Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

[ Imprimer cet article ] [ Envoyer cet article ] [ Nous ecrire ]



Toulouse
grève des transports = usagers solidaires

BUS_METRO_BOBO

dimanche 2 mars 2003

Novembre. Le métro a des coupures, le matin quand on part au boulot, le soir quand on rentre, et puis n’importe quand dans la journée. Vingt minutes, une heure... ça dépend. Dans tous les cas, les passagers sont obligés de quitter les rames et les stations... et de se débrouiller. Les bus sont bondés, et encore heureux quand il y en a. On parle de coupures techniques, de grèves... personne ne sait très bien.

Décembre, ça continue, en pire. Une chose se précise : il s’agirait bien d’une grève perlée de "certaines catégories de personnels", (ceux qui seraient au centre de pilotage* [1]. Mais les revendications ne sont pas connues. D’ailleurs, il n’y a pas de véritable information, ni de la part de la direction, ni de celle des syndicats institutionnels, ni des grévistes. Nous n’en savons pas plus.

Tout ce que nous savons, c’est que les militants qui habitent en banlieue nous disent, à la réunion de notre syndicat CNT-AIT, que, si la grève n’a que peu de répercutions pour les gens du centre ville, la colère monte dans les quartiers : les retards quotidiens au travail, à l’école, l’impossibilité de sortir le soir (on ne sait jamais si on pourra rentrer), et encore plus le week-end (fermetures quasiment systématiques), l’imprévisibilité des coupures... rendent la vie au quotidien insupportable, surtout avec l’hiver qui commence. La situation pourrit progressivement et des habitants, qui n’ont aucune information, commencent à gueuler contre les grévistes et à demander qu’on les oblige à reprendre le travail... Evidemment, on ne s’y prendrait pas autrement si on voulait monter la population contre le droit de grève et si on voulait pousser l’exaspération jusqu’à l’incident (et l’exploiter ensuite médiatiquement contre les habitants -sur le thème de l’insécurité- et contre le droit de grève).

Mais, que faire ? Malgré nos recherches, nous n’avons pas de contact direct avec les grévistes. Alors, nous décidons collectivement de prendre une position de principe : contre le patronat, pour le droit de grève, pour les revendications des habitants en matière de transport. D’ailleurs, ces trois points sont bien liés dans nos têtes. Et, si nous n’avons pas de syndiqués chez les traminots, nous en avons chez les usagers les plus touchés ! C’est le point de départ pour l’action. Un tract est alors rédigé. Sous le titre "Bus, métro, bobo", il fait le point (voir encadré) et est signé "Les usagers solidaires". Ayant été rédigé par des militants et sympathisants de la CNT-AIT, il porte notre adresse. Dans les jours qui suivent, nous le distribuons massivement autour des stations des quartiers concernés. Il est très bien accueilli par les habitants avec lesquels nous discutons, en particulier l’idée que la grève, au lieu d’être une coupure du service, devienne un transport gratuit ! Et puis, très vite, le métro reprend son fonctionnement habituel. Y sommes-nous pour quelque chose ? Nous n’en savons rien ; mais dans cette période de régression sociale, nous avons montré qu’on peut toujours être solidaires et actifs !

Un militant


La grève, c’est fait pour la satisfaction des revendications et aussi pour montrer aux autres qu’il est possible de lutter et de gagner. Face au refus d’une direction, il n’y a pas d’autres choix. Les patrons jouent la montre, enlisent les conflits, pourrissent la situation. Ils veulent que les usagers se révoltent contre les grévistes.

Pourquoi y-a-t-il la grève dans les transports toulousains ?

-  s’ils font la grève parce que dans le métro et dans les bus aux heures de pointe on est serrés comme des sardines... Alors, ils ont raison d’être en grève.
-  S’ils veulent des équipements modernes pour éviter les queues infinies difficilement supportables... alors, ils ont raison de faire grève.
-  S’ils considèrent qu’il y a trop de contrôles intempestifs et mal venus... alors ils ont raison de faire grève.
-  S’ils pensent que toutes les conditions de sécurité ne sont pas réunies sur le chantier de la ligne B, où il y a eu un accident mortel il n’y a pas un mois... alors c’est encore bien qu’il y ait la grève.
-  S’ils estiment que le prix du billet est bien trop élevé pour nous les usagers qui nous armons souvent de beaucoup de patience... qui va s’en plaindre ? Nous les usagers ? Non !

Les dirigeants pensent au tiroir-caisse. Ils veulent nous faire croire que les grévistes sont nos ennemis. Hé bien, non, ça ne marche pas !

Aujourd’hui, c’est dans les transports qu’ils luttent. Demain, ce sera le tour d’une autre profession et après-demain, ce pourrait bien être le nôtre, même si c’est la grève des loyers parce que les HLM tardent dans les travaux de l’après explosion et qu’ils veulent nous soutirer le peu qu’ils nous ont concédé. Alors, pour que les luttes aboutissent bien plus vite, il est nécessaire que la solidarité des usagers se voit clairement. Il faut que cet élan entre les grévistes et les usagers soit bien visible, par exemple en faisant fonctionner les transports sans obligation de compostage des billets. Ce seraient alors les dirigeants qui seraient pas contents. Sûr qu’il lâcheraient plus facilement.

Tous pour un, un pour tous - Bus et métro gratuits !

(Entraits du tract « Grève des transports, usagers solidaires)


[1] ce métro fonctionne électroniquement, sans chauffeur, à partir d’une station centrale de pilotage.


CNT-AIT



-  Contacter des militants anarcho-syndicalistes
-  http://cnt-ait.info est le site d’actualité de l’Anarcho-syndicalisme.
-  La reproduction et la diffusion de l’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme sont encouragées

Traduction(s):

[ Haut ]

L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP, un programme Open Source écrit en PHP sous licence GNU/GPL.