mardi
10 décembre 2002
Au départ petite entreprise familiale de métallurgie, puis racheté par une multinationale, Newells Windows est sur le point de fermer à Nègrepelisse. Le site était présenté comme "sain" (c’est-à-dire dégageant des bénéfices pour le patron) jusqu’à tout récemment. L’explication de cette fermeture ? Une délocalisation dans le tiers monde, où les travailleurs sont encore plus exploités, permettra de multiplier les bénéfices. Les salariés de cette bourgade rurale ont reçu la nouvelle comme un coup de massue sur la tête. D’abord incrédules, ils ont pris progressivement conscience que leur patron était en train de les rouler dans la farine en ne leur proposant que des indemnités de licenciement proprement dérisoires. Petit à petit, ils se sont décidés à bouger.
Après une semaine de lutte, dont nous avons fait état dans notre précédent numéro, le lundi suivant, c’est la morosité. Deux jours avant, il était question qu’une délégation monte au siège social en début de semaine pour se faire entendre. Mais, le lundi, histoire embrouillée de bus, cela semble ne plus pouvoir se faire. Les militants de la CNT-AIT qui arrivent sont fraîchement accueillis. Certains ne leur parlent pas, d’autres racontent sur notre compte les histoires les plus dingues. Que s’est-il passé ? Assez vite, nous comprenons : mettant à profit le week-end, des "mains innocentes" ont fait circuler des "papiers", soi disant récupérés sur internet, faisant le lien entre anarchistes, poseurs de bombe et autres bandes à Bonnot. Il se dit que la CNT-AIT n’est qu’un groupe de "casseur"... Bref, une campagne de calomnie a déferlé sur nous et a rafraîchi l’ambiance. Tout va-t-il tomber à l’eau ? Finalement, les gens se ressaisissent, et une quinzaine de grévistes décident de monter à Tremblaye le mercredi. Un curieux "comité de bienvenue" les y attend : outre le Président Directeur Général en personne et son Directeur des Ressources Humaines, il y a, rien que pour eux, la police. Pourquoi un tel déploiement de force ? Manifestement, le PDG pensait faire "cueillir" par les flics dès leur descente du bus les "meneurs" extérieur à l’entreprise ! Savoir où "ils" étaient fut en tout cas, sa principale question. Manque de chance pour lui, la lutte étant autogérée, il n’y en avait pas. Sa tentative de discréditer les grévistes en les présentant comme dirigés de l’extérieur fit choux blanc, et c’est par des huées que PDG et DRH furent salués. Après cet épisode, les salariés de Nègrepelisse trouvent la délégation du site d’Ablis. Ensemble, ils vont à la rencontre des travailleurs de Tremblaye. Et là, stupeur : personne n’est au courant. Enfin, personne parmi les travailleurs de base. Car les syndicats (CGT et FO) sont bien informés. La preuve, le délégué du personnel était arrivé la veille (il n’avait pas pris le transport collectif et il était présent lors de la descente de bus mentionnée ci-dessus) et la CGT a alors, et alors seulement, sorti un petit tract général, non signé ! Bref, les syndicats réformistes auraient voulu couper l’herbe sous le pied à toute forme d’unité à la base qu’ils ne s’y serait pas pris autrement. Leur manœuvre n’a pas totalement marché : les discussion sont allées bon train entre les délégations et les salariés de Tremblaye qui allaient prendre leur poste, et, finalement, une manif spontanée de 200 personnes (forte de plus de la moitié des travailleurs de Tremblaye, dont 13 sont également menacés de licenciement cette année) est parti en cortège dans les rues du village, scandant des slogans hostiles au patron. Pendant ce temps, les DP ont négocié et ont signé un accord [1] qui, même s’il est le double ou le quadruple (selon l’ancienneté) de ce que le patron proposait au début se situe bien en-dessous de ce que demandait l’AG des grévistes, et de ce qui aurait pu être obtenu si la lutte avait pu s’étendre. Suite à cet accord, le travail a repris, mais à 20 % de la production habituelle.
Quelques jours sont passés. Le 12 novembre, à la demande des grévistes, une réunion de bilan a eu lieu à la salle des fêtes de Nègrepelisse. En premier, après tout ce qu’ils avaient fait, entendu, et surtout pensé -pendant et après-, ils voulaient savoir ce qu’est exactement la CNT-AIT. C’est là-dessus que la réunion a démarré, longuement : sur ce que sont, les anarcho-syndicalistes, sur la façon dont nous voyons la société d’aujourd’hui et celle de demain... Puis on a parlé, longuement aussi, de la lutte. De ses difficultés, du sentiment d’être écrasé, des moments importants, et pour plusieurs des présents, des regrets de ne pas être allé plus loin. Le rôle des syndicats réformistes (CGT, FO...) dans le conflit a également été finement analysé. Sauf une ou deux personnes, tout le monde a pris conscience qu’ils ont saboté la lutte. Au centre du débat : la notion de solidarité de classe, tant locale que plus vaste et surtout la prise de conscience que, alors que même quand on est prêt à subir le "sort" (comme ils l’étaient), il est toujours possible de lutter -même modestement- et, de prendre ses affaires en main. La réunion s’est achevé par un bilan public de la solidarité reçue et par les vifs remerciements des grévistes à tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à les soutenir. Maryvonne
CNT AIT Toulouse 300 Euros / E.B et S.E, Cahors 70 / Groupe F.A, Toulon 40 / Vicente, Toulouse 500 / Angel R.S. Toulouse 80 / C M, Millau 5 / AIT -IWA, 500 / Mario, USA 40 $ / C.L., CNT interco Beauvais 10 Euros / CNT AIT Paris 50 / CNT AIT Marseille 30 / Manuel, Paris 150 / S.G., Morbihan 20 / Sympathisants CNT AIT Marseille 126,71 / Adhérents FAU AIT, Allemagne 100 / Sympathisants CNT AIT Marseille 40 / CNT-AIT Logroño 38 Euros [2]
[1] 2 mois de préavis payés + 3 mois + une indemnité en fonction de l’ancienneté
[2] Arrivé après la remise des fonds aux grévistes.
L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre
site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP,
un programme Open Source écrit en PHP
sous licence
GNU/GPL.