lundi
8 décembre 2003
Pas de débat avec ceux qui détruisent l’école, les services publics et les droits sociaux !
« Ceux qui luttent peuvent perdre ; ceux qui ne luttent pas ont déjà tout perdu »
B. Brecht
Les Assistants d’éducation : Je fais parti d’un corps disparu de la Fonction Publique d’État. Ferry a procédé au plus grand licenciement depuis 1945 et les chiffres « parlent » d’eux-mêmes : 23.000 surveillants et Aides Éducateurs ne sont remplacés que par 14.000 nouveaux assistants d’éducation. Les recrutements ayant déjà eu lieu font apparaître un « profilage » discret, notamment concernant la documentation : au lieu d’embaucher les titulaires correspondants et alors même que des menaces pèsent sur le CAPES Documentation. Tous les personnels concernés doivent donc refuser catégoriquement de participer directement et/ou indirectement à ces recrutements. Les Assistants d’éducation sont donc malgré eux un facteur de précarisation des personnels non enseignants puisque potentiellement, ils peuvent remplacer n’importe qui. Les décrets parus sont d’ailleurs extrêmement lourds de conséquence : par exemple, le CA d’un établissement peut décider de prêter un assistant d’éducation contre indemnité fixée annuellement par ledit CA. Quant aux Aides Éducateurs, les litiges concernant les droits les plus élémentaires se multiplient : congés maternité, congé formation, vacances etc. Les prud’hommes commencent à recevoir les dossiers : à suivre de très près !
Les décentralisés : les Techniciens et Ouvriers de Service d’abord ! Le sénat a adopté le 16/11 (en 1ère lecture) le projet de loi sur « les responsabilités locales » ou transfert des compétences dans le cadre de la décentralisation. Un projet qui sera examiné par l’Assemblée nationale à partir du 27/01. Parmi les mesures adoptées et qui seront effectives au 1er janvier 2005, le transfert aux régions et départements des 96.282 TOS des lycées et collèges. Le « coût » du transfert s’élèvera à 1,771 milliard d’€/an annonçait le 14/11, le ministre délégué aux Libertés locales promettant face aux critiques d’élus que « les crédits seront inscrits dans la loi de finance 2005 ». Après des 35h désastreuses où nos camarades se sont trop souvent retrouvés à lutter seuls, ils sont rayés des cadres. À quand les Copsy et les AS, les administratifs et CPE ? ? ?
Un pseudo débat qui ne prend pas malgré la propagande de Ferry et Darcos : Les média régionaux et nationaux confirment largement ce que chacun peut constater sur le terrain, ça ne prend pas ! D’ailleurs la semaine dernière, le proviseur du lycée cherchait 2 animateurs pour un débat qualifié de « démocratique »… Non monsieur le proviseur, ce débat n’est pas démocratique : tout nous est imposé d’avance ! Sur le site internet consacré au « débat », la circonscription de Chinon ne faisait apparaître la semaine dernière aucune date… Et pour cause, il n’y a rien à débattre dans ces conditions :
localement : le recours aux contractuels continue, l’internat a été inondé voici 1 mois etc. Plus largement les collègues de St Pierre notamment sont dans la panade, exemple : le gymnase Stalingrad trop dangereux n’est plus utilisable, après Néruda, c’est le collège Stalingrad que veut fermer le Conseil général alors même que pèse toujours des menaces sur le LP de Descartes ! Les fonds sociaux ZEP baissent drastiquement etc.
nationalement : le budget de l’Éducation (nationale) prévoit la suppression de 1.100 postes d’agents et 2.600 enseignants stagiaires. Dans les collèges et lycées, 4.000 postes sont supprimés et 1.500 postes seulement sont créés dans le primaire alors que l’on attend 55.000 nouveaux élèves. Notons aussi les menaces sur la scolarisation à deux ans et sur la maternelle en général… d’autant plus que les « interrogations » (fort bien tournées et agencées) sont des questions rhétoriques, démonstration : L. Ferry : la question de la méthode est essentielle (…). Le véritable levier, c’est l’autonomie des établissements (…). La mise en place de la bivalence des professeurs de collège serait une très bonne chose (…). X.
Darcos : parvenir à une autonomie des établissements est, effectivement la principale clé de la réforme : confier la responsabilité du recrutement des assistants d’éducation aux chefs d’établissement a constitué un réel progrès ; la globalisation des crédits accroîtra leur marge de manœuvre et rapprochera le mode de décision dans les établissements d’enseignement public de celui qui est mis en œuvre dans les établissements privés (…). Rapport sur la commission des Finances de l’Assemblée nationale sur le budget 2004, enseignement scolaire et jeunesse, examen en commission. Facultatif, ce débat, joué d’avance, doit être transformé en fiasco : le boycott et les actions vers les parents d’élèves s’imposent !
