Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Agir contre la répression à Blagnac

mercredi 19 février 2003

Vingt ans cette année que je suis infirmière territoriale à la Mairie de Blagnac. Pendant quinze ans j’ai eu l’opportunité de travailler dans des secteurs d’activité intéressants tels que l’insertion et l’aide aux plus démunis. On m’a confié des missions de responsabilité sans en avoir forcément le titre et le salaire correspondant, des projets à mettre en place dont personne ne voulait, et j’avoue humblement avoir travaillé beaucoup et avec plaisir dans ces missions de service public qui de plus, concernaient les franges de population le plus en difficulté.

Il y a un peu plus de cinq ans, changement politique des élus (nous ne parlerons pas d’étiquette politique ! Qu’importe...). Mise en place alors de primes aléatoires sur les payes du personnel avec des inégalités salariales volontairement entretenues par l’autorité. Ces modes "discriminés" de distribution de "récompenses", sur des bases inconnues ou arbitraires, nous obligent avec un collègue sympathisant de la CNT à réagir et à sortir un tract dénonçant ces pratiques.

La sanction déguisée tombe sans délai : mutation de service pour nous deux. Il y avait alors deux solutions, soit s’occuper juridiquement de nos cas individuels, soit créer une section CNT officielle à la Mairie et continuer à mettre en place les rapports de force nécessaires. Au vu de ce qui nous semblait arriver de peu réjouissant pour les mois à venir, nous avons choisi la deuxième solution.

Une fois la section mise en place, un bulletin mensuel "L’intelligence de la lutte" nous permet d’expliquer nos idées, et d’intervenir sur des affaires courantes (paiement du 1er mai pour les vacataires, répression, inégalités...)

Parallèlement dans le cadre de mon poste de travail (j’étais passée d’un poste de responsable de secteur à un poste de terrain sous la responsabilité d’une personne ayant un grade inférieur au mien), la pression continue : on me confie des missions qui me sont ensuite retirées, on m’affecte, on me désaffecte, je fais le dos rond !

Mon collègue quant à lui n’est pas trop inquiété, il a changé de service mais la pression est tombée.

Sur le plan syndical, une lutte se met en place à l’initiative des vacataires de l’animation. Cette lutte monopolise pratiquement les actions de la section CNT-AIT pendant près d’un an (conseils d’employés, AG des vacataires, actions directes de terrain, propagande) Les vacataires ne souhaitant surtout pas de syndicats dirigistes et voulant rester maîtres de leur lutte et de leurs moyens d’action, très vite ne se sont retrouvés avec eux que le syndicat des autonomes et la CNT-AIT (SUD en pointillé) dans un esprit assembléiste.

Les autorités se retrouvent donc dans l’impossibilité de négocier comme elles le font d’habitude avec les syndicats traditionnels et les vacataires demandent à être reçus ensemble dans le cadre d’une assemblée générale. Les élus sont décontenancés et le mouvement se durcit. Les grèves du 13 avril et du 4 mai 2000 se déroulent avec des assemblées générales sur la place de la Mairie. C’était bien la première fois dans l’histoire de la mairie de Blagnac que des employés solidaires se mettaient en grève et décidaient ensemble, sans dirigeant, sur un espace public, des suites à donner au mouvement (jusqu’à 200 personnes sur la place de la Mairie).

Les élus plient ! Les vacataires ont gagné leur lutte au-delà de leurs espérances (12 titularisations pour 6 demandées) dans un esprit solidaire et égalitaire.

L’été a passé ! Je pensais naïvement que la pression à mon encontre allait se calmer. En fait, insidieusement, sous couvert de restructuration de services, je passe sous les ordres d’une nouvelle personne et d’autres postes sont créés (postes bien sûr que l’on ne me propose pas même s’ils étaient plus adaptés à mon profil professionnel que le poste que j’occupais !). Toujours avec mon sens naïf du service public, je me dis que ce sera peut être positif pour les usagers (plus de personnel donc moins débordé et une meilleure qualité de travail). Un mois après, sans en être avertie au préalable, mes deux supérieurs hiérarchiques arrivent dans mon bureau et m’annoncent qu’ils ont ordre de leurs hiérarchies de m’informer que mes missions de travail sont reprises par une autre personne.

Le choc est dur pour moi. Je me retrouve les semaines qui suivent dans un bureau avec un téléphone et plus de dossiers.

Je demande des entretiens qui n’aboutissent pas, les choses traînent jusqu’au jour où je reçois un coup de fil pour me convoquer pendant mes vacances de Noël à un entretien avec la haute technocratie des fonctionnaires. Ils m’expliquent alors qu’ils se sont un peu perdus dans l’organisation, me demandent d’expliquer le travail que je faisais (ça faisait un an que j’étais à ce poste là !) et me disent qu’avec mon statut d’infirmière territoriale, il est très difficile de me trouver un poste. Ils n’avaient eu aucune difficulté jusque là à me confier des fonctions de chef de service et de travailleur social !

