dimanche
1er décembre 2002
Compte rendu de la manifestation au Rassemblement des Sans Papiers à Toulouse, le 19 octobre 2002.
Le point de vue développé par les sans papiers, pour la maîtrise de l’autonomie de leur lutte, est assez exemplaire.
Ce jour là, il y a eu deux rassemblements et deux manifs :
une avec les sans papiers, qui se sont mis ostensiblement à l’écart de la
seconde, comme ils l’ont expliqué dans le texte "Lettre ouverte". (cf après)
l’autre, qui regroupait les élus trotskistes, conseillers régionaux,
permanents de la CGT, les bureaucrates du PC et autres ... Les sans papiers
ont attendu que ce cortège parte (on ne sait même pas ce qu’ils ont fait,
cela ne nous interesse pas), puis à leur tour sont partis en manif, sur un
trajet différent.
Les copains de la CNT AIT ont manifesté avec les sans-papiers, avec qui nous avons des liens tissés dans la lutte, mais sans badges ni calicots. Le cortège regroupait environ trois cent personnes, dont une très grande majorité de sans papiers (exactement le contraire du cortège précédent). Dans leur texte, les sans papiers attaquaient les politiciens : "et maintenant qu’ils ont perdu le pouvoir, ils veulent se servir des sans-papiers pour retrouver leurs places !".
Au bilan, les compagnons de la CNT AIT trouvent normal et sain que tous les gauchistes et "syndicalistes" habituels soient ainsi mis à l’écart de dénoncés pour ce qu’ils sont : des suppléants de la police qui, avec leurs listes, n’ont fait qu’alimenter et rafraîchir les fichiers informatiques du Ministère de l’Intérieur des bureaux de police.
Quelques précisions du Rassemblement des Sans-papiers, ouvriers, gens d’ici, et leurs amis concernant la manifestation du 19 octobre.
Fin juillet le Rassemblement des Sans-papiers, ouvriers, gens d’ici, et leurs amis a décidé de préparer et d’organiser une manifestation pour la régularisation de tous les sans-papiers, sur la base de notre grand principe « qui vit ici, qui travaille ici, est d’ici », nous avons alors arrêté la date du 19 octobre à 15h00, place du Capitole. Ce rendez-vous, nous l’avons fait connaître depuis plusieurs mois.
Nous venons d’apprendre que vous-mêmes avez décidé de manifester le même jour, à la même heure, au même endroit -, cela faisant beaucoup de coïncidences nous ne pouvons pas mettre votre décision seulement sur le compte du hasard. Pour clarifier la situation nous sommes donc amenés à préciser (à vous, ainsi qu’à la presse et à toutes les personnes intéressées par notre bataille) les quelques points suivants :
1°) bien évidemment nous maintenons notre manifestation décidée de longue date, et ce à l’heure prévue, au lieu prévu et au jour prévu ;
2°) notre manifestation ne se joindra en aucune façon à la vôtre (et inversement).
3°) nous tenons à rappeler que contrairement à ce que vous affirmez, les sans-papiers ne viennent pas de se réveiller. Le Rassemblement des Sans-papiers, ouvriers, gens d’ici, et leurs amis a mené au cours des 5 dernières années de nombreuses manifestations, rassemblements, délégations à la Préfecture . Les nombreuses personnes qui y ont participé ainsi que nos nombreux textes disponibles à tous en sont la preuve. En disant cela vous voulez faire oublier votre propre silence et votre complicité avec le gouvernement Jospin/Gauche plurielle autour de son ignoble loi des 10 ans (loi que Sarkozy trouve d’ailleurs très bonne), loi que vous-mêmes et vos amis alors au gouvernement avez votée et fait voter.
4°) au cours des 5 dernières années nous ne vous avons jamais vu participer à une de nos nombreuses manifestations.
5°) depuis 45 jours maintenant, vous avez mis en place vos fameuses « listes » qui devaient tout régler (pour quelques-uns uns !), Mais qui en fin de compte n’ont fait qu’alimenter et rafraîchir les fichiers informatiques du Ministère de l’intérieur et des bureaux de police. Vous avez mis en place ce que nous avons appelé très tôt par son véritable nom : un piège pour les sans-papiers.
6°) vos derniers arguments visent à diviser les gens dans la bataille pour la régularisation et les droits pour tous : vous appelez clairement les familles à vous suivre dans votre aventure, leur faisant croire que leur sort sera réglé si il n’y pas de régularisation générale et qu’ils doivent passer devant tout le monde. Cela montre bien le peu de souci que vous avez de ce qui arrive aux milliers d’ouvriers sans-papiers qui vivent et travaillent en France, avec ou sans leur famille. Votre souci évident est la manipulation des ouvriers sans-papiers pour remonter tel ou tel parti qui en a bien besoin.
