dimanche
14 novembre 2004
Le CA de la fac de Toulouse-le-Mirail n’est pas particulièrement de droite, non. Parmi ses membres, il y en a qui sont des élus de la gauche, d’autres qui se présentent sur des listes alternatives de gauche ; et ils sont tous des syndicalistes, oui. C’est pour dire.
C’est pour dire que les membres du CA se foutent comme de l’an 40 que les vacataires ne soient pas payés à la fin du mois sous les prétextes fallacieux et fantaisistes de panne informatique ou de logiciel ou du salaire qui tomberait à terme échu, comme si tous les salaires n’étaient pas versés à terme échu ! C’est la nouvelle formule, la dernière trouvaille pour payer très en retard (y paraît que c’est fait pour éviter que les étudiants touchent le pactole et ne viennent plus travailler ; ils te disent ça avec beaucoup de sérieux alors que le pactole correspond à 2 heures par jour de travail !)
De qui se moque-t-on n’est ce pas ? Il y a 5 ans, le retard était dû à une « bonne femme » qui était toujours malade ; il y a 7 ans, c’était parce qu’une autre « bonne femme » était une grosse fainéante. Mais le résultat est toujours le même et nous remarquerons le joli sexisme de ce joli monde de gauche. Oui ça fait 7 ans que le point a été relevé et ça fait 7 ans qu’à quelques uns on essaie de faire évoluer les choses sur le paiement du salaire des vacataires. Des actions collectives ont porté leurs fruits puisque les jeunes vacataires étudiants ont été payés régulièrement à la fin de chaque mois, et dès le premier mois pendant 3 ans sans que nous n’ayons rien à redire ni à intervenir. Et puis, ça recommence et tu ne sais pas pourquoi.
Alors on reprend les explications, on va voir les uns et les autres et l’on dit aux jeunes de commencer par demander une avance sur salaire. Ces jeunes tournent tous les 3 ou 6 mois ; rares sont ceux qui font l’année universitaire complète ; alors très régulièrement on est "monsieur et madame moniteurs vacataires" et on reprend tout de zéro de toute façon, parce qu’on est vigilant. Enfin, on ne peut pas laisser passer ça sans rien dire. Ni rien faire. C’est vrai aussi que ce n’est pas le seul problème à la fac.
Mais c’est un problème récurant auquel il faut trouver une issue favorable, soit le paiement s’effectue à la fin de chaque mois, soit dans le courant de la première semaine du mois suivant. Et si le CA n’a aucun pouvoir, il a au moins celui de faire payer son personnel à terme échu, sans un retard sensible, mais le CA ne s’est jamais prononcé sur ce point ! Et puis, comme pour tout, tout est toujours à recommencer sans cesse, tout est provisoire. C’est un peu comme si la démocratie n’est pas une chose statique et dès qu’elle n’avance pas, hé bien elle recule au profit de l’obscurantisme et de l’autoritarisme. Alors faut être constamment sur la brèche et c’est difficile. La lassitude te prend parce que tout a son coût, la fatigue t’engourdit et tu reportes toujours à un demain toujours plus lointain la bonne idée de faire ce qu’il faut pour que ça cesse.
Et puis c’est vrai aussi que t’es pris par des problèmes qui te pourrissent la vie avec les chefs qui sont des chefs et des chefs qui se prennent pour des chefs mais qui ne sont pas des chefs, avec les grands et les petits chefs, avec toute une bureaucratie qui t’étouffe parce que si t’as pas le bon papier alors « adieu-la-valise », tu peux te brosser. Enfin quoi, ça tient à rien. Un peu de gnac au bon moment, un peu moins de timidité et ça repart. On reprend confiance en soi et envers certains collègues. Parce que faut pas se laisser faire. Parce qu’on voit que quand ce n’est pas les uns qui trinquent, c’est les autres. Et puis on finit par tous passer à la casserole ; et moi, ça, ça ne m’amuse pas du tout et c’est une issue que je n’envisage pas du tout non plus. Alors pour nous sortir de ce guêpier, y a que la solidarité contre l’injustice. Tous pour un et un pour tous.
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Texte extrait du BIB (Bulletin Inter Boite) CNT AIT
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