient d’abattre d’une balle dans la nuque Ryad, 25 ans, dans un quartier "sensible" de Lille. Comme pour Habib au Mirail en 99, comme à Lyon, Vénissieux ou ailleurs, quelques voitures et poubelles flambent, les flics en meute font leurs razzias de "casseurs" et les petits juges balancent les mois de tôle et les relaxes selon la technique de la carotte et du bâton. Les chauffeurs de la région Lilloise et les profs affolés doivent être "sécurisés" maintenant ! Surtout, je ne leur souhaite pas de perdre leur emploi, à tous ces braves gens. Avec le chômage, l’insécurité grandit : on n’est plus sûr de rien, ni de pouvoir nourrir et habiller ses gosses, ni de pouvoir payer le loyer ou repousser le recouvreur de créance. On n’a plus du tout de quoi payer la bagnole, ni des vacances aux mômes. On devient vite suspect, contrôlable. On peut bouger, faire un geste "mal interprété", se jeter par la fenêtre et crever au pied d’un immeuble ou dans un commissariat.

Comme chaque année, la CNT-AIT ne sera pas dans le défilé Kermesse du 1er Mai organisé sur les grands boulevards par les "grandes" confédérations syndicales, celles là même qui soutiennent les matons des bus, et torpillent les luttes des postiers. Nous serons au Mirail. On ne se trompe pas de lutte, ni de camarades de combat.

A.M.

Editorial du Combat Syndicaliste, Mai 2001 Numéros gratuits sur simple demande à CNT AIT 7 rue St Rémésy 31000 TOULOUSE


CNT-AIT



-  Contacter des militants anarcho-syndicalistes
-  http://cnt-ait.info est le site d’actualité de l’Anarcho-syndicalisme.
-  La reproduction et la diffusion de l’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme sont encouragées

Traduction(s):

[ Haut ]

L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP, un programme Open Source écrit en PHP sous licence GNU/GPL.