jeudi
24 janvier 2002
Le travail à La Poste comme distributeur d’imprimés, c’est l’exploitation moderne, la flexibilité et la précarité poussées à l’extrême. Notre boulot, c’est de mettre des imprimés dans les boîtes aux lettres, c’est-à-dire le Publi-Toulouse et de plus en plus de publicités. La Poste, service public, passe de juteux contrats avec des grosses boîtes genre IKEA et pour faire ce boulot, elle a besoin de main-d’œuvre pas chère et corvéable à merci. Alors elle a mis en place un CDD ("contrat à durée dérisoire") bien particulier. Car on nous fait signer des contrats à la semaine. Certains d’entre nous bossent ainsi avec de tels petits contrats depuis plusieurs années. Une secrétaire de la DRH de Toulouse m’a dit qu’il lui arrivait de faire plus de 80 contrats de travail par semaine. Et, la semaine d’après, elle recommence avec les mêmes personnes. Rien qu’à Toulouse, on est plus de 130 à travailler avec ce type de contrat. C’est illégal, mais l’inspection du travail ferme les yeux. Pourtant, avec tout le boulot qu’il y a, La Poste pourrait faire des contrats à l’année. Elle pourrait même créer de nouveaux postes.
Nos conditions de travail sont comparables à celles des saisonniers qui se font arnaquer par les vignerons, à celles des clandestins que l’on fait travailler au black (la liste est longue tellement la flexibilité et la précarité gagnent de plus en plus tous les secteurs du travail). Pour aller du dépôt où l’on prend les imprimés à notre secteur de distribution et pour faire la tournée, on prend notre voiture personnelle. On nous verse 300 F/mois pour le carburant, mais l’usure du véhicule n’est pas prise en compte. Si tu tombes en panne, plus de moyen de déplacement, donc plus de boulot. Et s’il pleut trop, même chose : on ne peut pas distribuer des imprimés trempés, alors pas de boulot. Ou bien on nous demande de rallonger la tournée en ajoutant le samedi, sans aucune compensation.
Souvent, on a davantage de prospectus à distribuer que de boîtes aux lettres dans notre secteur, alors on doit ramener le surplus au dépôt pour les mettre dans la benne à ordure sans être payés pour ce trajet en plus. On se fait balader de zone en zone, semaine après semaine, car on n’est pas titulaire d’un secteur. Et on perd beaucoup de temps, car on ne connaît pas tous les secteurs (rues, boîtes aux lettre, lieux de stationnement possibles) et il y a toujours de nouveaux secteurs qui apparaissent. Si tu n’es pas content et que tu râles, on te refile un secteur difficile ou un nouveau secteur très mal payé, où tu ne peux pas garer la voiture, où tu dois faire des kilomètres et des kilomètres à pied. Et si tu gueules trop, on ne te fait pas signer de nouveau contrat.
Ils nous promettent des contrats à durée indéterminée, mais cela ne vient jamais. Au contraire, ils nous donnent de plus en plus d’imprimés à enfourner dans les boîtes aux lettres. En quelques mois, le nombre d’imprimés à distribuer à été multiplié par trois sans aucune compensation financière. Quand je fais mes comptes à la fin de la semaine, après avoir enlevé les frais réels de carburant, d’entretien et de réparation du véhicule, il me reste l’équivalent du RMI… avec l’ACS et la CMU en moins.
Que faut-il faire ? Accepter ces conditions ou retourner au RMI ? Si des collègues de la poste, titulaires ou précaires veulent se battre pour refuser ce type d’exploitation, qu’ils prennent contact avec nous.
Titou, militant CNT-AIT de Toulouse
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