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jeudi 17 août 2006

Entre la répression sauvage des "événements" de novembre dans les banlieues et celle contre les jeunes révoltés par le CPE, plus de 10 000 jeunes sont passés entre les mains de la police dans toute la France. Beaucoup ont subi des violences. D’autres sont en prison ou en attente de procès...

Pour ce premier mai, le Comité de lutte CPE (Chômeurs, Précaires, Étudiants, auquel participaient les militants de la CNT-AIT) avait choisi d’organiser, sous forme d’un rallye allant d’un quartier jusqu’à la prison de Seysses, une action de solidarité avec toutes les victimes de la répression (ceux dont il est question ci-dessus, mais aussi tous les autres). Comme tous les organisateurs connaissaient le rôle fondamental des médias, l’appel lancé précisait clairement "Journalistes et médias non souhaités". Pas plus que les politiciens ou les flics, les journalistes n’ont rien à faire en effet dans notre mobilisation.

Pendant que les éternels étouffeurs de lutte (syndicats, partis de gauche, vignoles et quelques autres) défilaient dans le centre ville (pas très nombreux : moins d’un millier de personne toutes organisations confondues, malgré le soutien appuyé de la presse locale) nous avions choisi de nous réunir dans une des banlieues de Toulouse les plus touchées par la répression, le grand Mirail. La dalle de Bellefontaine (où la CNT-AIT organise depuis 1996 son 1er Mai) étant détruite, c’est sur la place Abbal, au cœur de La Reynerie, que nous avons commencé à nous réunir à partir de 10 h 30 (photo 1). Pendant que les uns allaient au ravitaillement, les autres se reposaient préventivement ou papotaient avec des copains ou des habitants autour d’un gobelet de thé.

Les premiers marcheurs nous quittèrent bientôt, et vers 12 h 30, ce fut le tour des coureurs à pieds bientôt suivi des cyclistes, puis, des voitures et enfin du bus de Planète en danger. Direction l’église de Seysses pour tous (13 km à partir de la place Abbal). Tout le monde s’est retrouvé là vers 14 h. Après un temps de rafraîchissement, on s’est mis en route vers la prison à travers le village (photo 2).

Certains n’en croyaient pas leurs yeux. Les fenêtres s’ouvraient pour nous voir passer : Il est vrai que les manifs, dans la commune de Seysses, ça doit être plutôt rare... Puis, on a pris la route (photo 3). Les vélos devant, les piétons derrière, le bus fermant le cortège. Arrivés sur l’entrée du parking de la prison, un cordon de gendarmes bloquait la route. On s’est approché le plus possible, puis on s’est posé (photo 4). Alors, des copains ont crié ce qu’ils avaient sur le cœur, et on s’est préparé à rester là un bon moment.

René Binamé et ses copains (merci à eux), ont sorti leur matériel et ont donné, là, sur le parking de la prison de Seysses, un concert improvisé pour les prisonniers et leurs amis ! (photo 5) Un concert d’enfer qui a passé les murailles et s’est fait entendre jusqu’au fond des geôles. Ça c’est du 1er Mai ! De mémoire de taulard, on n’a pas dû entendre ça souvent ! Et rien de tel comme de la musique et des copains sur un lieu aussi triste qu’un parking de prison pour remonter le moral de tout le monde ! On était là, au moins 140 personnes, venues à pieds, en vélo, en voiture, des militants (de "toujours" et de maintenant), des familles (qui ont leur jeune en prison ou qui l’ont eu) des enfants (qui ont un parent en prison ou qui l’ont eu). Il y avait des punks (un charter venu d’Ariège, salut à eux), des dames en tchador (salut à elles aussi -elles n’ont pas souhaité qu’on les voit sur les photos), des habitants du centre ville comme des banlieues, des cheveux blancs (salut, papy) et des crétards. Tous différents, mais tous là pour la même chose. Chacun avec ses mots. Chacun avec sa façon d’être. Chacun avec son histoire. Mais tous bien déterminés. Alors, on reviendra. C’est sûr.

Tiré du Combat Syndicaliste de Midi-Pyrénée n°96, par la CNT-AIT de Toulouse

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