Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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CENSURE GAUCHISTE !!

mardi 15 avril 2003

Ce texte a été écrit lors du mouvement de grève qui a touché l’université du Mirail à Toulouse il y a quelques semaines. Son but n’est pas de faire de la délation contre des syndicats ou des individus (même si certains se reconnaîtront) mais de dénoncer des attitudes fascisantes.

Si vous passez au Mirail en grève, vous trouverez une ambiance sympathique chez les grévistes, avec des affiches déclarant qu’aux Assemblée Générale (AG) tout point de vue est le bienvenu, des tags révolutionnaires, de la musique.. . Bref, le mot d’ordre semble être la liberté d’expression et le dialogue. Je suis moi-même « entrée » dans ce mouvement avec enthousiasme .(« youpi, il se passe enfin un truc à la fac ! On va autogérer tout ça et refaire un mai 68 ! »). Mais j’ai très rapidement déchanté...

Je ne reviendrais pas sur le déroulement des AG staliniennes où toute réflexion politique est tuée dans l’oeuf, cela a déjà assez été fait (voir numéro précédent). Je voudrais parler, à travers mon expérience personnelle, d’individus (certes minoritaires, j’ai même entendu un gréviste les traiter de brebis galeuses !) qui se permettent de jouer les cow-boys et de décider quelle vérité doit être diffusée au sein de la fac. Et encore je n’aborde pas le service d’ordre, sinon je vais m’énerver.. . Il y a donc 2 ou 3 semaines, j’ai appris que le comité de lutte avait l’intention de distribuer des tracts sur le fonctionnement des AG. Connaissant leur conception de la démocratie fort différente de la mienne, j’ai proposé aux autres Jeunes Libertaires de faire un tract sur le fonctionnement d’une AG en démocratie directe, et nous l’avons rédigé. Le mardi d’après se déroulait une AG, nous y sommes donc allé pour y tracter dans la joie et la bonne humeur. Deux amis tractaient à l’entrée, une autre en haut et moi j’ai fait une erreur de jeune militante : je suis allé toute seule tracter en bas. " En bas " cela signifie la tribune le micro, donc le centre du pouvoir, avec autour tous les syndiqués et surtout les petits chefs (les 2 étant tout à fait compatibles). A peine 10 tracts distribués, un excité m’est tombé dessus en braillent des propos incompréhensibles sur la LCR, la récupération.. . je me suis rapidement retrouvée entourée par 5 personnes en train de parler (ou de hurler) en même temps. Le désir de se donner en spectacle de certains était évident.

Un type s’est mis à hurler des gradins « dégage avec ton parti politique » (preuve qu’il n’avait pas lu les tracts, ou qu’il ne connaissait pas le sens du mot libertaire) et quelques fans l’ont applaudi (si vous ne connaissez pas l’ambiance des AG au Mirail, je peux vous dire que vous manquez quelque chose : il y a les vedettes, au micro, les applaudissements, les sketchs.. . c’est la fête !). Quelques jours après, cette scène avait été transformé par : un type a parlé au micro et toute la salle a applaudi ! décidément champions de la déformation historique les gauchistes !

Soi-disant tous approuvaient le contenu du tract (pourquoi alors ne l’appliquent-ils pas en AG ?) mais la signature ne leur plaisait pas, ou il fallait tracter dehors, ou le mot libertaire allait faire fuir les gens (c’est vraiment prendre les gens pour des cons) Bref nombre d’arguments bidons. Il est amusant de constater que l’année dernière dans une AG contre Le pen, AG beaucoup plus spontanée  [1], où les gens savaient vraiment de quoi ils avaient peur et où les habituels petits chefs avaient beaucoup moins de poids, nous avons été accueilli (et nous avions des tracts signés) avec gentillesse. Ce tract était un tract informatif qui n’accusait personne (mais force est de constater que certains se sentent visés), de plus il est indispensable de signer un tract selon nous (on nous a accusé d’avoir distribué un tract non signé quelques jours avant qui parlait du même sujet). De plus quelques jours après SUD et l’UNEF ont distribué des tracts signés ! Et quand les profs prennent le micro en appelant à une intersyndicale, personne ne les traite de récupérateur !

Mais le principal problème dans cette histoire, ce n’est pas que le tract « dérange » (tant mieux, cela prouve qu’il fait réfléchir !), c’est d’avoir une attitude pareille, qui est une atteinte à la liberté d’expression et à l’intégrité morale d’un individu, Nous aurions débarqué dans une réunion de I’UNEF par exemple avec un tract les traitant de pourris nous aurions trouvé tout à fait logique de nous faire virer à coups de pieds aux culs. Mais se mettre à cinq autour d’une jeune fille en hurlant, la menacer de la foutre dehors, c’est une attitude de salaud, y’a pas d’autre mots. Je ne souhaite à personne de vivre pareille expérience, qui est très dure à vivre, surtout lorsque ces personnes sont censées avoir les mêmes idées que vous.

