Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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PILULE AMERE

jeudi 27 mai 2004

Pour qu’un médicament soit commercialisé, il faut qu’il reçoive l’autorisation finale de l’EMEA, l’agence européenne du médicament. Il faut savoir qu’en 2002, 72.2 % du financement de l’EMEA provenait de l’industrie pharmaceutique, ceci d’après le New England Journal of Médecine, peu suspect de propagande anticapitaliste, . Voilà déjà de quoi laisser peu d’illusions sur ce que nous consommons pour nous soigner.

La paperasse en surnombre, censée légitimer la mise sur le marché d’une nouvelle spécialité permet surtout "d’emballer", de rendre présentable les essais comparatifs réalisée par les laboratoires avec l’aval de d’EMEA et finalement de mettre sur le marché des médicaments plus lucratifs qu’utiles.

Dans le meilleur des cas, c’est-à-dire pour certaines classes pharmaceutiques particulièrement dangereuses, on compare le nouveau médicament, celui qui est à tester, avec un ancien médicament dont on est censé connaître l’efficacité, les effets secondaires et la tolérance chez l’homme par des études antérieures. Loin de mettre sur le marché des médicaments plus sûrs, plus efficaces, ces essais cliniques basés sur l’équivalence permettent de vendre des médicaments qui ressemblent à l’ancienne spécialité de très près : de 1995 à 2000, 74 % des nouveaux médicaments commercialisés ont été des me-too, c’est-à-dire de simples copies qui n’apportent aucune innovation mais qui permettent, grâce à une nouvelle appellation du produit, de le vendre beaucoup plus cher que le "vieux" médicament. C’est l’exemple d’un test à la tuberculine purifiée, Ventoux°, mystérieusement disparu des étagères des officines pharmaceutiques au profit d’un "nouveau" test dont la seule "innovation" est le prix, quatre à cinq fois supérieur au précédent.

Là n’est pas la seule mystification que permettent les essais comparatifs validés par l’EMEA. Les effets secondaires des nouveaux produits peuvent être largement inconnus puisqu’il peut suffire que deux médicaments aient moins de 50 % de différences pour qu’ils puissent être déclarés équivalents.

Voilà ce qui se pratique de mieux en terme d’évaluation du médicament ! Car la plupart de nos futures thérapies sont soumises à des contrôles moins durs. Plutôt que de le comparer à un médicament de référence, ayant une efficacité avérée dans la pathologie testée, les labos préfèrent le comparer à un placebo (c’est-à-dire à une substance dont on sait par définition qu’elle n’a aucune efficacité réelle)... ou comment baisser la barre pour mieux sauter !

Sur le plan de la sécurité individuelle, il faut savoir que les personnes participant aux essais cliniques dont il est question ci-dessus ne sont pas informés que leur "collaboration en tant que cobaye" ne sert pas à l’amélioration de leur propre santé ni à la santé publique mais juste à la commercialisation d’un médicament de plus.

De plus, une nouvelle drogue n’est pas toujours testée sur sa capacité à guérir la maladie et à baisser la mortalité. Elle peut l’être sur des "critères intermédiaires". Par exemple, on peut autoriser la commercialisation d’un "anti-diabétique" qui n’a pas d’efficacité directe contre cette maladie mais qui est censé faire perdre du poids. Dans ce cas, il peut être bien plus efficace -et moins risqué- pour le patient de suivre un régime que de prendre ce médicament !

C’est ce que souligne la revue "Prescrire", une des rares publications médicales encore indépendantes des laboratoires pharmaceutiques : "Un observateur ingénu ne pourrait qu’être surpris de la situation actuelle. Les inhibiteurs calciques sont parmi les médicaments les mieux vendus au monde (parmi les 10 meilleur chiffres d’affaire) alors que leur rapport bénéfice/risque reste incertain et que l’on dispose dans leurs principales indications de médicaments mieux validés. Cette incohérence souligne la complexité des rapports entre l’industrie, les médecins prescripteurs, les universitaires et les autorités administratives. L’intérêt du patient n’est pas toujours le principal critère de décision". Faut-il s’en étonner vraiment ? Dans un système qui transforme tout -y compris la santé des gens- en marchandise, le profit maximum est le seul intérêt qui anime les décideurs et leurs complices.

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