dimanche
29 août 2004
Créée en 2000, Nomatica est devenue leader en France et en Europe de vente en ligne d’appareils photo et vidéo numériques. La croissance économique exceptionnelle (3 millions d’euros en 2000, 12,7 millions pour 2001, soit une augmentation de plus de 300%) a permis son introduction en bourse en 2001. Sa progression constante lui permet de figurer parmi les rares start-up françaises bénéficiaires. Nomatica associe à ses prix un service qualitatif haut de gamme : service achats interne, télé-commerciaux multilingues, SAV (service après-vente) intégré.... 170 actionnaires investissent dans la société. (Pour plus d’informations : www.nomatica.com.). Nomatica a réalisé un chiffre d’affaires de 54,5 Millions d’euros (chiffres non audités) pour l’exercice 2003/2004 clos au 31 mars 2004, soit une augmentation de 83.5%. Cette année, la société a réalisé une moyenne de 800 transactions par jour, soit 2 tonnes de matériel expédié et près de 200.000 euros de commandes quotidiennes. Nomatica fait partie des 5 sites Internet de vente par correspondance les plus rentables d’Europe.
Un tableau formidable dans le meilleur des mondes, n’est-ce pas ? Quels employés heureux que ceux qui ont la chance de travailler dans cette superbe société !!! Essayons de traduire.
A en croire ses dirigeants, Nomatica est une société jeune, dynamique en pleine croissance et qui réalise un très bon chiffre d’affaires. Mais Nomatica, c’est avant tout une exploitation de l’homme par l’homme, un capitalisme moderne ("jeune et dynamique", comme ils disent). Cette société formidable se fonde sur le personnel dont près d’un tiers sont des stagiaires sous-payés. Ils sont évidemment poussés à faire plus de travail que des employés en contrat. La majorité des salariés est très jeune. La moyenne d’âge ne dépasse pas 27-30 ans. Pour beaucoup, il s’agit du premier emploi. Une grande majorité vient de l’étranger ou se trouve dans une situation personnelle précaire visible dès le premier coup d’œil sur leur CV. Ils connaissent peu la loi française (ou ne connaissant pas la loi tout court). Ils sont donc sans aucune expérience et se trouvent démunis face à l’arrogance de la direction qui impose un règlement et des mesures de loin abusives. Les jeunes, dont beaucoup ressentent une profonde solitude loin de leur pays (ou en raison de leur situation personnelle) ne savent souvent pas qu’abus il y a et qu’il est nécessaire d’agir face à tant d’insolence et de mépris. (Exemple : la majorité des notes de service commence par le militaire "Il est interdit de...", "Il est obligatoire de..." sans aucun souci de politesse).
Seules quelques rares personnes tentent de contester et d’évoquer au moins les lois en vigueur (et notamment le fait que l’exterritorialité ne s’applique point à Nomatica et que son "règlement" bidon et les notes de services ne priment pas sur la loi française) mais elles se retrouvent rapidement mises "au placard", intimidées ou alors tout simplement dehors. On leur explique avec toupet que Nomatica est une société à part avec une mentalité bien à elle (sic !) et qu’il ne faut surtout pas s’attendre à ce qu’elle fonctionne comme les autres entreprises (traduction : il n’est pas normal d’appliquer le Code du Travail à Nomatica). Face aux stagiaires sous-payés, ceux qui sont payés au SMIC ou juste au-dessus doivent se considérer comme heureux. Mis à part quelques cadres, le petit personnel n’est point classé ni payé suivant la grille salariale de la Convention Collective que Nomatica a pourtant signé et à laquelle la direction fait appel dès que ça l’arrange (notamment pour le travail certains jours fériés). Pour être plus limpide, je citerai un exemple. Des person-nes possédant un niveau plus élevé que le niveau BAC+2, à qui on demande d’employer leurs connais-sances en informatique, en admi-nistration, en gestion ou en droit (compétences qui ne sont point innées), de parler au moins une langue étrangère et de travailler en situation de stress continu, sont classées à un des niveaux et échelons les plus bas de la grille des salaires. De l’autre côté, certains petits responsables peu compétents et pas vraiment travailleurs (mais sachant distiller "le mot qu’il faut à qui il faut et quand il faut", et surtout dénoncer ceux qui auraient osé contester l’ordre établi), reçoi-vent des rémunérations infiniment plus importantes, sans rapport au travail effectué.
Nomatica connaît une expan-sion formidable, rachète les sites Internet européens et investit à tout va dans son développement et pour le bonheur de ses actionnaires. Tout en oubliant ceux qui constituent la base de cette magnifique évolution. Par exemple, au prin-temps 2003, les salariés se sont retrouvés débordés par l’énormité du travail, poussés à faire des heures supplémentaires non comptabi-lisées, non mentionnées dans le bulletin de paie, non payées et même pas récupérées en jours libres. Les jeunes ambitieux -ou tout simplement naïfs- ont cru à la bonne parole des responsables demandant : "Surtout travaillez sans compter, montrez-nous de quoi vous êtes capables et nous saurons nous montrer généreux à Noël". On évoquait une augmentation de l’ordre de 10-15 % et des primes. Les jeunes étaient enthousiastes. A Noël, la majorité d’entre eux n’a même pas vu l’ombre d’une prime (certes, les employés de longue date ont eu droits à des appareils numériques peu fiables que Nomatica peut acheter à un prix insignifiant en Asie). Les respon-sables ont évidemment obtenu leur satisfaction en euros. En ce qui concerne l’augmentation des salai-res du personnel, la direction avouait sa "tristesse" de devoir repousser la date fatidique au mois d’avril.
