Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Cgt, Fo, Cfdt : Tous ensemble, tous ensemble contre les travailleurs sans papiers

mercredi 20 juin 2007

L’unité syndicale, la fameuse unité syndicale dont le mythe fait encore rêver bien des militants (les plus attardés tout de même), cette unité syndicale quasi-impossible à faire quand il s’agit de mener une lutte, cette unité qui, depuis cinquante ans, se délite et se fragmente à peine vient-elle d’être signée, cette unité vient de faire un bon de géant. Les trois principaux syndicats du pays viennent de prouver qu’ils sont parfaitement capables de se prêter main forte (au sens moral, bien sûr, mais encore plus au sens physique du terme). Cgt, Cfdt et Fo n’avaient qu’un objectif : mettre dehors, par la force, les travailleurs sans-papiers qui s’étaient réfugiés dans la Bourse du travail de Paris. Tout un symbole.

Depuis le 10 février 2007, les sans-papiers du "9ème Collectif" s’étaient réfugiés à la Bourse du travail de Paris, bâtiment situé en plein coeur de la ville, géré par les syndicats. Soucieux de ne pas nuire aux organisations dont ils partageaient ainsi les locaux, ils n’en ont jamais entravé le fonctionnement. Même pas ce 17 février dernier, quand les syndicats ont accueilli un meeting de soutien à un certain Sarkozy qui mène une campagne lepéniste (création du Ministère de l’identité nationale, rafles, stigmatisation des immigrés...), et qui a été, depuis 5 ans, un des principaux exécutants de la casse méthodique des acquis sociaux et de la répression anti-pauvre.

Le 6 avril, les gros bras de la Cgt, de la Cfdt et de Force ouvrière, tous ensemble, ont jeté violemment à la rue les sans-papiers, tout près de la place de la République où sont stationnés en permanence des camions de flics, ceux-là même qui font des rafles lors de la distribution de repas par les restos du Coeur. Non contents de cette expulsion, les valeureux militants syndicalistes ont séquestré tout le matériel des sans-papiers, qu’il se soit agi de matériel individuel (les vêtements) ou collectif (ordinateur, livres,...). Ce n’est que trois jours après que les syndicats ont daigné "rendre" (et le mot "rende" évoque plus ici le mot "vomir" que "restituer") ce qu’ils avaient ainsi volé : ils ont tout jeté à la rue. Et, craignant sans doute de salir leur belle peau si blanche et si délicate en touchant des affaires utilisées par des sans-papiers, ils avaient mis, en signe de mépris supplémentaire, des gants de caoutchouc.

Faut-il s’en étonner ?

Il y a deux ou trois décennies, quand le Parti communiste était encore puissant, il ne craignait pas de faire campagne aux cris nationalistes de "Produisons français", et il hésitait encore moins à envoyer des bulldozers pour qu’ils rasent un "foyer d’immigrés" abritant des travailleurs en situation tout à fait régulière. Ce fut le cas à Evry, où les bulldozers communistes ensevelirent sous les décombres le peu d’affaires des travailleurs qui logeaient dans un foyer pourtant officiel. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Tout à fait récemment, pendant les manifestations anti-CPE, on se souvient que la répression des "forces de l’ordre" a largement bénéficié de la complicité des services d’ordres syndicaux, notamment celui de la CGT. Comme certains d’entre nous ont pu le voir et comme de très nombreux témoignages en attestent, les gros bras des syndicats, CGT en tête, se sont livrés à de véritables ratonnades, à une chasse au faciès (et notamment à Paris, place de la République le 18 mars, ou les syndicalistes ont frappé à coup de matraque télescopique et de gourdin tous les jeunes garçons noirs qu’ils ont pu coincer.

Ce qui s’est passé à la Bourse du travail de Paris a donc des antécédents anciens et profonds. Il ne faut pas l’oublier. Ce n’est pas du au hasard, ce n’est pas une crise de folie passagère de quelques bureaucrates. C’est une position politique mûrement réfléchie. C’est que la "gauche" et les syndicats institutionnels, ont choisi, depuis longtemps, leur camp : celui du capitalisme et de l’État. Leur double discours ne cache la réalité qu’aux naïfs (et, le plus souvent aux faux naïfs). Ils négocient la défense de quelques catégories sociales qui ont encore des privilèges (comme les salariés de l’aéronautique, les correcteurs, les enseignants,...) et celles qui n’arrêtent pas de les augmenter (comme les flics, les politiciens,...) en laissant le patronat et l’État massacrer les autres catégories (dont les sans-papiers bien sûr, mais aussi tous les salariés pauvres (ceux qui rament dans le bâtiment, les services, l’agriculture, les travaux publics, ...), les jeunes, les Sdf, ...).

Que faire ?

La première chose à faire, c’est de crever le pouvoir de ces organisations malfaisantes. Que tous ceux qui ont un peu de conscience, que tous ceux qui ne se satisfont pas de la défense de leurs seuls privilèges, que tous ceux qui ont adhéré "en y croyant" et qui y restent par inertie, déchirent leur carte, ne leur donne plus ni un centime ni une voix. Et un premier grand pas aura été fait.

CNT-AIT Toulouse


CNT-AIT



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