mercredi
25 juin 2008
Chronique de la manifestation du 21 juin 2008 pour la fermeture de tous les centres de rétention, et plus particulièrement celui de Capuchinos (Malaga), d’après un texte des compagnons de la CNT AIT Espagnole.
Chronique de la manifestation pour la fermeture immédiate du centre de rétention de Capuchinos (Malaga)
L’appel à manifester contre le centre de rétention de Capuchinos du 21 juin 2008 a été appuyé par des dizaines d’organisations. Le mot d’ordre était pour la fermeture de tous les centres de rétention et concrètement pour la fermeture immédiate du centre de Capuchinos, dans notre localité.
La réponse d’une vaste représentation de habitants à cette convocation a été mise en évidence dans la coloration de cette marche, avec une participation plurielle du spectre politique des gauches, entre autre des associations, des syndicats, de certains partis politiques, et des indépendants. Il faut souligner l’absence des partis politiques majoritaires [socialiste notamment]. L’attitude des manifestants a été « mesurée » en dépit des problèmes lié au départ et aux modification du parcours, pour lequel il n’avait pas été demandé d’autorisation préalable. Après l’intervention d’un certain député, la manifestation a enfin pu partir ... par les rues piétonnes et pour les parties dans lesquelles on devait occuper la chaussée avec la promesse de ne pas interrompre le trafic, et de circuler sur les trottoirs ...
Le déroulement du premier Forum Social des Migrations dans notre ville, pendant ce même week-end, a aussi rendu propice l’assistance de personnes de différents points de la géographie andalouse. Ainsi, groupés comme des sardines, et avec l’esprit échauffé par le feu vert accordé par le parlement européen à la nouvelle Directive européenne de « retour des immigrés », connue maintenant comme la « directive de la honte », la manifestation a commencer à exprimer le mal-être sur les conditions actuelles de détention administrative de l’immigration non régulée, et les barbaries projetées pour un futur proche.
Outre les slogans contre le manque absolu de défense juridique dans ces établissements de détention d’étrangers, il y a eu d’autres qui faisaient allusion à sa fermeture définitive et aux mauvaises conditions de vie dont souffrent ceux qui y sont retenus. De même, des appels pour les mêmes droits de travail et droits sociaux pour tous ont été lancés. Le climat pacifique et de fête a illuminé tout le parcours jusqu’à arriver à la Place Capuchinos où est enclavé la sinistre caserne de l’armée reconvertie en Centre d’Internement pour Étrangers (C.I.E.) et dans laquelle nous attendaient un grand comité d’accueil de la Police Nationale. Les véhicules anti-émeutes disposés devant la façade empêchaient toute approche. En effet, avec un effort constant, le Gouvernement [régional andalou] refuse de respecter la sentence du Tribunal Suprême de 2005 de permettre l’accès à l’enceinte à des organisations pour l’évaluation des conditions de vie à l’intérieur des centres.
De larges tâches de peintures rouges sur la façade sont venues alors, comme une décoration allusive, rappeler le sang versé dans ces murs.
En effet, il ne faut pas oublier que dans l’histoire de ce triste centre depuis les années 90, on ne compte plus les nombreux suicides, et d’autres drames tels que des grèves faim, des incendies, des abus sexuels, l’utilisation de la force, l’isolement, en plus des autres impunités et scandales. La marche s’est concentrée dans les jardins de la place, où on a lu le communiqué de la manifestation. Puis la parole a été cédée aux différentes organisations participant.
Ce sujet est loin d’être clos, surtout avec les nouvelles modalités que vont assumer dans un futur proche ces établissements de détention, auxquels il sera accordé la possibilité de retenir une personne jusqu’à 18 mois pour un motif purement administratif. S’alignant sur le pas des courants xénophobes qui s’affirment dans l’Europe des « Libertés », le parti du gouvernement [le parti socialiste] a déjà annoncé que la période maximale de détention passera de 40 jours actuellement à 60 jours.
