Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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RdB
Communiqué de Réseau des Bahuts : grand débat ?

Ce texte a été réalisé collectivement sur la liste rdb-EG.

lundi 8 décembre 2003

1. Organiser un débat sur l’éducation avec les seuls choix gouvernementaux qui ont été fait est en soi un parti pris idéologique scandaleux et une confiscation du débat  :

comment occulter l’état actuel de la société ? la situation du travail en France ? la constitution toujours plus massive de zones de relégation, voire de guettos ? Le développement du précariat ? La paupérisation massive ? Quelle personne sérieuse oserait prétendre que la crise socio-économique qui s’éternise n’est pas en rapport avec la prétendue crise de l’école ? On accuse souvent, et peut être à juste titre, l’école de ne pas jouer son rôle "d’ascenseur social", mais quel ascenseur voudrait-on qu’il y ait dans une société en grande partie descendante ?

L’idée que l’on puisse prétendre réformer l’école en bien dans un contexte de régression sociale nous paraît irréaliste et effarante.

2° Qu’un gouvernement propose tous ces débats (éducation, culture, santé, énergie,...) après 18 mois d’existence, confirme a posteriori l’absence de projet initial de société en dehors du tout sécuritaire ressassé lors des élections.

Serait-ce le gouvernement "tolérance zéro, zéro politique" ?

Il s’agit bien sûr d’une gigantesque opération de communication (oserions-nous l’appeler propagande ?) pour recouvrir d’un vernis démocratique des décisions arrêtées depuis longtemps.

3° Certaines de ces décisions sont d’ailleurs et surtout préconisées en dehors du champ démocratique national par des organisations dénuées de légitimité démocratique dans le champ éducatif notamment. (cf AGCS, OCDE, OMC,...)

Comment lever cette contradiction terrible selon laquelle les gouvernements s’engagent dans des accords internationaux qui fixent non-démocratiquement un devenir pour les services publics en général dont celui d’Education tout en organisant un "débat démocratique" national, pour, semble-t-il, décider du devenir de ces mêmes services publics ?

4° Des énoncés dignes des plus mauvais énoncés de devoirs scolaires :

Nommer "débat" un parcours étroitement défini au préalable par le gouvernement, sous forme de questionnaire limitant les sujets possibles paraît irréaliste. Il s’agit tout au plus d’un vaste sondage, fortement orienté : les questions, formulées de manière inductive, orientent fermement ceux qui sont conduits à y répondre. Si cela ne suffisait pas, qu’on se rassure : des "mots-clés" leur sont fournis afin de suggérer les pistes préférentielles souhaitées. Enfin, des "sous-questions" achèvent de diriger vers la bonne parole ceux qui répondront au questionnaire. Par respect élémentaire des citoyens, et des divers acteurs réels de la sphère éducative, nous revendiquons donc de pouvoir nommer correctement (conformément à la réalité) les choses : le "grand questionnaire sur l’éducation", lancé à grands renforts médiatiques aux frais des contribuables, n’en vaut-il pas la peine ?

5° Représentativité des membres de la commission :

Aucune transparence sur le choix des membres. Aucune représentativité non plus. Des intellectuels et des experts très contestés par les professionnels. Pour nous, la commission se donne une facade de pluralité par le choix de figures médiatiques relativement connues. Des gens de terrain sortis d’on ne sait où ? Suffit-il d’avoir écrit un livre pour avoir des choses à dire et des idées pertinentes ?

Parallèlement à ça, nous notons avec stupeur, qu’aucun professeur de collège ou de lycée professionnel ne fait partie de cette commission. Nous n’osons imaginer que cela relève d’un oubli étant donné le soin manifeste qui a conduit au choix des membres de la commission... Curieuse façon de revaloriser l’enseignement professionnel, curieuse façon d’afficher l’intérêt pour le collège qui est souvent dépeint comme le "maillon faible" de la chaîne éducative.

6° Objectivité des membres de la commission :

Certains membres de cette commission tiennent des conférences lors du salon de l’éducation au cours desquelles ils répondent à certaines des questions de leur propre commission. D’autres sont connus pour leurs écrits et leur positions... Pourquoi avoir sélectionné de telles personnalités s’il s’agit de débattre avec la nation ? Pourquoi débattre avec la nation, puisque ces personnalités ont des positions arrêtées qu’ils mettent régulièrement en avant ?

