Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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OCCUPATION DE LA FAC DE ROUEN : NI CPE - NI CDI !

mercredi 8 mars 2006

Transmis par des occupants


AG mercredi 8 mars à 10 heures àla fac de lettres .

ça bouge et ça rigole on va tenir jusquau bout vive l’occupation festive, vive l’autonomie !!!

Ca y est, la fac de Rouen commence à se mobiliser.

Apparemment, depuis hier le bâtiment de Lettres est occupé par une trentaine de personnes et une grande fête est annoncée pour ce soir. Ce matin, une grande banderole à l’entrée de la FAC disait : « QUI CONSENT SUCE - NI CPE - NI CDI -OCCUPATION ».

Les revendications restent un peu floues mais les étudiants mobilisés semblent dire qu’ils n’arrêteront pas avant le retrait définitif du CPE. Ci-joint deux de leurs tracts. L’ambiance est quand même un peu tendue. Dans la nuit, des jeunes de l’UMP venus coller des affiches pro-CPE sur le campus se sont fait agressés. Les rumeurs disent qu’ils sont repartis avec des cocards et leur sceau de colle vidé sur la tête. Dans l’Amphi principal, un tag rapporte : VIVE L’ACTION DIRECTE. Les AG sont un peu chaotiques mais finalement, les différents syndicats et partis ne parviennent pas à faire régner leur loi. La tendance principale paraît être un refus du CPE à partir d’un rejet en bloc du monde du travail. On verra bien ce que donnera la mobilisation à la manif de cette après midi et si la grande fête de ce soir sera si chaotique et communiste que les mobilisés veulent bien le dire.

Une étudiante de Rouen

(Image JPEG)
ROUEN_06-03-07
Occupation fac Rouen 07 mars 2006

TRACT

« Nous ne serons jamais aussi libres que sous l’occupation »

«  Je vois une génération entière qui travaille à des pompes à essence, qui fait le service dans des restos ou qui est l’esclave d’un petit chef dans un bureau. La publicité nous fait courir après des voitures et des fringues, on fait des boulots qu’on déteste pour se payer des merdes qui nous servent à rien. On est les enfants oubliés de l’Histoire. On n’a pas de but ni de vraie place, on n’a pas de grande guerre, pas de grande dépression. Notre grande guerre est métaphysique, notre grande dépression, c’est nos vies. La télévision nous a appris à croire qu’on serait des millionnaires des dieux du cinéma ou des rockstars, c’est faux. Nous apprenons lentement cette vérité et on en a vraiment, vraiment plein le cul. »

Tyler Durden

A la suite du vote de la loi sur le C.P.E., un mouvement de grèves et d’occupations s’est propagé dans les facs et les lycées à travers toute la France. Rennes, Caen, Nanterre, Tolbiac, Jussieu, Lille, Montpellier, Pau, Tours et maintenant Rouen. Ce qui se propage, ou du moins ce qui nous contamine, ce n’est pas un penchant pour l’indignation mais l’intensité qui advient, parfois subrepticement, dans ces mouvements. A Nanterre, certains bloquent les gares, les autoroutes ; à Rennes, d’autres projettent des films ou défilent masqués par centaines la nuit. Ce qui est en jeu, ce que nous mettons en jeu, c’est un sabotage possible des rouages du quotidien, une réappropriation de cette jeunesse qui nous file entre les doigts. C’est-à-dire une certaine manière de répondre pied à pied et coup pour coup à la situation qui nous est faite.

Cette situation, nous l’avons comprise depuis un moment, c’est celle de la crise permanente. Ce qui reste de cette société va mal, et il nous faudrait tout accepter pour qu’elle se survive. Car finalement tout va mal mais tout est normal. A nous de tout faire pour trouver notre place sur l’échelle des vies de merde. Merci pour tout, on reviendra.

D’un côté, cette situation nous paraît à tous aussi fatale que détestable. De l’autre, nous avons été si minutieusement dépossédés de tout que plus rien ne nous retient de lui livrer la guerre qu’elle mérite. Nos parents ne nous sauverons plus, nos diplômes ne nous sauverons plus, cette société ne nous sauvera pas.

Finalement, parfaitement précarisés, nous n’avons désormais plus rien d’ autre à perdre que les destins dont nous ne voulons déjà plus. Certains ont déjà parlé de la révolte des enfants perdus.

Evidemment, ce qui fera la force de ce mouvement anti-CPE, ce n’est ni l’ indignation feinte des syndicats bien-pensants, ni le verbiage usé des organisations politiques dépressives, mais notre capacité collective à suspendre la situation normale pour en arracher les possibles. Laissons la misérable excitation militante à ceux qui s’en contentent.

