mardi
21 octobre 2003
Ce fut le thriller de l’été ! Un dangereux maniaque flinguait les vieux à tour de bras. Ses victimes étaient essentiellement des personnes âgées, de "modestes conditions" comme on dit, habitant souvent dans les grandes villes, notamment Paris. Les journaux en firent leurs titres, de plus en plus gros : 100 mort le 08 août, 1200 le 11, 2300 le 12, pour atteindre plus de 15000 avant que les hommes de Sarko n’arrêtent le coupable : le soleil ! Déguisé en canicule, au nez et à la barbe des fins limiers du gouvernement, le soleil a assassiné des milliers de vieillards, aux portes des hôpitaux dans le pays au meilleur système de soins du monde. Incroyable, non ? Faut dire, la bête immonde avait des complices : les familles ! Ces ignobles familles qui partent chaque année en vacances en laissant leurs aînés attachés aux grilles des mouroirs ou aux pieds des piteux HLM de Paris. Elles le payeront : les salariés seront privés d’un jour de congé annuel.
Heureusement, nos élites trouvèrent une solution géniale à la crise : des camions frigo de boucherie pour stocker les corps. Hélas pour le gouvernement de Sarkoland comme pour ses prédécesseurs, si les morts sont bien réels, tout prouve que les coupables sont ailleurs et que leurs complices ont de fortes chances d’habiter du côté de l’Assemblée Nationale. Cette hécatombe révèle l’incurie de nos princes et leur cynisme. Fermeture d’écoles d’infirmières, suppression de postes et de lits dans les hôpitaux publics, fermeture des petites unités médicales de proximité, mise en place des 35 heures sans création d’emplois compensatoires, ils ont tout fait pour accélérer la privatisation du système de santé, pour en faire un secteur juteux pour les professionnels des affaires. Ils ont aussi détruit les solidarités. Assurances privées, médecine libérale à trois vitesses, cliniques et maisons de retraites privées, déremboursement des soins, petit à petit, pierre après pierre, les hommes politiques de droite comme de gauche transforment le droit au soin en marché de la survie. Aucun patron, aucun homme politique, aucun Papon ne figure sur la longue liste des victimes de la canicule. Et pourtant, les antichambres et les salons du pouvoir regorgent de vieillards.
Beaucoup de vies auraient pu être sauvées de façon très simple et bien peu onéreuse. Des services d’urgence ayant des moyens et du personnel, des généralistes et des services d’aide aux personnes âgées en nombre suffisant et réellement opérationnels, et bien des morts auraient pu être évités par des actes simples et peu coûteux ("goutte à goutte" d’une solution à base d’eau pour réhydrater, conseil sanitaire, simple surveillance à domicile). Mattéi, Monsieur 15 000 morts, dont la morgue s’est étalée sans fard le 11 août à la télévision (il déclarait alors, en petit polo chic, depuis sa maison de campagne du Var que le gouvernement maîtrisait la situation) a beau déclarer que "le gouvernement n’est pas responsable de la canicule", personne n’est dupe. Non seulement, ce gouvernement est coupable et responsable de n’avoir pas su mettre en place les mesures sanitaires permettant de lutter contre les effets de la canicule, mais lui et ses prédécesseurs sont coupables et responsables d’avoir détruit un système de santé sensé assurer un égal accès aux soins pour tous.
Cette façon de fuir leurs responsabilités n’est pas nouvelle de la part d’hommes politiques. C’est presque consubstantiel à la condition d’élu. Rappelons-nous les socialistes et l’affaire du sang contaminé ! Mais on en arrive à un niveau de lâcheté proprement écœurant lorsqu’un gouvernement, devant cette hécatombe, ne trouve d’autres boucs émissaires que le soleil et les familles des victimes.
Du fait du réchauffement climatique, les tempêtes et les canicules devraient être plus fréquentes dans les années à venir. Seul un changement de fonctionnement radical de nos sociétés productivistes peut limiter ces bouleversements. Ne comptons pas sur ces canailles politiques pour éviter le pire. Si une tempête déferle sur une centrale nucléaire, si une nouvelle canicule frappe les plus démunis, gageons que les élus, toutes classes politiques confondues, eux qui sont toujours prompts à mettre la planète en coupe réglée pour le seul profit immédiat de leur caste de nantis, retrouveront les traces des deux coupables : le ciel, et nous ... la population !
Pierre.
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