Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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SERVICE PUBLIC : ATTAQUES, LUTTES ET PSEUDO-LUTTES

lundi 31 août 2009

Dès le 11 mai 2009, la mairesse de Montauban, annonce sa décision (contraire à toutes les promesses électorales qu’elle avait pu faire auparavant) de privatiser la distribution de l’eau de la ville, de confier les piscines municipales à un exploitant (un exploiteur) privé ainsi que la construction d’un complexe aquatique et commercial en lieu et place de la piscine Chambord (considérablement agrandie sur le site remarquable de la roseraie actuelle). Ces projets, ont comme but inavoué de confier de généreux profits à des investisseurs privés amis de la municipalité et de confisquer le bien public des Montalbanais.

La privatisation du ramassage des ordures ménagères est dans l’air, mais rien n’apparaît pour le moment dans les réunions organisées par la mairie. La lutte des habitants de la rue Bessières, à Montauban pour conserver le service du ramassage dans leur rue, "test" de privatisation, aurait-elle porté ses fruits ? [1] La crainte d’un mouvement social dur de la part des personnels de ramassage aura sans doute amené les responsables municipaux à fragmenter les destructions de services publics pour éviter des mouvements de solidarité.

“MOBILISATION” À GAUCHE...

Face à cette attaque, la gauche institutionnelle s’est "mobilisée" à grand renfort de pétition, elle s’est organisée en "Comité de défense des services publics montalbanais". Dès le 20 mai, les syndicats cogestionnaires (FO, UNSA, CGT...) et les partis (PS, PC, Les Verts, Montauban Citoyenne, les chevènementistes...) se posent en rempart de défense des services publics. Le mode d’action proposé repose sur un mensonge fondateur : signer et faire signer une pétition, de façon à obtenir de la mairie l’organisation d’un référendum d’initiative populaire (censé par avance repousser le projet). Un intervenant fait préciser à la tribune la réalité juridique : avec 7 500 signatures, le conseil municipal est tenu d’examiner la question, la majorité absolue UMP, ne laisse aucun doute sur l’issue du vote, ce sera "non" au référendum. Ça va mieux en le disant. La gauche entendait bien engager le combat sur cette maldonne : faire signer, organiser la lutte par procuration sur un mensonge : du succès de la pétition dépend l’organisation du référendum. C’est faux.

Un bureau est constitué, le conseil municipal du 4 juin est vaguement perturbé par la présence d’une centaine d’opposants au projet, mais il en aurait fallu plus pour faire plier Barèges, maire de Montauban.

... ET AUTO-ORGANISATION

Dès le 16 mai, des habitants de Montauban décident de résister par une lutte auto-organisée et non déléguée, en des lieux publics de Montauban (le Jardin de Plantes, devant la piscine Chambord) de façon à être accessibles à tous. Ces rassemblements, même modestes, posent question à ceux qui ont décidé de déléguer leur pouvoir d’action. Le compte rendu de la réunion du Comité du 22 juin, reprend ces questions, vues de l’intérieur. A mon arrivée dans la salle, plusieurs personnes me questionnent sur les rassemblements des habitants de Montauban du samedi après midi : Vais-je en faire état durant la réunion ? Ces rassemblements sont-ils en lien avec le comité ? Qui se cache derrière ces habitants ?

Pour reprendre les questions dans l’ordre : Le fait d’en faire état ou non dépendra du contenu de la réunion, la suite prouva que la place de cette info n’était pas dans cette salle. Le lien avec le comité se fait par des individualités qui ont assisté aux différentes réunions et ont poussé la curiosité jusqu’à aller au jardin des plantes.

Personne ne se cache. Si le seul fait de ne pas signer du nom d’une organisation syndicale et/ou politique est suspect, c’est que l’imprégnation idéologique des-dites organisations a fait des ravages dans les esprits, prompts à se jeter dans leurs bras, même si ces bras sont ceux de carpes et de lapins. Cela évite de se poser la question de l’activité préalable de ces bras qui se lèvent aujourd’hui comme défenseurs de services publics, qu’ils ont sans doute hier asservis. Il serait intéressant à ce propos de demander à Monsieur M., ardent défenseur du service public, comment se fait-il que des quartiers de Montauban (Pouty entre autres) reçoivent leur facture d’eau de la société Véolia, avant même que la municipalité actuelle n’ait mis en oeuvre son plan de privatisation ! Comme il était dans l’équipe municipale précédente, il devrait avoir des éléments de réponse.

