Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE : EXPLOITATION PAR LE SERVICE PUBLIC

jeudi 11 avril 2002

L’université est un lieu où, contrairement à ce qu’on pense souvent, toutes les classes sociales sont présentes. Nous pouvons y trouver l’ouvrier (agent de service ...) qui galère, tout comme le haut professeur carriériste pourri par le pouvoir, trempant ses pieds dans la politique. Ces hommes là travaillent côte à côte, l’un écrasé, l’autre hautain. L’université compte aussi un assez grand nombre de titulaires dont les fonctions sont de remplir des tâches aussi dynamiques ... qu’eux et qui préfèrent employer leur temps dans des querelles de pouvoir. A côté de ces titulaires, il est de bon ton d’employer des vacataires. Qui sont-ils ?

Nous sommes des étudiants (en l’occurrence, surtout des étudiantes) qui acceptons, pour un salaire de misère, de faire quelques heures au sein de l’Université. Nous avons "le choix" de nous employer dans l’administration proprement dite ou dans la bibliothèque universitaire.

Intéresserons-nous à cette dernière, où nous exécutons des tâches de titulaires. Etudiantes-vacataires, nous travaillons à récupérer les énormes retards accumulés ; parfois même, nous remplaçons des postes vacants, sur lesquels il "coûteraient trop cher" de recruter... La nécessité des vacataires est donc certaine, mais sommes-nous reconnues ? En ce qui concerne la reconnaissance administrative, il est manifeste que les vacataires sont considérées comme des moins que rien.

N’étant employées que pour un certain nombre d’heures, nos droits sont minimum. Et en ce qui concerne nos salaires (de misère, nous l’avons dit), nous ne sommes mêmes pas sûres de le recevoir tous les mois ... En décembre, nous constations en effet que certaines n’avaient rien reçu depuis septembre ! Tout le monde trouvait ça normal : AZF par ici, retard par là... Nous n’avions reçu que des discours à nous endormir debout, et personne n’avait protesté jusque-là (sauf la CNT-AIT qui soulève régulièrement le problème par voie de tract et du bulletin de sa section syndicale à l’Université). En réponse à une première montée de colère, nous avons obtenu la promesse d’une paye pour ... janvier, ces messieurs de la gestion étant plus pressés de partir en congés de noël que de régulariser notre bien précaire situation.

Le mépris qu’on nous témoignait étant trop flagrant, nous décidâmes alors de ne pas lâcher prise, en demandant à être payées en décembre même (rappelons qu’il s’agissait pour certaines du salaire des quatre mois précédents !). Nous nous sommes donc rendues, à une vingtaine avec quelques titulaires sympathisants, au bureau du comptable afin de lui demander nos chèques. Celui-ci, ne sachant trop que dire, se pressa de se décharger de toute responsabilité en nous renvoyant sur le secrétaire général. Après bien des palabres, nous lui donnâmes la liste des vacataires qui exigeaient le paiement de leur dû dans les plus brefs délais. Mais il persistait à dire que cela ne servirait à rien, que ça n’était pas de son ressort, etc., etc... Pourtant, à peine une demi-heure plus tard, après notre retour à la bibliothèque, un coup de téléphone nous annonçait que tout était arrangé.

Voilà la situation à l’université : les vacataires sont donc obligées de se battre pour être payées ! ... d’un salaire qui, en plus de ne pas être à la hauteur de leur travail, ne tombe pas chaque mois !

Mais l’injustice ne s’arrête pas là. Il se trouve que l’on force certaines à faire des heures supplémentaires non rémunérées, en toute illégalité. La hiérarchie n’hésite pas, pour ce faire, à utiliser la pression morale, la peur, la culpabilité. On nous tient implicitement le discours inhumain selon lequel nous devrions être contentes de notre sort, car "il y en a beaucoup derrière qui attendent pour prendre votre place". La hiérarchie donne aux vacataires une surcharge de travail à exécuter (si possible les trucs abrutissants ou fatigants) et tout cela dans un minimum de temps.

Les travaux qui normalement se font à deux ou à trois, souvent les vacataires se retrouvent seules à les faire et quand elles n’y arrivent pas, elles prennent sur elles de faire des heures supplémentaires par crainte de ne pas parvenir à terminer leur travail. Car si cela n’est pas fait, les harpies sont là pour le leur rappeler.

Autre exemple de l’exploitation spécifique qu’on nous impose : après l’explosion d’AZF, les vacataires qui étaient déjà recrutées ont dû rattraper leurs heures, sinon, elles étaient menacées de ne rien percevoir ! Aucun autre travailleur n’a rattrapé ses horaires au sein de l’Université, pourquoi les vacataires y ont-elles été obligées ?

rvice public ou pas, le travail est aussi mesquin : des conditions déplorables pour un salaire minable

Isolées, les vacataires savent bien que dans ce "service public", les conditions de travail resteront déplorables, le salaire minable, et que la moindre remarque désobligeante, le moindre manque de zèle impliquent la recherche d’un autre emploi pour l’année suivante. Unies, nous pouvons imposer à l’administration le respect dû à tout travailleur et des conditions plus décentes.

Une vacataire rouge et noire de colère


CNT-AIT



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