7° Un débat ? Pour faire quoi ? Un grand nombre de réformes ont été poussées sans débat :

décentralisation, retraites, suppression du statut des étudiants-surveillants MI-SE, statut des assistants d’éducation, etc. Pourquoi sur certains sujets, devrions-nous bénéficier de tels débats ? N’est-ce pas la preuve manifeste que tout est faux depuis le début de ce "débat" ? Qui oserait imaginer raisonnablement une seule seconde qu’un gouvernement d’essence libérale puisse suivre d’éventuelles aspirations égalitaires de la société ? Le gouvernement semble actuellement incapable de tenir ses engagements pour ce qui est du recrutement des assistants d’éducation... Le gouvernement se donnerait-il les moyens, si besoin était, d’assumer les résultats du questionnaire en terme de financement de sa politique ? Chacun sait bien que la première réponse à n’importe quelle question sera d’abord : "cela doit nous permettre de faire des économies".

8° Mise en oeuvre discutable du "débat" :

Les conditions pratiques de mise en place et du déroulement du "Grand questionnaire sur l’éducation" choisies par le Ministère sont pour le moins discutables d’une part, et non respectées localement d’autre part.(cf. annexes A,B,C,D pour une description technique et l’annexe E pour des cas d’irrégularité.)

L’école ne mériterait-elle pas le temps nécessaire à un (réel) débat ? Pourquoi précipiter les personnels et les contraindre à "bâcler" ce qui se révèle être une copie, sinon pour rendre irréalisable le temps indispensable d’analyse lucide et critique, et de réflexion objective, dûment étayées par les éléments et documents nécessaires.

A. Le temps imparti : Alors qu’un "débat national" a été annoncé voici plusieurs mois par le gouvernement, et qu’il l’étale nationalement sur environ 2 mois... Voici qu’il impose un laps de temps maximal d’une demi-journée pour établir un "état des lieux-diagnostic" et une demi-journée pour faire formaliser "les remédiations et solutions proposées". 2 ou 3 heures... seulement : est-ce réaliste ? Est-ce sérieux ? Est-ce... correctement réalisable ? !

B. Les délais imposés : Une semaine au plus entre la 1/2 journée de "diagnostic", et la "1/2" journée de réflexions et propositions de solutions/remédiations. De même, un délai maximal de 10 jours est imposé aux "animateurs" qui sont supposés recueillir les divers éléments réunis lors des 1/2 journées, en faire la synthèse sous forme de rapport de 8 pages maximum qui remontera à la hiérarchie administrative. Précisons que lorsque les animateurs sont enseignants, ils ont aussi pour la plupart un emploi à plein temps à assurer, ce qui ajoute à l’irréalisme de la chose.

C. La période choisie : L’encart sur le grand "débat" national sur l’école est paru hélas trop tard pour qu’on puisse le consulter tranquillement et avec tout le temps nécessaire à l’étude et la préparation que mériterait un réel débat... durant les vacances d’octobre par exemple. Malheureusement, celles-ci débutant le 22 octobre au soir, le BO contenant cet encart a été publié... le 23 octobre 2003. Dès la fin du mois de novembre et jusqu’aux vacances de Noël quasiment, les enseignants sont relativement concentrées sur la finalisation du 1er trimestre, la préparation des bulletins, les entretiens de remédiation et d’état des lieux avec les parents, et enfin, les conseils de classe. Quel dommage que sur les 2 mois consacrés au "débat", l’un recouvre une telle période, et l’autre comporte 15 jours correspondent aux vacances de fin d’année...

D. Les thèmes arrêtés : Deux questions doivent être retenues par centre de débat, les personnels n’ont pas leur mot à dire sur ce choix, réalisé par l’animateur, lui même choisi par le seul chef d’établissement.

E. Des irrégularités locales constatées :

Certaines inspections académiques, telle celle du 93, ont décidé d’imposer une période de débat encore plus étroite : 15 jours fin-novembre/début-décembre, portés à 21 grâce aux demandes répétées des chefs d’établissements semble-t-il, alors que la période ministérielle officielle s’étale du 17 novembre au 17 janvier ! Certains rectorats, comme celui de Versailles, fixent les dates dans la semaine du 1 au 6 décembre pour tout le primaire et tout le secondaire, et précisent que les enseignants du primaire devront assurer l’accueil des élèves pendant le débat !

Cette liste promet d’être longue…


CNT-AIT



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