Toutefois cette expérience ne nous a pas découragé, surtout qu’à part ces quelques excités le tract a été bien accueilli. Quelques jours après, la Section Universitaire de la CNT AIT (c’est-à-dire les membres des JL et de la CNT qui étudient ou travaillent au Mirail) a distribué un tract intitulé " quelle lutte ? Que nous vous reproduisons ici. Nous étions 6 personnes, dont 4 étudiants du Mirail. Au bout de 20 mn, 5 personnes sont arrivées groupées, l’air tendu. Ces personnes étaient toutes à l’Aget ou proches. Au bout de 3 secondes (ont-il seulement lu le tract ?) ils se sont groupé autour d’une amie en hurlant, dont un (qui c’est excusé par la suite de son comportement, le seul, mais ça fait plaisir) qui nous a dit qu’on ne pouvait critiquer la lutte car on n’en faisait pas partie ! Que signifie faire partie de la lutte ? En tant qu’étudiante (ayant en plus participé à presque toutes les AGs, bossé aux inscriptions et militant toute l’année) je considère être concernée par la lutte, que je le veuille ou nom, surtout avec les piquets durs. De plus, si ces gens là se sentent visés quand nous parlons d’une minorité récupératrice, c’est eux qui ont un problème !

Donc, encore une fois, une fille (quelle hasard vous ne trouvez pas ?) s’est retrouvée entourée par une horde de mâles en mal d’émotions. Il a fallu l’intervention d’un copain (pardon, d’une " autorité masculine ") pour qu’ils se calment (en jetant les tracts par terre bien sûr) nous avons pu à cette occasion constater la conception de la participation féminine à la lutte chez ces grands militants anti-sexistes : le type arrive, hurle, montre sa virilité, puis une petite minette lui prend le bras " mais calme toi mon chou c’est des méchants ". L’après-midi suivant le tractage, nous avons tenu comme tous les mercredis la table de presse CNT/ JL . Et même cette forme d’expression semble déranger : un nouvel excité est venu nous insulter ! Toutefois, de nombreuses personnes nous ont affirmé leur soutien ou leur embarras. Les étudiants grévistes sont très mal à l’aise face à de tels comportements, qui ne sont l’effet que d’une dizaine de types en mal de sensations. Alors où que vous soyez refusez de telles attitudes ! Tractez, diffusez, écrivez, criez vos idées, et ne vous laisser pas bâillonner par les censeurs de l’ordre social, même s’ils disent « agir pour la lutte ».

Aucune indulgences pour ceux qui attaquent la liberté d’expression, quelque soit le bord politique dont ils se réclament !

Suzon


Une Assemblée Générale : c’est quoi ?

La véritable pratique démocratique dans une AG

Lutter contre la prise de pouvoir dans une AG ne peut se faire que quand le fonctionnement de celle-ci suit le principe de la démocratie directe.
C’est avant tout une assemblée décisionnelle ou chacun prend part aux décisions à travers un débat ouvert et démocratique.
N’importe quelle action doit avoir été débattue et acceptée par tous.
Il ne doit pas exister de tribune possédant de pouvoir oratoire, décisionnel ou de remballage de gueule quelconque.
Par contre, la présence d’un mandaté aux tours de parole (et uniquement aux tours de parole) est nécessaire . Puis celle d’un secrétaire qui détient la tache fastidieuse mais indispensable de tout écrire (même les débats).
L’ordre du jour est décidé et accepté collectivement.
Le débat dans une assemblée générale est ouvert à toutes les prises de position et c’est à tout un chacun de lutter contre le monopole de parole et toutes tentatives de prise de pouvoir.

Quelle lutte ?

Nous assistons à un essor revendicatif étudiant, touchant essentiellement une privatisation de l’enseignement déjà en cours depuis plusieurs années. Sous prétexte d’unité de lutte, l’analyse politique est écartée. Des étudiants se mobilisent avec sincérité en apportant une vision plus globale du problème, ce qui est légitime. Par contre, une petite minorité lutte à des fins syndicales et/ou personnelles.

La privatisation de l’enseignement n’est qu’une suite logique de l’organisation actuelle de la société capitaliste. La lutte doit alors être globale et ne pas remettre en question l’enseignement en tant que tel contribue au maintien des inégalités. (écoles : apprentissage de la soumission, de la compétition, des valeurs du capitalisme,..). La transmission du savoir se perpétue dans une logique de reproduction de l’organisation sociale, pourquoi vouloir la garder en tant que telle ?

L’université financée par le public ou le privé reste une institution ayant pour objectif le maintien d’une société de classe par l’élite. Devons-nous étudier pour l’état OU pour l’entreprise ? Ni pour l’un, ni pour l’autre !

La CNT-AIT (jeunes libertaires) est un syndicat inter-corporatif regroupant tous les corps de métiers, chômeurs, RMIstes, étudiants. Ce syndicat n’a pas de permanents (donc de personnes " payées pour contester "), pas d’élus et ne se présente pas aux élections. Nous luttons contre les systèmes inégalitaires, pour une société libertaire fondée sur l ’autogestion et la démocratie directe.


Article du numéro 29 d’Il Etait Une Fois La Révolution, Con !
le journal des Jeunes Libertaire de Toulouse. www.anarchie.net/jeuneslibertaires


[1] Le déroulement des AG et la manipulation médiatique (" il faut voter Chirac ", " les abstentionnistes à mort " . ..) était certes aussi forte qu’aujourd’hui, mais les gens savaient de quoi ils avaient peur (le Pen le gros pas beau). Aujourd’hui, demandez à un membre de l ’AG contre quoi il lutte, vous verrez par vous-mêmes . . .


CNT-AIT



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