DES HABITANTS...

Dès le 11 mai 2009, la mairesse de Montauban, annonce sa décision (contraire à toutes les promesses électorales qu’elle avait pu faire auparavant) de privatiser la distribution de l’eau de la ville, de confier les piscines municipales à un exploitant (un exploiteur) privé ainsi que la construction d’un complexe aquatique et commercial en lieu et place de la piscine Chambord (considérablement agrandie sur le site remarquable de la roseraie actuelle). Ces projets, ont comme but inavoué de confier de généreux profits à des investisseurs privés amis de la municipalité et de confisquer le bien public des Montalbanais.

... QUI DÉRANGENT

Personne ne se cache donc. L’intitulé "habitants de Montauban" tend plutôt à se préserver des étiquettes récupératrices. L’appel est fait à toute personne désireuse d’agir sur son avenir immédiat et sans remettre dans les mains de qui que ce soit son combat. Le rassemblement est fait des individus qui le composent, chacun ayant la même place. Quand on est habitué à déléguer les luttes dans les mains de "représentants", je comprends que le choc soit rude. En fait, il suffit de venir pour savoir. A titre symbolique, avant que la réunion ne commence, les représentants de la CGT et de Montauban Citoyenne sont allés faire quelques révérences à Monsieur M. Candidat P.S malheureux aux dernières municipales.

La réunion est présentée comme étant une "Assemblée générale constitutive" de l’association qui portera les luttes contre la privatisation des services municipaux. De cette Association dépend l’indépendance financière, car la lutte s’inscrit dans la durée et des dépenses seront engagées.

La tribune, constituée de 3 personnes, qui ne se sont pas présentées et dont je ne reconnais qu’A.L. de la CGT, met en avant la nécessité de rassembler 7 500 signatures et plus pour la mise en oeuvre du référendum d’initiative locale, sans plus de précision. Je demande la parole pour faire préciser le mécanisme : les 7 500 signatures déclenchent- elles automatiquement le référendum ou obligent-elles le conseil municipal à inscrire la question à l’ordre du jour ? C’est évidemment la seconde proposition qui est la bonne, mais comme lors de la première réunion du 20 mai, l’artifice est utilisé pour entraîner les Montalbanais dans l’illusion que la pétition vaut action. Elle ne vaut que l’éventualité d’un vote négatif de la part du conseil municipal.

Cette question me vaut un joli tour de salle sur les mérites de la pétition : moyen de rencontrer les Montalbanais, outil d’information irremplaçable, premier pas dans l’action : ceux qui signent seront peut-être prêts à aller plus loin... Si je suis d’accord sur la fonction sociale, je repose la question de la finalité : elle ne débouchera sur rien, les signataires auront acquis bonne conscience à pas cher, en ayant eu l’impression de faire quelque chose, ils auront agi par délégation. Le jour de la mise en place des services privés, se sentant floués, ils sombreront dans un peu plus de soumission et d’apathie sociale.

La question de l’efficacité des moyens d’action est donc portée sur le terrain social.

JOURNÉE D’(IN)ACTION ?

Une des représentantes syndicales des employés communaux, me répond que "les employés communaux ont eu de nombreuses assemblées, qu’ils sont en lien avec le comité et que surtout, il faut les laisser libre de fixer leur calendrier d’action, qu’ils préparent la rentrée sociale (l’expression est signée, mais c’est celle qu’elle a employée)... une journée d’action, mais ils ne sont pas encore prêts pour la grève." Une rentrée sociale d’une journée d’action sans grève ? Barèges doit trembler.

Pour enterrer la question sociale, la tribune reprend la main et annonce fièrement que si le conseil municipal n’organise pas le référendum "On l’organisera nous-mêmes !", par ailleurs l’association permettra de mettre en place des groupes d’experts techniques (parce qu’il y aura des questions techniques à régler) juridiques et financiers. Remettre le dossier dans les mains des techniciens, c’est bien connu, c’est un gage d’efficacité et de compétence. C’est surtout un moyen très efficace de déposséder les Montalbanais de leurs luttes et de les éloigner de préoccupations beaucoup plus politiques : le droit à l’eau, à l’hygiène urbaine, ne demandent l’intervention d’aucun expert !

