Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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LA REVOLTE DES TRAVAILLEURS DES CINEMAS

jeudi 4 février 2010

Tract diffusé en solidarité avec la lutte des travailleurs du cinéma Bablylon Mitte de Berlin , à la projection du film "La révolte des cinéastes" organisée par le Goethe Institut de Paris et ARTE pour célébrer les 60 ans de la Berlinale.

Si vous souhaitez diffuser ce texte auprès des instituts Goethe de votre région, vous pouvez télécharger le pdf à la fin du texte.

L’union fait la force, la solidarité est notre arme !

LA REVOLTE DES TRAVAILLEURS DES CINEMAS

Il est courant de parler de « la magie du 7ème art ». Pourtant, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce ne sont pas des petits lutins qui gentiment font tourner les bobines pour vous permettre de profiter de la dernière séance. Si vous pouvez voir des films c’est parce que dans les cabines de projection, derrières les caisses, dans les travées pour ramasser les papiers après la séance, il y a des femmes, des hommes ... des SALARIES !

Et oui, au risque de casser le rêve, le cinéma est une industrie comme les autres. Et qui dit industrie dit argent, profit, bénéfices. Or ce n’est un secret pour personne : dans toute industrie, la meilleure façon de maximaliser les profits c’est encore de présurer les salariés. L’industrie du cinéma, de la réalisation à la projection, ne déroge pas à la règle : intermittents, pigistes ou CDD, c’est précarité à tous les étages ! Oh certes, certains vont répondre qu’il ya aussi un artisanat dans cette industrie, qui vit chichement, et essentiellement de subventions publiques. Justement ; on serait en droit d’attendre de ces entreprises qu’elles soient exemplaires en matière sociale. Hélas c’est rarement le cas. On a déjà eu le cas des cinémas ABC, Carmes ou Utopia en France.

Prenez l’exemple du Cinéma Babylon de Berlin : voilà un cinéma d’art et d’essai tout ce qu’il y a de « branché et engagé ». Il est bien connu des berlinois et héberge d’ailleurs une section de la Berlinale. Son directeur est un homme au dessus de tout soupçon : patron-citoyen, membre du parti De gauche (Die linke), qui projette des films « engagés et sociaux », et qui pour cela reçoit des subventions de gauche (de la mairie SPD-Die Linke). Sauf que c’est juste bon pour le décor ! Dans son entreprise, les salariés sont payés entre 5 euros50 et 8 euros bruts de l’heure, les heures sup ne sont pas payées, le travail le week-end n’est pas considéré, etc ... Business über alles !

KINO BABLYLON BERLIN, OU LE RETOUR DES REVOLTES DU BOUNTY !

A l’été 2009, les travailleurs du cinéma Babylon, ont décidé de réécrire le scénario, mais cette fois sans suivre le script du patron-citoyen. De simples figurants, ils sont devenus acteurs de leur lutte en s’auto-organisant par et pour eux-même. La parole étant redonnée à la créativité individuelle et collective, ils ont alors décidé d’utiliser des modes d’action innovants, s’appuyant sur un boycottage très efficace (car mené sur la durée) pour gagner sur des revendications amples. Le tout avec une participation des salariés eux-mêmes, chose inconnue au pays du syndicalisme institutionnel et paritaire. Tout cela a impressionné largement le public berlinois. Voila qui change des journées d’action sans lendemain, du corporatisme de métier et des trajets rituels pour épuiser la combativité des travailleurs.

(Image JPEG)

Bien sur tout cela n’est pas du goût du patron-citoyen. Bénéficiant de l’appui du parti Die Linke et du syndicat monopolistique ver.di, le patron a multiplié les tracasseries administrativo-juridique pour essayer - sans succès - de casser le mouvement de rébellion. Dernière en date : il vient d’obtenir d’un tribunal l’interdiction du petit syndicat FAU-AIT [1] dans lequel se sont regroupés les travailleurs en lutte. Sous peine d’amende de 250 000 euros ou d’emprisonnement !!!

C’est la seconde fois dans son histoire que la FAU-AIT, née en 1920 dans les sursauts révolutionnaires, se fait interdire. La fois précédente c’était en 1933, après l’accession des nationaux-socialistes au pouvoir...

POUR LA PREMIERE FOIS DEPUIS 1933, UN SYNDICAT OUVRIER INTERDIT EN ALLEMAGNE ET AVEC L’APPUI DE LA GAUCHE EN PLUS ! LA LIBERTE D’ASSOCIATION EN DANGER !

Ce conflit social est pourtant bien modeste. Au-delà de la FAU-AIT, c’est toute organisation autonome des travailleurs, sur les bases qu’ils se donnent eux même librement, en totale indépendance, qui est de fait interdite. Cet arrêt ouvre la porte à la criminalisation d’éventuels mouvements sociaux qui pourraient survenir en cas de réaction populaire contre la crise.

Pour nous ce qui fait sens dans le cinéma ce n’est pas seulement les images qui sont projetées, mais la façon dont elles le sont. L’organisation du travail d’une équipe dans le domaine du spectacle produit autant de sens que le spectacle lui-même.

Si pour vous cette attaque contre un droit aussi fondamental que celui de la liberté d’association fait sens, vous pouvez envoyer des lettres aux organisateurs de la Berlinale pour leur demander de ne plus projeter de film dans le cinéma Babylon, tant que patron maintiendra son attitude : Berlin International Film Festival Potsdamer Straße 5 10785 Berlin allemagne TEL : +49 · 30 · 259 20 444 / info@berlinale.de 

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Ce tract a également été distribué au Goethe Institut de Toulouse par les compagnons de la CNT AIT locale :

(Image JPEG)

Stoppt die Repression gegen die FAU-IAA Berlin !

mercredi 7 avril 2010

Des militants de la CNT-AIT de Toulouse se sont rassemblés devant le Goethe Institute qui proposait ce soir-là une soirée cinéma. À cette occasion, nous avons déployé des pancartes afin d’informer les passants de la raison de ce regroupement. Le tract rédigé par les compagnons anarchosyndicalistes de Paris a été distribué, et a été très bien perçu par les personnes présentes. Certains militants ont alors eu l’occasion de discuter avec un public assez jeune, qui attendait là le début de la séance.

Bien que parfois certaines personnes puissent accueillir avec perplexité les sollicitations extérieures, notre action symbolique n’est pas passée inaperçue. Elle a été l’occasion de révéler les pressions subies par nos compagnons de la FAU et de faire prendre conscience aux personnes présentes de certaines réalités actuelles.

Après avoir distribué notre tract à l’extérieur, quelques-uns de nos militants sont entrés dans le Goethe Institute pour pouvoir « toucher » les personnes à l’intérieur et pouvoir ainsi dialoguer avec certaines d’entre elles. Avec l’accord du personnel, nous en avons profité pour y laisser quelques tracts à la disposition des personnes qui se rendraient les jours suivants à ce lieu « culturel ». Une fois la séance cinéma commencée, nous avons collé quelques affiches autour du bâtiment, puis nous avons quitté les lieux.

CNT-AIT (Section en France de l’Association Internationale des Travailleurs)

http://cnt-ait.info

contact@cnt-ait.info


[1] Freie Arbeiterinnen- und Arbeiter Union, Union libre des travailleuses et des travailleurs, section allemande de l’Association Intrenationale des Travailleurs, de tendance anarchosyndicaliste

Revolte-travailleurs-cinema
Document PDF - 86.1 ko


CNT-AIT



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