La casse de l’enseignement supérieur (IUFM compris) : Depuis 15 jours, Rennes II est rejoint progressivement dans la grève par une 15aine d’université. À Tours, une AG préparée à la vavite a réuni jeudi soir dernier, environ 150 étudiants et une poignée d’enseignants et de IATOSS. LMD (Licence Master Doctorat) et ECTS (Système de transfert européen de crédits) mais aussi loi de modernisation universitaire cristallise la colère des étudiants. Après nous (étudiants surveillants) avoir viré comme des malpropres, Darcos & Ferry massacre l’enseignement supérieur déjà mal en point : budget et personnel insuffisant, locaux et logements étudiants vieillissants voire inadaptés, baisse des aides sur critères sociaux et les inégalités sociales déjà fortes sont de nouveau en hausse. Autonomes, les Universités seront gérées comme des entreprises grâce à la mainmise du patronat par le truchement du comité de pilotage académique et la présence renforcée au CA grâce à l’augmentation du nombre de Licences universitaires professionnelles (LUP). Les IUFM ne sont pas mieux lotis, le ministère souhaitant une réforme aboutissant à une dénaturation profonde des IUFM.
Restriction du droit de grève et service minimum … : L’article 3 de la Loi sur la sécurité intérieure (LSI) vient d’être utilisé par le préfet d’Indre & Loire dans le conflit d’une clinique privée de Tours. Il s’agit d’une limitation claire du droit de grève, inscrit dans la constitution alors que la cour de cassation, dans un jugement récent, dénie au judiciaire le droit de restreindre le droit de grève. Le fameux service minimum du patronat et de ses valets politiques est déjà applicable. Non utilisée lors de la canicule malgré la gravité de la situation, cet article 3 est l’arme absolue contre tous les salariés, du public comme du privé. Cette dérive, de type américaine, est très inquiétante : combattons la !
Et répression syndicale et politique : Le dernier mouvement a donné lieu à une féroce répression. N’ayant pas recensé les cas, les centrales syndicales n’ont pas permis a chacun d’en mesurer l’ampleur. Or, suite au blocage symbolique de la gare de St Pierre des Corps, il y a eu 5 inculpations. Dans l’Éducation (nationale), de nombreuses pétitions circulent, montrant que les cas ne sont pas isolés. Personnellement, j’ai fait l’objet d’un rapport plus que douteux à la fin mars, au moment où mourrait le mouvement Surveillants - Aides Éducateurs. Plus récemment, Serge Trocquenet, professeur de lettre moderne au collège Th. Divi à Chateaudun et responsable syndical FO depuis 25 dans cet établissement a subi un blâme suite à un rapport du chef d’établissement (extraits) : « il affiche régulièrement sur son panneau syndical des écrits personnels critiquant l’administration, les réformes, la hiérarchie et moi-même. Je vous demande par une sanction disciplinaire de mettre au pas cet enseignant ». D’autres cas existent dans l’académie, marquons notre solidarité sans faille ! La régression sociale ne se négocie pas !
La Loi d’Orientation de Finance (LOLF) : C’est une loi extrêmement complexe (comparable au changement des normes comptables internationales concernant les entreprises). Le but est d’en finir avec la comptabilité publique et de s’aligner sur les méthodes comptables du privé : cela revient à passer d’un budget correspondant à des besoins à un budget basé sur la finalité, les objectifs (d’où les contrats d’établissements). Actuellement en expérimentation dans les académies de Bordeaux et Rennes, cette loi prévoit la maîtrise des dépenses de personnel par la définition stricte du plafonnement de l’emploi public et de la masse indiciaire mais aussi par une politique de ressources humaines. Les salaires seront individualisés et seront au mérité uniquement, fini l’ancienneté. Cela conduit à la fin des primes forfaitaires et à donner plus de pouvoir aux chefs d’établissements et de service… Les conséquences sont très nombreuses et lourdes de menaces… Pour compléter ce très bref résumé, je vous invite à vous procurer la version à jour de la fiche LOLF, éditée par la Commission Décentralisation - LOLF - AGCS (htpp ://appeldu6mai.free.fr, rubrique commission)
Les retraites complémentaires ; la Sécu et les hôpitaux publics ; les allocations chômage et le RMA etc. : Un certain nombre de dossier sont sur la sellette en ce moment. Ce doit être la saison des soldes : le gouvernement Chirac Raffarin Sarkhozy rase gratis. Après les retraites, les complémentaires, ensuite la Sécu et les hôpitaux publics (plan Hôpital 2007) mais aussi le RMA faisant suite au PARE et la baisse drastique des allocations chômage alors que l’accord signé par la CFDT prévoyait le gel de la dégressivité. Cette même CFDT qui a permis la liquidation du statut des intermittents. Qui sera le prochain dans ce jeu de massacre ? ? ? Les confédérations ne devraient pas signer ces textes, du moins sans consulter leur base par référendum. Mais les bureaucraties ont détruit quasiment la démocratie syndicale du fait même que l’indépendance syndicale (financière en particulier) n’est plus assurée : les cotisations des syndiqués représentent au maximum 15 voire 20% du budget des confédérations.
Nous sommes à un moment « critique » : nous avons encore les moyens de faire reculer le gouvernement et gagner de nouveaux droits sociaux ! Cela ne peut se faire qu’en reconstruisant un mouvement de masse, autogéré donc démocratique et en créant une dynamique de lutte public / privé. Cela implique certes de gros efforts alors que pour certains, nous avons déjà tant donné. Mais c’est la seule façon crédible d’aboutir. J’attends vos réactions et propositions, en attendant, bon courage à tous !
Nicolas MI(-SE) stagiaire Demi Service, CAPLP Histoire - Géographie / Lettres nico37@no-log.org
L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre
site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP,
un programme Open Source écrit en PHP
sous licence
GNU/GPL.