7°) au Rassemblement nous avons toujours affirmé (et tenu) que nous ne cherchons pas des places mais les droits, et nous resterons fidèles à ce principe : ainsi le 19 octobre, notre manifestation sera pour la régularisation générale et sans condition de tous les sans-papiers sur la base de qui vit ici, qui travaille ici, est d’ici.
Toulouse, le 13/10/2002
Les listes, c’est un piège pour casser la bataille des ouvriers sans-papiers
pour les droits !
Rejoignez le rassemblement pour gagner la régularisation générale de tous
sans conditions
1) Les listes, c’est un piège, ça permet au gouvernement de faire un fichier de tous les sans-papiers, avec la mise à jour de toutes les informations (adresse récente, n° de passeport, etc.). Quand le gouvernement décidera et essaiera d’expulser, merci la CGT, ils auront fourni toutes les informations nécessaires !
Les listes, c’est pour la régularisation de quelques-uns et contre la régularisation générale. Seule une partie des sans-papiers (quelques-uns uns parmi ceux qui ont plus de 10 ans et peut-être quelques familles) sera régularisée, comme ils l’auraient été de toute façon. Déjà, la fameuse liste de Bobigny a donné ses résultats : la préfecture de Bobigny a fait savoir qu’elle avait pu ficher 500 personnes inconnues de ses services ! Quant aux régularisations, ils appliquent la loi de Jospin des 10 ans. D’ailleurs, Sarkozy a tenu à remercier les organisations qui avaient calmé les choses.
2) Les listes, c’est fait pour casser la bataille pour la régularisation
générale, et les droits pour tous, menée par le Rassemblement sous
Chirac/Juppé, Chirac/Jospin, et maintenant Chirac/Raffarin.
Il s’agit de profiter des sans-papiers, pour gagner des places dans une
commission d’application de la loi ou peser sur les marchandages électoraux.
Où étaient-ils ces gens-là, quand le Rassemblement manifestait toutes ces
dernières années, ici même à Toulouse, pour demander la régularisation et
empêcher les expulsions de camarades ?
Ils étaient avec leurs complices du PCF, du PS, des Verts, ceux qui ont fait
la loi Jospin des 10 ans qui oblige à attendre 1 0 ans avant d’avoir les
papiers. 1 0 ans à vivre et travailler sans droits ! Et maintenant qu’ils
ont perdu le pouvoir, ils veulent se servir des sans-papiers pour retrouver
leurs places !
3) Les listes, c’est pour préparer les gens dans le pays à accepter les futures expulsions de tous ceux qui seront refusés. Ils présenteront les refusés comme des gens « dangereux pour le pays, des parasites », etc.. alors que nous sommes des ouvriers, des gens qui construisent le pays. Ils nous ont déjà fait le coup en 1997
4) Les papiers, ça se gagne. Il faut arrêter de rêver et de croire au Père
Noël : s’il suffisait de mettre son nom sur une liste, même avec sa photo et
son n° de passeport, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus de sans-papiers
en France. Malheureusement, c’est plus dur.
Le gouvernement a annoncé très clairement qu’il n’y aurait pas de
régularisation générale, mais seulement des examens des situations au cas
pas cas. Sarkozy parle déjà de refaire des charters pour expulser.
Au lieu de vos précipiter dans la gueule du loup, il faut vous battre dès
maintenant, rejoindre le Rassemblement pour déployer une force encore plus
visible et plus solide pour la régularisation de tous, pour les droits pour
tous !
Ca nécessite d’avoir du courage et de la confiance. Au Rassemblement, nous
avons déjà connu des situations semblables, et pires. Nous nous sommes
toujours battus, nous avons résisté, nous avons tenu bon. Et nous sommes
toujours là, avec parmi nous beaucoup qui ont gagné leurs papiers.
5) Soyez de la force, et non de la faiblesse.
Combattez les listes pour ce qu’elles sont : un piège, une entreprise de
démolition de la bataille politique des sans-papiers, une utilisation sans
scrupule des difficultés des gens pour gagner des places et du pouvoir.
Au Rassemblement, personne ne se présente aux élections, personne ne cherche
de place ; au Rassemblement, on cherche les droits pour tous ! On est membre
du Rassemblement parce qu’on le décide et qu’on s’y engage sur des principes
clairs :
10 ans sans droits ce n’est pas acceptable ! La loi des 10 ans ne doit pas exister Régularisation générale sans condition de tous les sans-papiers. !
Le Rassemblement des Sans-papiers, ouvriers, gens d’ici, et leurs amis
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