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dimanche 9 janvier 2005

Y’a pas qu’à Paris ;

Y’a pas qu’à Paris qu’on se moquer d’une grande bibliothèque qui se casse la figure sur la tête des gens, une bibliothèque dans laquelle on se tord les chevilles du matin au soir quand l’humidité imprègne le luxueux plancher en bois exotique (mais qui supporte si mal l’humidité...°

Y’a pas qu’à Paris que les personnels travaillent dans des conditions de plus en plus mauvaises dans un cadre qui ressemble plus à un intérieur d’hôpital en cours de réhabilitation qu’à des services internes de bibliothèque.

A Toulouse, nous avons aussi notre TGB, notre Très Grande Bibliothèque, oui m’sieurs-dames. Une des plus grandes BU (bibliothèque universitaire) de France et de Navarre, s’il vous plaît. Plus de 15 000 m² de surface, deux fois quatre étages, avec un immense sous-sol, un jardin intérieur et un joli atrium à l’entrée.

La première tranche a été ouverte il y a un an seulement et le déménagement des documents de la deuxième tranche s’est terminé peu avant cette rentrée. La BU a été ouverte dans sa totalité le 2 novembre 2004. Dans sa totalité, c’est beaucoup dire, parce que le parking, lui aussi tout neuf, est aujourd’hui encore infesté, inondé en partie d’une bouillasse infecte et malodorante dont la provenance ne semble pas bien déterminée. Et ouvert ne veut pas dire en état : le plafond des toilettes du personnel du 2ème étage est tombé sur la tête (au sens propre) d’un salarié, les toilettes pour le personnel féminin du 1er sont indisponibles depuis trois semaines parce que le plafond se bombe dangereusement et menace de s’écraser au sol. Une autre plaque de plafond s’est déjà lâché sur la tête d’une autre salariée qui, elle aussi, a été heureusement plus surprise et choquée que blessée. Des infiltrations d’eau ont lieu au 4ème et au 1er.

Question luminosité, c’est pas génial dans les bureaux : dans un bâtiment neuf du troisième millénaire, on bosse toute la journée et presque toute l’année à la lumière des néons, trop forts, qui éblouissent (pratique, dans une bibliothèque). Mais, pour remplacer ces néons quand ils sont déjà en panne, paraît qu’il faudra attendre longtemps, parce qu’ils coûtent les yeux de la tête et que les gestionnaires veulent faire un tir groupé pour changer tout ce qu’il faut parce qu’on a affaire à des matériaux super-modernes, super-coûteux et super-fragiles ...

Quatre jours avant l’ouverture, le parc informatique n’était toujours pas installé dans sa totalité et, trois semaines après la rentrée, Internet est “introuvable” et le personnel lui-même ne peut accéder à certaines bases de données indispensables pourtant à son travail. Comme dans un mauvais film policier sur M6, un cordon en plastique rouge et blanc barre l’entrée du service documentaire informatisé : “défense de passer, y’a rien à voir”. Les tables réservées aux ordinateurs de la tranche sud sont encore désespérément vides, ... bref, côté conditions de travail, la TGB de Toulouse, ça laisse franchement à désirer.

Depuis la fin des vacances d’été, le personnel a discuté sur ce qu’il convenait de faire : frapper un joli coup en se mettant en grève à quelques uns ou bien ouvrir la bibliothèque suffisamment pour que les étudiants puissent venir travailler tout en leur expliquant les raisons du mécontentement et du refus, dans l’état actuel, d’ouvrir normalement. La deuxième solution a été choisie, beaucoup d’entre nous subodorant que l’administration souhaitait une grève pour monter les étudiants contre ces sales fonctionaires-tous-des-fainéants- et-en-plus-en-grève. Les étudiants se voient donc expliquer par le personnel qu’ils se font arnaquer, puisqu’ils ont payé une inscription pleine à la bibliothèque et qu’ils ne peuvent en espérer qu’un usage limité. De plus, on leur fait remarquer que, dans la vieille BU (7 000 m²) on pouvait consulter directement toute la documentation sans passer par un tiers, mais que maintenant, avec le double de surface, ce n’est plus possible. Il faut maintenant remplir des bulletins spécifiques et attendre qu’un magasinier aille chercher -à deux pas, mais dans une zone interdite au public- une partie des bouquins ou des revues datant d’avant 1970. Et puis les bibliothécaires peuvent expliquer que les ascenseurs sont bien souvent en panne, que c’est le seul moyen d’accès aux magasins du 1er étage, qu’il y a certes l’escalier de secours, accessible uniquement en principe pour des raisons de sécurité, mais finalement utilisé -en bloquant les portes pour qu’elles ne se referment pas en enfermant quelqu’un dans la cage (les portes ne s’ouvrent que du côté espace public, avec un badge)... Et puis il y a la question de l’effectif : constant depuis trois ans. Cette BU est l’une des plus grande mais des moins dotées en personnel. Elle ne peut fonctionner qu’avec une flopée de vacataires-étudiants (c’est peut-être ça, l’avenir). On voit bien clairement que ça ne tourne pas vraiment rond et qu’on est peut-être à la veille d’une révolte car il en a assez de cette situation tout comme il en a assez des élus du personnel et autres syndicalistes FSU et CGT dont le gros du travail semble être celui de fliquer les “chers collaborateurs”, de dire du mal de tout le monde au patron, de faire barrage à ce que l’un des stagiaires soit titularisé... justement, ce dernier exploit a du mal à passer, de nombreux collègues se sont mobilisés en solidarité avec ce dernier, en refusant ce qui est quasiment un “délit de faciès”, et l’ambiance commence à être chaude. Toutes ces histoires donnent à réfléchir à bien des membres du personnel qui se demandent à quoi servent ces syndicats institutionnels et qui commencent à questionner la notion même de représentation de tous par quelques-uns. Affaire à suivre, donc.

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