Afin d’éviter les méandres bureaucratiques et les gémissements auto-complaisants, si courants dans les AG, nous proposons dès maintenant :
-  La grève
-  Le blocage de la fac
-  L’occupation

Pour cela, il faut au plus vite constituer :
-  Un comité d’Action (L’ineffectivité et l’ennui des modes de protestations habituels nous obligent à repenser l’Action Directe)
-  Un comité d’Occupation (Afin d’organiser une réappropriation festive de notre cadre de survie)
-  Un comité Décoration (Pour sortir, au propre comme au figuré, de la grisaille de notre quotidien)


AFFICHE

La sécurité de l’emploi est un désir d’esclave

Derrière le refus du CPE on entend d’abord la peur, la peur de ceux qui se savent seuls face aux pouvoirs, d’être encore plus dépourvus face à la suprématie de l’économie ; et cette peur ne trouve d’autre voie que de se traduire en demande de sécurité. Mais justement, alors qu’on implore sa protection, la domination se renforce, et fait disparaître toute niche à l’ abris de la crise économique générale : on transforme le RMI en RMA, on sucre les aides, on accule à l’insertion à tout prix. Et on fait encore mine de s’étonner qu’une société qui en appelle au plein emploi aspire dans le même temps au plein contrôle. Il apparaît pourtant clairement qu’il y a une implication réciproque entre travail et société sécuritaire. Le flicage des chômeurs, des parasites, étant naturellement de premier ordre, il importe également pour le maintien de cet ordre des choses que pèse sur tout un chacun le risque de la déchéance, de l’exclusion, direction case misère.

La précarité est cet espace inconfortable entre danger et sécurité. Toute situation à l’intérieur du monde du travail, c’est-à-dire dans ce monde, est donc une situation précaire. Ceux qui luttent contre la précarisation et le CPE au nom de la défense des « acquis sociaux », comme le droit du travail ou la sécurité de l’emploi, semblent ne pas réaliser la misère dans laquelle le salariat nous maintient. Mais à nous, on ne nous le refera plus, le coup de la mobilisation pour défendre notre confort misérable. Nous ne nous battrons pas pour le maintien du CDI ni pour aucun autre contrat, qui rimerait toujours avec exploitation. La promesse hypocrite d’un boulot épanouissant est loin de nous faire sourire : à voir quel projet de société sert aujourd’hui le travail, elle nous donnerait plutôt envie de donner des coups. Un monde qui veut nous mettre au travail, même avec le sourire, ne nous inspire que de la haine.

On pourrait s’inquiéter, au-delà de la précarité certaine de leur statut, de celle, non moins préoccupante, de la santé mentale des parcmètres humains, metteurs-de-courses-en-sac, et autres téléopérateurs abrutis par l’emploi qu ’ils doivent faire d’eux-mêmes. Et l’on ne saurait ignorer l’explosion simultanée des effectifs dans de tels secteurs d’activité insensés, et dans des spécialités plus concrètement nuisibles (policiers, managers, contrôleurs, vigiles et compagnie ; en un mot, flics de tout poil). Double mouvement qui produit à la fois la promesse de la sécurité, pour qui se soumet tant bien que mal, et la menace de la répression, pour qui vomit à la simple idée de participer à ce monde, ou n’arrive tout simplement pas à s’y conformer. Société du libre choix : Prozac ou matraque.

On nous a si bien appris à nous écraser, à jouer le jeu de la négociation, de la manifestation, de la grève sans lendemain, que les ennuyeuses perspectives des syndicalistes apparaîtraient presque comme un horizon indépassable. On voudrait contenir l’élaboration politique dans un carcan où toutes les alternatives ne font finalement que renforcer le contrôle que la domination exerce sur nos vies. On aimerait ne jamais voir remis en cause les dogmes sur lesquels repose ce vieux monde. On ne saurait imaginer une société basée sur autre chose que le travail, la sécurité, la gestion, où la vie est aussi palpitante qu’un trajet de métro.

Il nous semble évident que le véritable enjeu ici n’est pas de déterminer quel type de contrat nous pourrions négocier, mais de tisser dans la lutte des liens, des complicités qui rompent avec tous les rapports contractuels, afin de répondre pied à pied et coup pour coup aux attaques dont nous sommes cible au sein de la crise généralisée. Ce qui est en jeu, ce que nous mettons en jeu, c’est un sabotage possible des rouages du quotidien, une réponse collective à la situation qui nous est faite, cet état d’exception permanent où tout va mal, et qu’on veut nous faire croire normal. Il nous faut suspendre le cours des choses, donner libre cours aux possibles. Désertons et formulons ensemble les énoncés qui rendent intenables les mensonges des alternatives et des réformes. Traçons une ligne de partage.

Prenons parti.


CNT-AIT



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