lundi
7 juin 2004
Geignards, grincheux, râleurs, ... : voilà comment beaucoup de gens hors du cadre scolaire, voient les enseignants.
Une analyse des appels à la ligne ouverte contre le stress en grande Bretagne, montre q’un enseignant sur 15 a appelé l’an dernier, et les resultats produisent divers effets.Les enseignants ont déclaré à la BBC que leur métier était l’un des plus difficiles, alors que les non-enseignants ont montré leur désaccord, en affirmant : "Est-ce que vous vivez dans la réalité ?". Alors ce métier, stressant ou pas ?
Il faudra bien admettre que oui, preuves à l’appui et en dépit des dénégations, comme lemontre cet article de Mike Baker, correspondant à la très rputée et très conservatrice BBC News :
Il y a quelques années, le Health and Safety Executive (revue spécialisée en Hygiène et sécurité au travail) a publié un rapport de l’Université de Cardiff (Pays de Galles) qui, entre-autres, a comparé les niveaux de stress de différentes professions. L’étude, une échelle du stress professionnel, montre que 20 pour cent des personnes se décalrent avoir de hauts niveaux de stress au travail. Chez les enseignants, ce taux est double. En fait, ceux-ci dépassent même ce niveau en atteignant 41% de stress fort. Dans l’ordre, viennent ensuite les infirmiers(ères) avec 31% et les cadres-dirigeants avec 27%.
De façon intéressante, plus la rémunération des déclarants est forte et plus leur niveau d’éducation élevé, plus ils avaient de chances de se déclarés stressés. Par ailleurs, il est intéressant de noter que le groupe se déclarant le moins stressé, est constitué par les déménageurs-magasiniers. En effet, quand j’étais étudiant, j’ai travaillé comme déménageur, et sauf quand le client insistait pour monter son piano à l’étage, je peux dire que c’était vraiment cool. Sauf peut-être pour le mal de dos !
Maintenant reste que cette évalauation est fondée sur l’évaluation personelle de son niveau de stress. Les plus sceptiques des non-enseignants parmi vous diront sans doute que celà ne prouve rien, si ce n’est que les enseignants se plaignent plus que les autres.
Mais sachant qu’il serait impossible de montrer quelle catégorie d’emploi est la plus difficile, il faut bien admettre que si un si grand nombre d’enseignants se plaignent, c’est qu’une grande partie d’entre-eux n’est pas satisfaite de son emploi. Et c’est bien cette perception qui importe quand on évalue les niveaux de stress. Il ne faudrait pas non plus en venir à négliger le phénomène parce que les uns accusent les autres d’exagérer.
Il est bien convenu que si les enseignants se sentent malheureux au travail, celà a sans doute une influence sur les élèves, sur leur recrutement et sur le turn-over des profs, sans mentionner le coût des congés de maladie. C’est donc aussi pourquoi ceux qui montrent du doigt le grand nombre de congés des enseigants se trompent.
Il ne s’agit pas d’une compétition pour savoir qui travaille le plus de jours ou d’heures , ni de savoir qui subit le plus de pressions pour accomplir sa mission, mais plutot de considérer l’état d’esprit des employés. Sur ce point, celui des enseignants semble ne pas être très serein. Le fait que celui des infirmiers suit de près suggère quelques indications.
L’un et l’autre catégorie travaillent dans des environnements très structurés, très hiérarchisés, oû l’évaluation du public est très présente et oû le contact avec ce public est quasi permanent. Alors lequel de ces paramètres constitue la plus grande cause de stress. Les mails adressés à la rédaction de BBC News Online (d’ou provient cet article), semblent indiquer que c’est le comportement des écoliers qui en est la cause.
Ceux qui valident cette option sont aussi ceux qui travaillent dans les écoles sans toutefois être enseignants. Un agent administratif d’exécution et un responsible informatique ont déclaré ne plus pouvoir supporter le comportement insultant des enfants envers les enseignants.