Ils m’expliquent qu’il leur manque une puéricultrice en crèche et que dans l’attente de ce recrutement, j’irai en crèche et que comme je suis infirmière, ça devrait faire l’affaire, tout cela dit avec beaucoup de rondeur et de pommade. N’ayant pas forcément le choix, leur précisant que je n’ai aucune compétence dans ce secteur d’activités et demandant absolument un écrit précisant que cette affectation est temporaire, je commence à travailler dans cette structure de 90 enfants entre 3 mois et 3 ans.

Le profil de poste ne correspond en rien à la réalité, le manque de personnel est criant et je me retrouve sur un double poste de travail, remplaçant les auxiliaires de puériculture auprès des enfants et dans le même temps à gérer les problèmes de santé des enfants, les entrées, les sorties, les plannings et j’en passe.

Un matin, je suis affectée par la directrice sur la section des bébés (20 enfants entre 3 mois et 1 an) avec un agent de service qui était ivre, une heure après je suis appelée sur la section des grands car un enfant faisait des convulsions, je laisse mon premier poste avec la collègue incapable d’assumer son poste de travail et je vais palier à l’urgence sur l’autre secteur. Lorsque ma journée fut finie à 19h, je savais qu’il ne fallait pas que j’aille travailler le lendemain, tellement la pression était importante ; j’avais peur de commettre une faute professionnelle et de "péter un plomb" face aux gamins.

En accord avec mon médecin, nous avons démarré des arrêts maladies. J’ai pris rendez-vous très rapidement auprès du médecin du travail pour lui expliquer la problématique. J’ai écrit à plusieurs reprises au maire pour lui demander une autre affectation : pas de réponse ou réponse évasive.

Les mois s’écoulent, tout est bloqué. Je passe en demi-traitement, plus de prime, ni mensuelle ni annuelle puisqu’elles sont basées sur "la qualité" de travail de l’agent. Le médecin du travail, qui entend ma requête, demande une expertise médicale pour essayer de débloquer la situation. Je suis convoquée en expertise psychiatrique à Rangueil au centre médico-légal, l’expert remplit son questionnaire. Il semble entendre et comprendre ce que je lui dis. Le dossier passe en comité médical, la réponse tarde plusieurs semaines et là quelle n’est pas ma stupeur en apprenant qu’une contre expertise est demandée par l’employeur.

Ce récit est bien long et n’explique pas dans quel état psychologique on se retrouve dans ce genre de situation. Difficile d’imaginer quand on a bossé toute sa vie, que du jour au lendemain on se retrouve avec des journées vides, des regards en coin dans la rue, des sous-entendus, des justifications à donner à son entourage, à ses amis, à sa famille, des fins de mois ingérables, comment on se sent floué et humilié. Difficile d’imaginer qu’ils peuvent être si forts pour bousiller la vie d’une personne qu’ils veulent anéantir.

Après avoir été en congé de maladie et passé une contre-expertise fin janvier dans l’attente d’un nouvel examen de mon dossier par le comité médical départemental, j’ai appris incidemment que j’étais mise "en disponibilité d’office depuis le 15 janvier 2003", sans en avoir été officiellement informée et sans que l’administration, en réponse à mes questions, soit capable de me préciser à quoi correspond ce statut !

Décidée à ne pas subir l’arbitraire de l’administration municipale, et largement soutenue par des collègues employés municipaux et par des sympathisants, réunis dans un Comité de Soutien d’individus ainsi que par les syndicats de l’Union régionale CNT-AIT de Midi-Pyrénées, la riposte s’organise sur trois niveaux :
Sur le plan individuel, avec un avocat qui mettra en oeuvre toutes les procédures d’usage dans ce type de cas,
Au niveau du Comité de Soutien : des pétitions de solidarité ont déjà reçu un large écho, et différentes actions sont en préparation,
En ce qui concerne l’Union régionale des syndicats CNT-AIT, une campagne d’information nationale dénonçant des disfonctionnements graves dans ce dossier comme dans d’autres à la Mairie de Blagnac est en cours d’élaboration. Une caisse de solidarité à été créée et un appel à souscription a été lancé.

(Image PNG)

ENVOYEZ VOTRE CONTRIBUTION SOLIDAIRE A :

CNT-AIT, 7 rue St REMESY, 31000 TOULOUSE. Chèques à l’ordre de :
CNT, CCP 3 117 57 H
TOULOUSE

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