Suit un long moment d’éloge de la pétition, on évoque le nombre de signatures nécessaires, le comportement enthousiaste des signataires, qui se conclue par un vibrant appel à l’optimisme pour vaincre.

Monsieur M. fait montre de sa maîtrise du dossier en précisant les conditions de cession du parc Chambord : l’investisseur qui aura les faveurs de la mairie, devra investir 18 millions d’euros et verser un loyer annuel à la municipalité de 111 millions d’euros, c’est un cadeau, nous dit-il. Il doit savoir. Un intervenant de la salle propose un élargissement des buts de l’asso : la défense des services publics (de tous les services publics) au département, de façon à se préparer aux luttes à venir. Généraliser les luttes force à réfléchir un peu plus large et donne forcément plus d’efficacité, plus de personnes peuvent se mobiliser et présenter une dangerosité sociale accrue. Cela en est trop pour un retraité de la FSU-SNUipp qui doit tancer une telle idée : qu’adviendrait-il si le peuple prenait ses affaires en main hors des syndicats ? Il insiste pour que le coeur de cible de l’asso reste la privatisation de l’eau, les gens ne comprendraient pas qu’on mélange tout.

C’est sûr, vous savez comment ils sont ! Je lui demande de citer un exemple de lutte fragmentée qui a débouché sur un succès. Pas de réponse. J’aurais pu lui souffler la lutte des habitants de la rue Bessières à Montauban (à propos du ramassage des ordures ménagères, justement), mais ils se sont débrouillés seuls, sans les syndicats ni les partis...

SOYONS TECHNIQUES

La technicisation de la question débouche logiquement sur la technicisation du lexique à utiliser dans les statuts de l’asso. Dans le public, on perd pied. Sans avoir eu le texte au préalable et sans l’avoir sous les yeux, la tribune joue sur du velours.

Une question remet sur le tapis la composition du Comité d’administration : le projet de statut proposait que le CA soit composé de personnes morales et de personnes physiques ; la proposition est de ne permettre qu’aux personnes physiques de siéger au CA, cela éviterait à certains membres (ceux des personnes morales : les partis et les syndicats) de siéger ès qualité.

L’inquiétude de l’intervenant porte sur le fait de déléguer sa voix à une personne inconnue, qui ne siège que par son appartenance à telle ou telle organisation. Toujours la question de la délégation, donc et de la méfiance qu’elle peut générer. La représentante d’ATTAC propose une participation contingentée (à la moitié moins une) des personnes morales.

TU NOUS CASSES LES C...

La tribune ferraille contre ces propositions, noie le poisson. Après synthèse des trois propositions et demande de mise aux voix, toujours pas de réponse. L’intervenant qui souhaite bouter les organisations hors de l’asso insiste. Le personnage central de la tribune, à court d’arguments lui lache un sonore "Maintenant tu nous casses les couilles !" Devant tant de finesse dans l’argumentation démocratique, j’ai pensé que je serai mieux dans mon lit.

Je n’ai appris que le lendemain que la question a été mise aux voix, que des personnes morales (minoritaires statutairement) et des personnes physiques vont siéger au CA. Etant donné que le débat a fatigué plus d’un participant à la réunion, la soupe a été vite prête.

Pourquoi tant de méfiance, me direz-vous ? Un élément de réponse : le 24 juin, ce sont des militants CGT qui ont "évacué" les sans papier de la Bourse du Travail à Paris.

Le seul objectif étant l’efficacité de la lutte, il semble essentiel pour nous, habitants de Montauban, de nous protéger de ces luttes qui ne peuvent que mener à l’échec. On n’en est qu’au début, le temps passant, les différents camps qui se bouffent le foie depuis des décennies reprendront leurs comportements mortifères, dès que l’intérêt électoral sera plus fort que l’issue de la lutte.

Seule une lutte auto-organisée, hors des influences politiques peut aboutir. La délégation n’ouvre que sur la désillusion, l’abattement de ceux qui ont délégué et la trahison de ceux à qui on a remis les clefs du combat.

D. M. - le 24/06/2009

Adresse postale :

CNT AIT BP 158 82001 MONTAUBAN Cedex

Local : CNT AIT 10 passage de la Comédie 82000 Montauban

mail : cnt.ait.region.montauban(arrobas)no-log.org

Forum : http://cnt.ait.caen.free.fr/forum


[1] Lire : Montauban : quelques exemples d’Anarchosyndicalisme au quotidien


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