Toujours est-il que les écoliers n’étaient pas la principale cause des appels à la ligne ouverte des enseignants. Le plus grand nombre d’appels concerne le stress que les appelants appellents "conflits". L’an dernier 8382 enseignants ont appelé parcequ’ils avaient un conflit avec un responsable, un collègue, un parent ou un inspecteur. Seule la moitié ont appelé pour un problème de comportement des élèves.
Je ne suggère pas qu’il faille minimiser l’impact de l’indiscipline sur les enseignants. C’est d’ailleurs, comme le montre une autre étude, la prinicpale cause d’abandon définitif du métier d’enseignant. Le comportement des élèves se situe au-delà des écoles et peut s’étendre au champ des changement sociétaux, et le déclin du respect de l’aurorité [pouf ... :-) n.d.l.t]. Par contraste, résoudre les problèmes avec les dirigeants ou les collègues (qui cumulent quand même 91% des plaintes) se situe en revanche dans le champ de compétence de l’école.
Ce week-end peut-être lors de la Conférence annuelle des directeurs d’école, ceux-ci devront peut-être s’interroger sur les raisons qui accusent les cadres comme la principale source de stress et d’anxiété. Une autre réflexion devra également s’inspirer des études comparatives du stress en Grande -Bretagne et en France. Celle-ci élargiue à 800 enseignants, montre des différence ssubstancielles : 22% des congés de maladie sont en Angleterre, attribués au stress, contre 1% en France. Près de la moitié des enseignants anglais, contre seulement 1 sur 5 en France, déclarent avoir envisagé quitter l’enseignement. En dépit de ces diférences, à la fois enseignants anglais et français citent le comportement de leur classe, le faible statut social du métier, et le manque de soutien de sparents, comme des causes de stress.
Alors pourquoi ces différences au plan du stress ? Les français travaillent moins d’heures et ne sont pas tenus d’être présents à l’école, sauf quand leurs horaires d’enseignement les y obligent. Une approche similaire est envisagée en Russie par exemple, oû les enseignants choisiront désormais un contrat qui précise exactement le nombre d’heures oû ils devront enseigner à l’école. Sans doute que c’est la solution, une plus grande flexibilité au regard des heures contractées oû l’enseignant travaillant, mais à l’extérieur de l’école cette fois, est encouragée (donc sans obligation de rester dans la salle des profs).
Ou peut-être, le secret des français est-il le suivant : une heure avec les troisième, et puis une heure au bistro, avant d’aller retrouver la prochaine classe, relaxé et détendu.
En guise de commentaires, rappelons que le refus du Grand débat sur l’école par la CNT-AIT et beaucoup de camarades non-syndiqués se trouve être justement, dans la volonté excessive de la hiérarchie de renforcer le contrôle interne et externe des enseignants, par le corps d’inspection, et nouveauté, par les parents. C’est d’ailleurs écrit noir sur blanc dans les recommandations du Haut Conseil sur l’Evaluation de l’Ecole. Comme par hasard, cette idée a été formulée par des parents d’èlèves, (entre-autres la Présidente de la PEEP, assocation connue pour son soutien indéfectible au Medef). Le contrôle social des citoyens et des fonctionnaires n’est pas une fatalité, rappelons-le.
S’il devait toutefois le devenir, nous appliquerons alors volontiers la méthode aux représentants de l’oppression. A savoir les militaires qui ont perdu toute les guerres du XXème siècle, la population civile ayant payé le tribut le plus lourd comme on le sait, et libéré le pays en 1945. Ils méritent donc qu’on les mette à la porte ! Quand à la force publique chargée d’assurer la sécurité dite "publique", on peut dire qu’elle mérite un zéro pointé, pour incompétence, violence et indiscipline.
Et maintenant que l’apologie du trrrrrrrrrravail est à la mode, je soumettrais volontiers quelques mots de Raul Vaneigem :
’’ l’amour du travail bien fait et le goût de la promotion dans le travail sont aujourd’hui la marque indélébile de la veulerie et de la soumission la plus stupide " ?.
Joseph Gare
Extrait du bulletin du Syndicat CNT AIT education du Gard http://cnteducation30.free.fr
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