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Année Victor HUGO :
Edito du Combat Syndicaliste - n°77 - Octobre / novembre 2002

jeudi 3 octobre 2002

Thénardiers ! Il faut une âme de Thénardier pour jeter des Gavroches de 13 ans en prison. Pour décréter que quelques jeunes qui discutent dans un hall d’immeuble méritent 6 mois de prison. Pour violer l’intimité des pauvres en permettant la fouille des coffres de voiture à la tête du client et les perquisitions de domicile sans motif, en prolongeant les gardes à vue au delà de toute mesure. Pour pousser les prisonniers au suicide et pour inciter à la délation. Il faut être un Thénardier pour augmenter le salaire des ministres de 70 % et maintenir des cohortes de Cosettes au Smig, au Rmi, parfois à rien du tout. Thénardiers, vous rêvez de ruiner les retraités en imposant la capitalisation, et vous méprisez les malades en réduisant encore et toujours les remboursements de la Sécurité sociale. Les millions de travailleurs que vous exploitez dans la restauration rapide comme ailleurs, les centaines de milliers que vous avez jeté à la rue, dans de grandes villes ou de modestes communes comme Négrepelisse, connaissent votre vrai visage, Thénardiers. Vous nous assuriez que toutes les mesures de sécurité étaient prises avant l’explosion d’AZF, et maintenant, vous nous chantez sur le même air la chanson d’une chimie "propre" et "sûre". 30 morts et 9 000 blessés n’ont pas suffi. Elections prud’homales obligent, après présidentielles et législatives, vous nous appelez de nouveau aux urnes, pour que nous fassions acte d’allégeance. Et quand vous prononcez le mot "humanité", c’est seulement que vous ruminez la libération d’un immonde collabo ! Thénardiers.

Thénardiers, ce que vous commencez à entendre, c’est le bruit des casseroles d’Argentine, c’est le cri sourd qui monte de nos poitrines. Thénardiers, nous sommes les Jean Valjean, les Gavroches, les Cosettes. Et nous sommes des millions.

OUTRAGE A ENSEIGNANT

..."l’outrage (à un enseignant) est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende"
(Article 45, Loi Perben, 9 sept. 2002)





"Marchands de grec ! marchands de latin ! cuistres ! dogues !
Philistins ! magisters ! Je vous hais, pédagogues ! (...)
Que d’ennuis ! de fureurs ! de bêtises ! - gredins ! (...)
Car vos textes, vos lois, vos règles sont fossiles !
Car, avec l’air profond, vous êtes imbéciles ! (...)
Eunuques, tourmenteurs, crétins, soyez maudits !
Car vous êtes les vieux, les noirs, les engourdis (...)
Et vous pétrifiez d’une haleine sordide ;
Le jeune homme naïf, étincelant, splendide. (...)"

Victor Hugo, Les contemplations

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