Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

[ Imprimer cet article ] [ Envoyer cet article ] [ Nous ecrire ]



ENVOI, C’EST PARTI !

lundi 2 mai 2005

A la suite de plusieurs contacts et de réunions avec des militants de la CNT-AIT, un groupe de salariés d’Envoi a voulu faire connaître ses problèmes. Voici leur interview collective.

Qu’est-ce que "Envoi" ?

"Envoi" est une ASSOCIATION d’insertion par l’activité économique. Elle est implantée en zone franche à Toulouse-Le-Mirail, dans les quartiers de Reynerie et de Bellefontaine et aussi à Montaudran, où deux personnes travaillent régulièrement dans un entrepôt de stockage. C’est donc une entreprise importante, qui emploie plus de 70 personnes dont une cinquantaine en insertion. Il se dit que c’est la plus grosse entreprise d’insertion de la région, ce qui, avec les parrainages prestigieux dont elle bénéficie (Airbus, la Mairie de Toulouse, notamment), lui donne une très grande aisance.

A quoi ça sert ?

L’objectif affiché est de permettre à des gens en situation d’exclusion de prendre (ou de reprendre) pied dans le "monde du travail" en leur proposant une activité professionnelle progressive et un accompagnement social personnalisé En principe, les emplois proposés doivent concerner des Rmistes, des chômeurs , mais aussi des jeunes diplômés des quartiers du 31100 qui ont du mal à trouver du travail compte tenu de leur origine.

Comment est-elle financée ?

Il faut d’abord dire que, quand on est embauché par Envoi, on travaille vraiment dur parce qu’il faut avoir une production conséquente. Ceux qui ne tiennent pas le coup sont virés dans les quinze jours d’essai, ou tout au plus à l’issue du premier contrat de trois mois. Cette production (saisie de petites annonces pour des journaux, désimmobilisation de matériel informatique, revente, travail pour AIRBUS, la Mairie de TOULOUSE, EDF, des départements ou des entreprises) est facturée très cher et rapporte donc beaucoup d’argent à Envoi. De plus, l’association perçoit de nombreuses aides. Elles sont théoriquement prévues pour compenser le manque de rendement, de permettre d’encadrer et d’accompagner -comme on dit -en " travail social ", la personne dans son parcours d’insertion (aide pour trouver un logement, pour faire des papiers, pour passer le permis de conduire, pour apprendre le français, ou même à lire et à écrire...). Ces financements, qui sont légaux, proviennent de l’État, et de l’Europe...... Pour donner une idée, ils sont de l’ordre de 15 000 euros par an pour chaque poste en insertion.

Cela fait de grosses sommes ?

Oui, le budget de l’association est colossal. Quelqu’un qui verrait les comptes en banque d’ENVOI serait certainement très surpris. Mais, tout le monde n’en profite pas de la même manière : nous, nous n’avons que de tout petits salaires...

Ce budget permet peut-être de rémunérer ce fameux travail d’accompagnement ?

Sur ce plan, il y aurait également beaucoup à dire. L’accompagnement est tellement inexistant qu’on se demande à quoi servent les accompagnateurs sociaux ! Ceux qui ont la chance de travailler 24 mois (ce qui constitue le maximum du temps d’insertion), se retrouvent à la case "départ" en sortant : pas de formation qualifiante, pas de validation des acquis, et surtout pas le moindre espoir d’embauche à l’horizon !... Seulement deux ans supplémentaires d’ASSEDIC de gagnés ! Et on recommence... .

C’est le cas de tout le monde ?

Non, il y a le cas particulier des "techniciens d’essai", qui travaillent chez AIRBUS. Eux, ils ont une chance d’être embauchés. Mais, sont-ils des "personnes en difficulté" au départ ? Toute la question est là... Peut-on mettre sur le même plan un Rmiste ou un chômeur sans diplôme et quelqu’un qui a un bac +2 ou davantage ?

Les conditions de travail ?

Elles sont très dures, surtout pour des personnes qui retrouvent une activité après un long chômage. De plus, être dans l’attente, sans savoir si au bout de trois mois, puis des trois mois suivants, on va être reconduit ou non -ce qu’on apprend au tout dernier moment-, c’est usant et ça ne permet pas de faire des projets de vie. Tenez, tant qu’on parle des contrats, en voici deux signées à la même date pour la même personne mais avec deux durées distinctes... C’est curieux, non ?

Qu’en pensent les salariés ?

Des contrats pas très satisfaisants, un travail dur, de tous petits salaires, un accompagnement social inexistant : rien n’est à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’une association d’insertion bien dotée. Pendant trop longtemps, tout le monde a fait silence. Évidemment, quand on a toujours un pied dans la précarité, c’est difficile de s’opposer à des dirigeants puissants qui vous rappellent sans cesse que si vous n’êtes pas content, la porte est ouverte.. Mais les choses changent : la preuve, c’est que, malgré la menace, nous sommes aujourd’hui avec vous pour en discuter et voir comment on peut bouger les choses ensemble. Et ça, à "Envoi", c’est vraiment du nouveau !

BB


CNT-AIT



-  Contacter des militants anarcho-syndicalistes
-  http://cnt-ait.info est le site d’actualité de l’Anarcho-syndicalisme.
-  La reproduction et la diffusion de l’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme sont encouragées

Traduction(s):

[ Haut ]

L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP, un programme Open Source écrit en PHP sous licence GNU/GPL.