Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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LE REVEIL DES BONS SOUVENIRS

A propos de la grève à la Pose de Rennes en 2000 ... et d’une vengeance patronale à retardement ...

lundi 18 octobre 2004

NADA est un collectif d’agents de différents services Poste ou Télécom, fonctionnaires ou contractuels de droit privé.

Nada tisse un réseau avec des sympathisants, des collègues, pour résister et agir.

Comme nous partageons leurs point de vue, nous relayons leurs textes ci dessous.

LE REVEIL DES BONS SOUVENIRS

Certains épisodes de la lutte des classes donnent encore des aigreurs d’estomac aux patrons de La Poste 4 ans et demi après les faits !

En février 2000, les salariés de la distribution et du tri du courrier ont fait très massivement grève pendant une quinzaine de jours. Cette lutte sociale s’opposait à l’application de la réduction du temps de travail. Concoctée par la gauche plurielle et les patrons de La Poste, cette vague de réorganisations percutait la totalité des services sur quelques mois pour intensifier le travail, accroître bas salaires et sous-statuts.

Avec d’interminables négociations, les patrons misaient sur l’usure de cette grève ; les salariés maintenaient physiquement leur pression (300 à 400 agents selon les jours) en occupant le centre de tri et le siège de la Direction à Rennes, pendant 2 semaines jours et nuits. Le dixième jour, ils bloquaient une enième fois l’accueil au public des principaux bureaux de Poste rennais et investissaient à la périphérie un centre postal anti-grève officiel. Cet établissement très spécial créé par la direction quelques mois auparavant, tournait à plein régime avec un renfort d’une vingtaine de CDD illégaux : il fut mis hors service par l’action d’une centaine de grévistes. Quelques jours plus tard, la direction concédait une trentaine d’emplois supplémentaires (une dizaine en service 2 nuits sur 4 au centre de tri) et une limitation substantielle des retenues de grève, en échange d’une reprise 1) du travail, 2) des négociations RTT établissement par établissement. En votant l’arrêt de la grève, proposé par l’intersyndicale CGT-SUD-CFDT, les salariés déploraient l’absence d’une coordination nationale de la lutte. De nombreuses grèves prolongées se succédaient, puis s’épuisaient, d’une région à l’autre.

Mais le trafic du courrier mit des semaines à redevenir normal. Certes la flexibilité et la précarité se développèrent, mais les dirigeants durent avancer à pas mesurés bureau par bureau, de peur de réveiller la grève générale ; ils ne supprimèrent par exemple le repos du samedi sur deux aux 40 facteurs de Rennes-Crimée que l’année dernière, 3 ans plus tard... L’occupation jour et nuit de leur bâtiment patronal marqua les dirigeants de La Poste au fer rouge : dès l’année suivante une débauche insensée de sas électroniques fut financée pour empêcher une nouvelle invasion. La vigueur soudaine de cette lutte massive et l’unité des salariés du département restent dans les mémoires. Chaque nouveau conflit est une arête dans le gosier des patrons de la Poste, telle la grève de 3 semaines des agents du centre de tri au printemps dernier... Ils aimeraient donc se servir de leur plainte en justice très ciblée pour réécrire cette histoire avant que de nouvelles résistances freinent leurs prochaines réorganisations.

Patrons cherchent " Leaders" !

En poursuivant maintenant en justice 3 salariés pour, soi-disant “ avoir brûlé des casiers de tri en carton ” (au centre anti-grève), les patrons de La Poste n’ont pas peur du ridicule ! Ce qui leur a fait peur, ce qui les effraie encore, c’est la lutte massive des salariés : la lutte des classes, minant les rapports sociaux, feutrés ou de collaboration, qu’ils entretiennent.

-  Les 3 personnes ont été ciblées pour leurs responsabilités passées dans une organisation syndicale. Pendant un certain temps, cette organisation a manifesté à la fois la plus grande combativité et le souci de développer un réseau de lutte réellement ancré dans la masse des salariés.

-  En fait, par leur plainte en justice, les dirigeants de La Poste réveillent nos bons souvenirs ! Mais leur but est différent : ils aimeraient faire croire que tous leurs embêtements ne proviennent que de quelques meneurs. En mettant le projecteur sur des individus et en les faisant publiquement sanctionner, ils essaient de faire oublier l’histoire réelle et la grand’ peur qu’ils ont des masses de salariés. Dans leur logique, il n’existerait que des “ meneurs ” (des chefs, comme eux-mêmes !).

Ce sont pourtant les mouvements collectifs et massifs qui font les luttes sociales, et non des “ meneurs ”. Et cela reste bien la leçon la plus subversive de la lutte de février 2000, leur en déplaise !

Faisons le procès des patrons

Le collectif Nada soutient les trois salariés, tout en rappelant que les prolétaires n’ont pas besoin de “ martyrs ” ou de “ JoséBovés ” qui se prendraient pour ces “ meneurs ” dont le Système (patrons, médias, justice) est friand.

Nous proposons plutôt à tous ceux qui veulent les soutenir (syndicats, groupes, organisations, individus) d’informer, et d’en parler partout autour de soi, en renversant systématiquement les rôles : c’est l’ “ affaire du Centre anti-grève de La Poste ” et non “ l’affaire des trois militants Untels ”.

-  Il est plus judicieux que nous profitions tous de chaque opportunité de cette affaire pour démasquer les patrons qui osent se plaindre à la justice, alors que ce sont eux les délinquants à longueur d’années, notamment en matière de droit du travail.

-  Il ne peut y avoir aucune confiance en la Justice de l’Etat-Patron : lorsqu’elle sanctionne des patrons, c’est juste pour garder un peu de crédibilité, et quand leurs infractions sont devenues trop scandaleuses. Et puis, les condamnations sont rares et pas si chères : pour ne parler que de La Poste, une part minime de ses recours illégaux à des CDD est sanctionnée par les prud’hommes.

Si chacun s’emploie de la sorte, nous aurons réussi à faire l’Instruction des patrons de La Poste. Cette campagne collective instructive pourra entraîner des rassemblements massifs, dès que nécessaire, face aux patrons de La Poste et à la Justice de classe. La sanction que nous leur infligerons sera alors cette poursuite de la lutte des classes.

extrait de “ NADA, sinon rien ! ”

Automne 2004


CNT-AIT



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