Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Blagnac : le printemps des municipaux

jeudi 20 juillet 2006

Blagnac : Mobilisation massive des agents municipaux qui ont dit clairement au Maire et à son staff de pilotage que ça suffi­sait. C’est le rapport de force et l’action collective qui ont été choisis pour combattre les éternelles injustices pratiquées par les autorités blagna­caises à l’encontre du "petit personnel", c’est-à-dire les plus bas salaires. Car depuis maintenant plusieurs années, à savoir à l’arrivée du dernier maire et de sa troupe, la mise en place du régime indemnitaire et des primes discriminées a été le démarrage d’une politique de mépris des bas salaires. Des primes jus­qu’à 20 fois plus élevées pour les plus hauts grades par rapport aux agents d’en­tretien ! Comme si la différence de salaire n’était pas suffisante pour marquer la différence, ils osent appliquer des pourcentages plus bas pour la qualité de service sur les petits grades.

II y quelques années, du temps des premières luttes, nous n’avions vu que le haut de l’iceberg. La politique s’est considérablement durcie, avec du mana­gement à l’américaine, et des mesures autoritaires à la Sarkozy, pour un maire qui est MRG ! Mais bon, il n’y a rien de choquant à cela, gauche et droite confondues faisant toujours la politique des riches. C’est ainsi qu’à la mairie de Blagnac comme ailleurs, ceux qui exécutent les missions de service public sont moins bien considérés que ceux qui les ordonnent. C’est ainsi qu’à la mai­rie de Blagnac comme ailleurs, ceux qui ont déjà de bons salaires en prennent un peu plus sur le dos de ceux qui ont déjà peu.

Mais cette fois-ci, 60 % du personnel communal a dit : NON, ça suffit. Après une première assemblée générale le mardi 23 mai (200 employés), un préavis de grève a été déposé pour le ler juin. L’intersyndicale a été reçue le mercredi 31 mai par les élus (bizarre ! Juste la veille de la grève, histoire de ne pas avoir le temps de reconvoquer l’assemblée générale !).

Le soir-même, sur décision de l’intersyndicale, la grève du lendemain était suspendue, puisqu’ils étaient "globalement satisfaits" des positions du maire. Petit vent de folie dans les couloirs... Comment l’intersyndicale (6 per­sonnes) peut-elle décider d’une suspension de grève à la place de 200 per­sonnes ?

Message reçu, l’assemblée généra­le était convoquée pour le 6 juin. Un peu moins de monde, le maire avait déjà fait son boulot d’élu : aller "tra­vailler" les agents, petits groupes par petits -groupes, pour leur proposer des avantages. Ce fut le cas des collègues éboueurs à qui il lâcha de l’argent sur les primes. Il n’aime pas du tout que les poubelles débordent dans les rues quand les éboueurs sont en grève... sale image pour la ville ! Pourtant, parmi ceux qui étaient pré­sents à cette AG, la mobilisation fut historique.

L’intersyndicale, se fit secouer, et bien sur, ils se secouèrent aussi entre- eux... Mais, mais, ce qui était impor­tant c’est que les salariés étaient face aux syndicats, avec leur détermination de ne pas lâcher le mouvement. Résultat : grève massive le 8 juin (environ 600 personnes - 60% du per­sonnel). On prit possession de la place de la mairie et des carrefours et rues avoisinantes. Des slogans improvisés, des banderoles et pancartes de tous horizons, un pique-nique imprévu, firent monter la pression chez les élus et les grands chefs, planqués derrière les fenêtres du premier étage et pre­nant des photos.

Les AG se multiplièrent tout au long de la journée, nous avions pris d’office l’auditorium dé la mairie. L’intersyndicale et des représentants non-syndiqués de l’assemblée générale furent reçus dans l’après midi. Le maire et sa troupe ne bougèrent pas d’un poil, toutes les revendications du personnel étaient impossibles à satis­faire. Pour eux, nous étions des enfants gâtés, et on allait s’user avant eux. D’autre part, le préavis de grève déposé par l’intersyndicale n’était pas, dixit le maire, légal pour une grève illi­mitée. Ces commentaires mis entre les mains de l’assemblée générale, ame­nèrent aux décisions suivantes :
-  distribution de tracts sur le mar­ché le samedi qui a suivi et discussion avec les habitants,
-  pique-nique tous les jours entre midi et deux, place de la mairie,
-  préavis de grève le mercredi sui­vant car il y avait une représentation importante pour les élus à Odyssud, la salle de spectacle de Blagnac (le ren­dez-vous des grévistes était prévu à 9h à Odyssud).

Les pique-niques ont donc démar­ré le lendemain et le marché le sur­lendemain. Le lundi après, l’intersyn­dicale et les représentants des non­syndiqués sont convoqués : le maire n’est pas là, il est représenté par un autre élu, accompagné des deux plus hauts fonctionnaires de la collectivité, et là, surprise, tout avait changé : ils comprenaient nos préoccupations et... ils ont tout accepté, la prime pour les plus bas salaires remontée, les congés pour enfant malades ou hospitalisation n’amputeront plus la prime, la refonte complète du régime indemnitaire sur 2007 avec groupes de travail, etc., etc.

Tout ce qui semblait impossible pour eux le jeudi 8, était devenu pos­sible le lundi 12, avec en plus bien sûr, le tapis rouge déroulé.

Remise des décisions en AG le soir-même. L’auditorium était occu­pé, qu’à cela ne tienne, on a pris le terrain de foot. Contents des décisions... mais la vigilance étant de mise, les pique-niques sur la place restent actifs jus­qu’à la fin de la semaine, le temps que des engagements écrits nous arrivent.

Le lendemain par le biais de la messagerie électronique, lettre du maire à tous les agents confirmant les décisions prises : les plus petits salaires auront, avec un effet rétroac­tif depuis janvier, 20 euros de plus par mois et 50 euros de plus en fin d’an­née. Bon, c’est pas le Pérou mais ça correspond dans un premier temps aux demandes des salariés. Toutes les amputations de primes pour hospitali­sation ou pour enfant malade, ne sont plus de mise. La prime ne sera plus amputée. Enfin, une refonte totale du régime indemnitaire est annoncée pour 2007 avec des groupes de travail comprenant des représentants des syndicats et des non-syndiqués (eh oui enfin, on y est arrivé !).

Voilà ! Un bilan inespéré pour les salariés ! La détermination et la soli­darité du personnel, tous corps et grades de métiers confondus a montré son efficacité. Le maire et sa troupe étaient pour le moins bien inquiets... le mois de juin est pour eux un mois stratégique : fêtes des rues, de la musique, des écoles,... si le personnel communal est en grève tout s’arrête et ça, ils n’ont pas voulu prendre le risque d’une ville morte, surtout à un an des élections !

Et puis, il y a de grandes chances pour que leur mémoire collective se soit réveillée... Eh oui ! I1 y a quelques années, les vacataires de l’animation n’avaient pas flanché et avaient tenu bon jusqu’au bout (C’était aussi au mois de juin, à la même période, que les élus avaient. cédé mais il. avait fallu un,an de lutte acharnée. Cette fois, il aura suffi de 3 semaines.

Continuons la lutte collective dans la solidarité et la détermination.

Tiré du Combat Syndicaliste de Midi-Pyrénée n°96, par la CNT-AIT de Toulouse


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