Quant au centre de rétention de Capuchinos, il faut rappeler que le conseil municipal la mairie de Malaga a approuvé sa fermeture avec l’appui d’IU [1] et du PP [2] (que l’on n’a pas vu, ni l’un ni l’autre, dans la manifestation), et avec l’abstention de PSOE [3], dont l’état d’esprit quant à ce qui doit être appliqué aux étrangers paraît clair malgré tout. La manifestation quant à elle a exigé la fermeture définitive de cet espace de l’impunité, afin de destiner le bâtiment à des équipements sociaux et culturels pour tous les habitants de la ville.
POSITIONNEMENT DE LA CNT-AIT FACE AUX CENTRES DE RETENTION
Le Syndicat Intercorporatif de la CNT-AIT à Malaga a décidé de soutenir cette manifestation ainsi que les précédentes, parce qu’elles rassemblent d’un part l’esprit abolitionniste de l’anarchosyndicalisme, qui rejette toute forme de privation de liberté des individus, et d’autre part l’aspiration universelle à l’égalité de droits et de libertés, sans restrictions administratives et sans distinction de frontière, drapeau, ni nationalité.
Bien qu’étant présenté comme des établissements publics de caractère non pénitentiaire, pour la CNT-AIT, un centre de rétention est avant tout une prison avec toutes ses implications répressives : le contrôle social des personnes d’autres lieux d’origine. Sa gestion - par la Direction Générale de la Police - maintient une fonction rémunérative en ce qui concerne la détention et la garde d’étrangers soumis à des procédures d’expulsion du territoire national.
La création de ces centres par un Arrêté Ministériel est une véritable traîtrise : ainsi, l’Etat inflige des mesures de privation de liberté à des personnes qui n’ont commis aucun délit, si ce n’est une infraction administrative de pas disposer de papiers en règles. Cette distinction dans le cadre pénitentiaire produit une violation de droits du fait que cet internement n’obéit pas à un délit pénal caractérisé. Il s’agit donc d’une double peine, qui les prive en plus des maigres garanties juridiques et constitutionnelles du cadre juridique pénitentiaire classique.
En fonctionnement depuis 1985, ils se sont tout d’abord développés dans un grand vide légal, avant que n’intervienne le règlement de 1999 et postérieurement, la Loi et le règlement des étrangers. Durant ces 14 premières années d’existence, les Centres de rétention étaient des territoires « inconnus », où seul le règlement fixé par le quartier général policier prévalait. De nos jours, et en dépit de la réglementation qui les régit, ils sont toujours les lieux de graves insuffisances basiques, comme la mauvaise organisation, les horaires de visites différents selon chaque centre, le manque d’assistance sociale et de programmes d’éducation et de temps libre, l’inexistence d’activités sportives, la surpopulation et le manque de ressources, etc..
La CNT-AIT dénonce l’énorme secret et le manque de transparence dans la gestion des Centres de rétention de la part de la Direction Générale de la Policie, les mauvaises conditions de vie dans les centres en général, et l’impunité avec laquelle la police opère entre ces murs de détention. De même, la CNT AIT dénonce l’abstraction dans laquelle on développe les politiques migratrices dans le monde globalisé, et plus particulièrement dans notre entité économique-politique européenne, dont l’état espagnol est un appendice de plus dans la structure des blindages de Schengen.
DETRUISONS LES MURS DES CENTRES DE RETENTION !
A CAPUCHINOS : REMPLACEMENT DU CENTRE DE RETENTION PAR DES ÉQUIPEMENTS SOCIAUX ET CULTURELS MAINTENANT !
CNT AIT Malaga
[1] Izquierda Unida : Gauche Unie, ex Parti communiste et verts
[2] Parti populaire, droite dure ... Les motifs pour demander la fermeture ici ne sont bien sur pas les mêmes ...
[3] [Parti Socialiste
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