jeudi
22 janvier 2004
Bilan sur Nîmes du Grand Débat
Il est particulièrement difficile de faire le bilan du Grand Débat sur les différents secteurs de Nîmes (bassin de population s’élevant à 250 000 personnes, et comprenant à peu près 300 établissements scolaires, écoles, collèges, lycées et facs), pour une raison simple : on a du mal à rencontrer quelqu’un qui y soit allé.
Voici les rares informations que nous avons récoltées : le samedi 13 décembre, à la grande réunion du centre Pablo Neruda, 13 personnes (11 enseignants, deux parents), au Lycée Duodha, un seul inscrit au débat, le secrétaire de la section d’établissement du Snes, sur Nîmes II, 14 présents (les 8 animateurs du débat, dont l’Inspecteur, et 6 visiteurs). Sur mon secteur, Nîmes III, pas moyen de savoir, faute de rencontrer un seul enseignant qui y soit allé.
Au collège du Mont Du Plan, gros succés avec 50 participants au débat (profs et parents), mais qui malheureusement étaient venus là pour dénoncer, si bien qu’ils s’empaillèrent dès les prémices avec les animateurs pour savoir si l’on débattrait en un ou deux groupes, et le débat tourna court.
Enfin le 19 décembre, au Carré d’Art, triomphe du Grand Débat, salle comble (130 personnes) ; et en voici la raison : au dernier moment, l’Inspection Académique annula toutes les réunions prévues au même moment dans le premier degré sur les secteurs de Nîmes, pour n’en conserver plus qu’une, celle du Carré d’Art, regroupant là tous les secteurs. Nous y allâmes pour tracter à l’entrée l’appel au boycott de la CNT-AIT, et nous avons vu entrer les affidés les plus irréductibles du système hiérarchique, conseillers pédagogiques à la triste figure ou gloussantes directrices d’écoles, ainsi que quelques malheureux collègues "venus s’informer", bien entendu que des têtes jamais vues au A.G. de grève de ce printemps, et pas plus aux manifs. Pour ce qui est des collègues, quelques-uns, ayant lu le tract, renoncèrent à entrer.
Il parait qu’on y aurait parlé de réinstaurer l’obligation du port de la blouse : c’est dire l’ambiance de cauchemard qui devait y régner.
Au total, primaire et secondaire confondus, on peut estimer à 200 ou 300 personnes le nombre de celles ayant participé au Grand Débat, dont une moitié par obligation professionnelle (les animateurs du débat, et les membres les plus carriéristes de la hiérarchie, accompagnés de leur clients), et l’autre moitié pour des raisons diverses, parmi lesquelles la discipline syndicale.
En effet seuls deux syndicats avaient appelé au boycott du grand débat dans le Gard : la CNT-AIT et Sud-éducation, (les premiers par l’envoi d’un tract spécifique, et le seconds par un article dans leur bulletin syndical).
Tous les autres avaient décidé d’y participer, la plupart avançant le prétexte qu’il fallait profiter de cette tribune pour en dénoncer les mauvaises intentions.
Mais quelle tribune ? Il n’y avait là, en substance, que les représentants du ministre et ses amis politiques ; toute la profession, et au-delà toute la population, ayant refusé de s’humilier au point de cautionner ce que chacun savait être une palinodie, et ressentait comme une marque affichée de mépris : "ils nous prennent vraiment pour des cons", voilà ce qu’il se disait dans les écoles et les bahuts.
Comment se fait-il alors que tant de syndicats aient choisi de ne pas boycotter ce débat, quand la plupart de leurs adhérents et sympathisants ont en définitive choisi de le faire ? Faut-il croire que les appareils syndicaux soient coupés de leurs bases au point qu’ils n’arrivent pas plus à l’entendre qu’à partager leur opinion ?
Ou bien faut-il croire que ces appareils n’ont pour fonction que de disputer et partager avec le ministère le pouvoir exercé au détriment des travailleurs de l’éducation ? Et donc qu’en parfaite connaissance de cause, ils ont choisi de rester solidaires, à leur manière ("revendicatrice"), du ministère, plutôt que de se faire les fidèles porte-paroles des travailleurs qu’ils prétendent représenter. Ce n’est pas la première fois qu’ils nous font le coup, il n’y avait qu’à voir leur cirque pendant les grèves du printemps dernier.
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