Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Adresse aux Etudiants
CONTRE LA PSEUDO CONTESTATION EN GENERAL

Et l’altermondialisme en particulier

dimanche 17 juillet 2005

Ce texte a été distribué à l’Université de Toulouse-le-Mirail à l’occasion d’une “journée” altermondialiste...

À propos du contexte social actuel, nous ne pouvons aujourd’hui que faire le constat suivant : la contestation sociale dans les secteurs publics et privés n’est qu’une pseudo-contestation, elle est complètement illusoire, dépourvue de réelles perspectives. Le travail mené par l’ensemble des syndicats ces derniers mois ne peut se solder que par le renforcement du pouvoir en place. Il en sera toujours ainsi, cela de manière accrue, tant qu’une prise de conscience radicale de la situation n’aura émergé chez tous ceux pour qui l’humiliation est quotidienne. Le rôle des syndicats ne consiste depuis longtemps qu’à faciliter la tâche du gouvernement et du patronat en jugulant la puissance de contestation dans des instances bureaucratiques et en ne visant jamais plus loin que la tenue de négociations sur la question des salaires ou du temps de travail. Il en va de même aujourd’hui dans notre université : l’expression du mécontentement social n’y est depuis bien longtemps que mascarade. Les grèves et prétendues Assemblées Générales de ces dernières années n’ont jamais été le moment et le lieu d’une authentique prise de conscience qui serait suscitée par l’émergence de nouvelles perspectives dans l’environnement social. Aujourd’hui ce constat s’aggrave : la parade des étudiants contestataires tourne en rond et n’avance même plus sur le chemin qu’il lui avait été pourtant si facile de tracer. Contre tout cela, la solution ne peut venir que de la grève sauvage, sans négociations !

Le salon de l’"alter-mondialisme", organisé le 12 Avril à l’UTM (Université de Toulouse le Mirail) avec la complicité du cinéma Utopia (dont les patrons, au passage, ont tout à gagner dans une telle opération publicitaire d’envergure) est, dans ce cadre, particulièrement révélateur. La gazette Utopia avait ainsi annoncé une journée de "sensibilisation des universitaires et autres sur les expériences locales qui allient utilité sociale, développement économique et respect de l’environnement". À l’heure où le mouvement étudiant se révèle comme étant toujours incapable de donner une impulsion contestataire qui chercherait à coller à l’actualité sociale avec une quelconque radicalité, la pseudo-contestation a débarqué une nouvelle fois à l’université et, ce faisant, plonge plus profondément encore l’étudiant dans l’illusion mystique selon laquelle il participerait en acteur conscient à l’édification d’un futur meilleur. Il s’agit bien ici d’une illusion : la perspective d’un tel futur n’est forgée que de manière passive par un étudiant qui gobe bouche bée, en consommateur de la contestation, un discours qui reste totalement coupé de la réalité historique, individuelle et sociale. Sur ce chemin, plutôt que de prendre en main véritablement la situation actuelle, dont il est la base en tant qu’individu, et les directions dans lesquelles elle s’engage, l’étudiant n’exerce qu’une contestation déguisée, fausse, qu’il décore de prestiges illusoires. Il ne produit, en fait de contestation, qu’idéologie conforme ; bien loin d’exercer une réelle prise sur le monde social qui l’entoure, par l’expression et la réalisation d’une prise de conscience radicale, l’étudiant n’est ainsi jamais réduit qu’au rôle provisoire qui, dans la passivité générale, le prépare au rôle définitif qu’il assumera, en élément positif et conservateur, dans le fonctionnement du système marchand.

L’étudiant se voile la face, et il se croit d’autant plus libre que toute les chaînes de l’autorité le lient. Comme sa nouvelle famille, l’Université, il se prend pour l’être social le plus "autonome" alors qu’il relève directement et conjointement des deux systèmes les plus puissants de l’autorité sociale : la famille et l’Etat. Il est leur enfant rangé et reconnaissant, aujourd’hui plus que jamais. Il participe à toutes les valeurs et mystifications du système, et les concentre en lui. Ce qui était illusions imposées aux employés devient idéologie intériorisée et véhiculée par la masse de ceux dont l’avenir de petits cadres n’est même plus assuré. Le mouvement étudiant doit aujourd’hui s’émanciper radicalement de l’idéologie dominante qu’on lui sert en quantité et qu’il consomme avidement ; nous devons en premier lieu ruiner définitivement le joug des syndicats réformistes et bureaucrates qui ne défendent pas d’autre cause que celle des patrons exploiteurs, et refuser en bloc de participer aux petites joies "bio" et "équitables" d’une pseudo-contestation "alter-mondialiste" qui, aujourd’hui comme toujours, ne défend pas d’autre cause que celle de la marchandise, celle d’un produit de consommation qui n’a lui-même de sens que dans le monde du règne économico-politique.

C’est bien ce règne et rien d’autre qu’il convient aujourd’hui de critiquer de manière radicale et unitaire ; cette tâche s’impose avec une nécessité toujours plus impérieuse. Telle est la condition sine qua non d’une authentique et radicale action politique et sociale.

Nous ne pourrons donc jamais raisonnablement penser que la condition d’une telle action (dont le but serait de ramener la sphère prétendument autonome des lois économico-politiques du marché sur ce qui seule en constitue la base - la société et l’action en elle des individus vivant réels) réside dans la consommation "révolutionnaire", garantie par label, de produits qui ne servent que l’intention du marché. Une telle forme de contestation n’a en effet pour résultat que l’assujettissement toujours croissant de l’individu à un système dont il est lui-même le produit pré-conforme. L’étudiant qui aujourd’hui cherche à faire réellement changer l’état de choses ne peut plus se contenter de consommer du regard le spectacle de la pseudo-contestation.

CNT-AIT


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