Mais, le printemps arriva enfin !!! Et certains parmi les simples employés ont vu augmenter leur salaire d’environ ... 2% ! (ce qui représente environ 15 à 20 euros net). La Direction des Ressources Humaines est venue quasiment pleurer sur notre épaule car elle n’avait pas de budget (la pauvre !) pour pouvoir augmenter davantage les salaires. Juste un rappel de ce que nous disions au début de cet article : Nomatica a réalisé un chiffre d’affaires de 54,5 millions d’euros pour l’exercice 2003/2004 soit une augmentation de 83,5%.... A l’évidence, les salariés ont été oubliés, tout comme leur travail "bénévole" dont Nomatica et les actionnaires ont pu bénéficier....
Bien sûr, quelques rares personnes mieux loties (lisez : bien en vue de la direction), sans avoir énormément travaillé l’année dernière, ont vu leur salaire presque doubler. Mais peut-être que faire de la délation et rester après les heures de travail à papoter avec la direction, doit être considéré comme un travail. Dans ce cas, je vous fait mes excuses les plus plates. Visiblement je n’ai rien compris au système ...
Les employés de certains services sont relativement solidaires, et on peut dire qu’ils en ont bien besoin, vu les méthodes de flicage employées par certains "petits chefs" résolus à garder fermement leur place.
Récemment, j’ai appris l’existence des fichiers informatiques sur les "anomalies des employés", comptabilisant toutes les erreurs commises (ou pas) par certains salariées "gênants", sans que ces derniers en soient avertis ni qu’on leur ait demandé des explications ou une solution éventuelle. On y notifie et amplifie les erreurs facilement réparables, que tout un chacun commet quotidiennement (les responsables compris), surtout en situation de stress. Et le "rédacteur" -la responsable- y ajoute gracieusement les solutions "miraculeuses" qu’elle a pu y apporter en émettant des avis du genre "employé non indispensable au service". On oublie dans ces "fichiers" la part de responsabilité capitale de ladite responsable qui délègue aux employés une part importante de SON travail. Elle se limite à rédiger "les procédures", les dits "fichiers", à faire des réunions et à chercher à nous diviser (pour mieux régner) par des rumeurs mensongères sur les uns et sur les autres, et par des promesses distribuées à quelques uns (et jamais tenues).
La société cherche visiblement à réduire les effectifs sous contrat (alors que l’on prétend vouloir embaucher 50 nouvelles personnes). Toutes les méthodes semblent bonnes pour se débarrasser de ceux qui, au fur et à mesure, deviennent "vieux", aigris et contestataires. Il s’agit de pousser à la faute ou à la démission, de convaincre que c’est nous qui avons un problème et qui n’avons surtout rien compris à la bonne marche d’une société jeune et dynamique.... C’est vrai que l’on ne comprend rien au bonheur égoïste des actionnaires.
J’ai pu constater aussi l’énorme mascarade que sont les élections professionnelles puisque ce sont les supplétifs de la direction et de la DRH qui ont été présentés avec faste et élus délégués du personnel, la DRH se nommant par la même occasion la présidente du Comité d’Entreprise. Parmi les "délégués du personnel" en place actuellement, personne n’est venu voir les salariés pour demander leur avis sur des mesures à mettre en place pour améliorer la vie dans l’entreprise, les suppléants de la DRH se limitant à faire de la communication et d’annoncer aux autres les décisions de la direction.
Le mois dernier, les salariés de l’entreprise devaient enfin signer la version valide de leur contrat (les premiers contrats étant faits de manière incompétente et ne répondant pas aux exigences légales). Cependant, ce nouveau contrat, sans préciser clairement les tâches effectives de l’employé, impose une flexibilité et une souplesse extrêmes. On pourrait ainsi changer de poste, de service à tout moment, sans changer l’échelon, le salaire ni le contrat de l’employé. On pourrait demander de venir travailler à n’importe quelle heure de la journée et n’importe quel jour de la semaine. Tout ceci sans que la classification et la grille des salaires de la Convention collective dont relève Nomatica soient prises en compte.... Un contrat parfait pour le patronat et pour le sacro-saint capital de l’entreprise.
Un grand nombre de personnes ont refusé de signer cet amas d’articles parfois contradictoires voulant nous mettre encore plus en situation d’esclaves bénévoles. Certains des employés semblent bien décidés à se battre et à ne pas se laisser faire. Mais combien de temps tiendront-ils face à la pression et dans un pays dominé par la culture MEDEFiste ? Beaucoup d’employés "cherchent ailleurs" -dégoûtés du mépris de la direction-, d’autres décident de faire le "minimum visible nécessaire" tout en restant à Nomatica, démotivés par sa politique sociale.
Et aujourd’hui, certains responsables s’étonnent, cherchent des raisons de la morosité des travailleurs, du manque de motivation, des retards accumulés.... On reproche même aux employés le manque de reconnaissance (sic !) face à tant de bonne foi (sic !) de la direction qui ne semble point se poser la question de savoir comment ses salariés paient leurs factures ni comment ils vivent. # ciriH de la Monte
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