Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Quelques mots sur le blocage et l’occupation

jeudi 9 mars 2006

Texte écrit par les occupants de la fac de Rouen

des classiques :

«  en bloquant la fac, vous forcez les gens à ne pas aller en cours, vous les prenez en otage  »

mon Cher Watson

C’est l’idée. Nous voulons effectivement qu’il soit impossible de faire comme si. Comme si tout allait bien, comme s’il ne se passait rien. Pour pourvoir nous organiser collectivement et élaborer une action, un projet commun, le préalable minimum est qu’il n’y ait pas de séparation arbitraire entre ceux qui vont en cours, et ceux qui pensent que leur place est ailleurs et se rassemblent. Oui, arbitraire, voyez la citation ci-dessous.

«  utiliser la force pour imposer vos idées, ce sont des méthodes autoritaires  »

(variante : remplacez carrément « autoritaires » par « fascistes »)

des pacifiés, parfois très énervés

Bien que nous soyons effectivement très balèzes, nous ne considérons pas que sortir du mobilier des salles de cours et bloquer quelques portes puisse être appelé « utiliser la force ». En outre, ce genre de critique est assez comique lorsque l’on s’interroge sur le fonctionnement d’une Université : bureaucratie, feuilles de présence, examens, sanctions administratives, etc. sont une certaine idée de la liberté, en matière de vie et de connaissance, que tout le monde ne partage pas. La majorité silencieuse est invitée à prendre position, du fait de cette remise en cause en actes du fonctionnement de la fac.

Naturellement, la moindre initiative, en l’occurrence la suspension d’une situation normale, dès qu’elle est posée collectivement, développe une puissance non négligeable. Nous prenons cette initiative justement pour ne plus être séparés par notre quotidien d’autistes, de robots. Justement pour faire l’expérience de cette puissance.

«  on a des partiels bientôt ; si on loupe les cours on n’aura pas notre année  »

un anxieux

Certains étudiants se sont déjà organisés (on salue leur diligence et leur esprit d’initiative), par exemple par groupe de TD, pour faire changer les modalités de validation des acquis afin de pouvoir manquer les cours sans dommage pour leur année. Les profs n’étant pas tous des cons, s’ils soutiennent le mouvement contre le CPE, ils ont tout à fait le pouvoir de modifier ce genre de formalités. Arrangez-vous collectivement avec vos enseignants, vous aurez peut-être de bonnes surprises.

«  mais c’est pas utile ce que vous faîtes, ça a déjà été fait ailleurs et ça ne changera rien  »

une voyante

Nous ne pensons pas ce que nous faisons en termes d’efficacité, de rendement, de productivité, de crédibilité, ou de tout autre indice de jugement dégueulasse. Le simple fait que nous prenions un malin plaisir à saboter les rouages de notre quotidien est une raison nécessaire et (presque) suffisante pour le faire. Aller en cours ou mettre un peu de bordel dans ce lieu asceptisé ? Ecouter des cours magistraux ou partager des idées tous ensemble ? Manger son sandwich tout seul à la cafét’ ou faire une collectivement une auto-réduc au RU ? Les expériences passées, succès et échecs, et les enseignements que nous pouvons en tirer doivent nous servir, pas nous maintenir dans une passivité d’historiens. Il nous semble évident que nos vies peuvent être bien plus passionnantes qu’elles ne le sont. A nous de faire en sorte qu’elles changent. Ici et maintenant.

«  ce n’est pas la fac qui est responsable de tous ces problèmes  »

une fine analyste

Certes, mais le but étant de se réunir pour élaborer concrètement les pensées et les actions qui nous permettrons de mener notre combat, la fac semble toute indiquée : c’est là que sont les étudiants, il y a à proximité tout ce qu’il faut (RU, bouquins, amphis, photocopieuses, salles pour dormir, réfléchir, jouer), et c’est un des rares endroits où il y a suffisamment de place pour être nombreux pour pas un rond.

Si la fac n’est pas en elle-même la cause de tous nos palheurs, elle participe de ce monde qui nous tue, nous rend précaires, nous soumet. Partir d’où nous sommes, de la fac, ne serait pas forcément une mauvaise idée pour élargir le propos. En plus, il y a un côté très ludique dans le fait de dormir, de rire, de faire la fête, de communiser, de vivre ensemble dans ce lieu où d’habitude tout le monde passe, et où peu de choses se passent.

«  de toutes façons, les gens ne comprennent pas pourquoi vous faîtes ça  »

des menteurs

Même si tout le monde ne connaît pas forcément le prétexte de ces actions, ce que l’on peut à la rigueur admettre, n’importe qui de sensible ressent instinctivement combien il est plus excitant de rompre avec le quotidien, et de l’inventer ici et maintenant. Ceux qui prétendent le contraire ne disent qu’assez qu’ils le comprennent parfaitement, et ils transforment leur propre résignation en impuissance qui viendrait, des autres, des « gens ». Lâcheté ! Manque de passion !

Des perles :

«  peut-être que vous ne voulez pas, mais moi je veux avoir cours !  »

Un étudiant de sciences furieux, avant de remettre en place le mobilier sorti par le comité blocage, et après que la fac de science ait été déclarée fermée par l’administration

C’est fou comme on peut s’énerver, dès lors que quelques personnes déterminées viennent compromettre le déroulement normal de votre vie normale... Si on reproche aux bloqueurs leur « recours à la force », les plus violents sont certainement certains étudiants que la simple idée de ne pas avoir cours panique complètement. Sérieusement : qui veut réellement aller en cours ? Nous ne disons pas apprendre, savoir, faire siennes des connaissances. Simplement aller en cours : pointer-dans-des-salles-pour-avoir-des-diplômes-pour-pouvoir-travailler-plus-tard. Certains ont tellement bien intégré le fait de se mettre entre parenthèses pendant « leurs plus belles années » pour foncer tête baissée vers des promesses d’avenir qu’ils défendraient bec-et-ongles le système auquels ils sont soumis.

«  vous forcez cette pauvre dame [en l’occurrence la gardienne de l’UFR de LSH] à rester debout à cette heure pour surveiller les bâtiments.  »

« Si elle reste debout, c’est parce qu’elle en a envie, c’est son travail »

Mme Christine Le Bozec, Doyen de l’UFR de LSH, dans la nuit de mardi à mercredi, alors qu’elle et Mr Naël, le Président de l’Université, voulaient balader une fois de plus les étudiants occupant la fac

En occupant la fac, nous perturbons le fonctionnement de la machine à produire du diplômé. Et on voudrait nous faire croire que finalement, c’est notre faute si les rouages de la machine sont parmi les premiers à pâtir du désordre qui en résulte. Ce ne serait pas, par hasard, plutôt parce que le personnel d’entretien de l’Université, pour ne citer que ces travailleurs-là, sont parmi les précaires dont ce système a besoin ? Qu’on ne vienne pas essayer de nous culpabiliser en nous faisant croire qu’en dehors de ces moments qui sortent de l’ordinaire, la vie d’agent d’entretien ou de secrétaire est merveilleuse. Nous sommes bien entendu désolés de rendre encore plus difficile leur travail, mais nous ne sommes évidemment pas contre eux. Ils sont d’ailleurs les bienvenus dans ce mouvement contre la précarité : ce n’est qu’avec eux, et non pas malgré eux, que nous pourrons nous réapproprier des lieux qui nous sont aussi étrangers que le RU, la BU, etc.

Travailleurs de la fac, avec nous !


CNT-AIT



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