Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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" Ça ne se passera plus comme ça chez Mc Donalds " !

Article du C.S. n° 73 - Avril/mai 2002

mardi 11 juin 2002

Le McDo Strasbourg St Denis a rouvert ses portes après 115 jours de grève : la plus longue grève menée dans cette chaîne multinationale.

masqué (Image GIF) 115 jours de bagarre, difficile, dans un rapport de force au début complètement en faveur de McDo et dans une entreprise connue pour ne jamais rien céder devant les revendications de ses salariés. Une lutte qui est maintenant mondialement connue. Une lutte de 115 jours qui a réveillé des envies de lutte dans d’autres restaurants de cette chaîne, dans d’autres entreprises de la restauration rapide, et du commerce (nous citerons les Pizza Hut de Levallois, McDo de St Germain, McDo de Joinville le Pont, FNAC Champs Elysées, MAXI Livre Paris, McDo Ariège, Monoprix 18ème...).

Il est intéressant de noter que la stratégie et la tactique appliquée dans ces luttes retrouve largement ce qui est préconisé par les sections de l’AIT depuis qu’elles ont lancé la première journée mondiale de solidarité avec les travailleurs de la restauration rapide en 1995.

La lutte et le soutien

On ne rappellera jamais assez que c’est la détermination et l’unité des grévistes qui ont été les facteurs déterminants de cette victoire et de tout le pro-cessus de lutte et de mobilisation qui s’est déroulé autour et en solidarité avec cette grève. Le comité de soutien a joué un rôle important mais sa propre dyna-mique, son unité n’ont été possibles que par la dynamique des grévistes.

Plusieurs acteurs ont contribué à ces dynamiques :

Le fait qu’il s’est agit d’une lutte longue et les méthodes d’action choisies. Généralement, les luttes de précaires sont très dures à organiser et souvent, le soutien commence à se mettre en place lorsque les conflits s’arrêtent (10 jours, 15 jours, 3 semaines). Le comité de sou-tien s’est réuni au bout de 3 semaines de grève et a eu ensuite le temps de prendre ses marques et de se lancer dans la bataille avec les grévistes.

Les moyens de lutte : les interventions et occupations d’autres McDo les samedis, tant dans leurs formes (les blocages étaient organisés et en même temps restaient très spontanés et improvisés, les confrontations avec les vigiles étaient plus que verbales mais étaient tout à fait assumables par tout le monde) que dans leurs objectifs (populariser la lutte auprès des clients et surtout des autres salariés de la chaîne, avec des résultats réels mais inégaux) ont contri-bué à donner un aspect dynamique au mouvement, en particulier par le fait qu’elles n’étaient pas tristes et qu’elles permettaient à de nouvelles personnes de s’agréger ; de prendre contact dans l’ac-tion.

La manière de gérer ce conflit par McDo

Cette grève a pris une forme particu-lièrement active en grande partie du fait même de l’attitude de la direction : licen-ciement actions au pénal, blocage complet des négociations dans un pre-mier temps, puis tentatives d’acheter les licenciés pour qu’ils abandonnent l’action en référé (ce qui a provoqué une confé-rence de presse des grévistes dénonçant ces manoeuvres). En représailles, le début des travaux en plein conflit a provoqué une occupation des locaux (et une confrontation un peu musclée avec les vigiles) puis l’expulsion des grévistes par les vigiles a provoqué l’occupation de l’autre restaurant à Parmentier... Une succession d’événements provoqués par McDo a donc donné matière à des moments de mobilisation plus intense au cours de tout le processus de lutte. Les échéances judiciaires ont également rythmé ce conflit et alimenté sa dyna-mique.

Le choix politique du gouvernement

Les méthodes offensives de McDo n’ont pas été confortées par une attitude répressive du gouvernement (proximité des élections). Entre des décisions de jus-tice dans l’ensemble favorables aux gré-vistes et la passivité des autorités admi-nistratives et policières, la lutte des sala-riés de McDo a trouvé un espace pour développer une conflictualité offensive originale. Les occupations des restau-rants n’ont pas été entravées par des inter-ventions policières : il en aurait sans doute été autrement si elles avaient été menées uniquement par des militants ou si cette lutte s’était déroulée dans le champ de compétence direct de l’état (services publics par exemple).

Un mode de fonctionnement souple, assembléiste

Le comité a pu fonctionner de manière efficace grâce à sa structuration :
-  pas de bureaucratie ni de distribution des rôles une fois pour toutes,
-  décisions prises au consensus, après débat, possibilité pour chacun de prendre en charge telle ou telle tâche et d’en être responsable devant le groupe...

Le comité n’a pas eu à souffrir de conflits internes, a su gérer l’hétérogénéité de ses membres et maintenir un fonctionnement souple et fluide.

Un soutien financier important

Le montant total collecté au cours des trois mois n’a pas été suffisant pour com-penser les salaires non versés mais suffisamment important pour aider les grévistes à tenir.

Un gros travail d’information

Une information importante a été produite, en direction de la population, des clients et des autres salariés de McDo : articles de presse, Intemet, ce qui a permis à de nombreuses personnes ou collectifs de se tenir au courant de l’évolution du conflit à Paris comme en province. Hors de Paris, des actions de solidarité ont été menées dans une douzaine de villes grâce à ce système de communication. Enfin, l’info est sortie des frontières : des résumés de la grève ont été produits en allemand, italien, espagnol, anglais et diffusés auprès de groupes, syndicats, revues dans de nombreux pays, et notamment aux USA où quatre ex-grévistes sont invités par une coalition syndicale de Floride de travailleurs immigrés bossant pour la restauration rapide.

Perspectives

Rester vigilant devant de possibles manoeuvres de McDo.
-  Des luttes chez McDo peuvent surgir à tout moment. La bataille pour une vraie prime de fin d’année pounait être un facteur d’unification.
-  Même Si la plupart des participants ont exprimé le souhait de maintenir des contacts, on sait qu’il est très difficile de maintenir des structures permanentes dans les moments plus calmes.

Néanmoins, les actions ne sont pas terminées, l’exemple de la FNAC PARIS est à ce titre symptomatique : ils démarrent une grève au moment où les travailleurs McDo finissent la leur. Il n’y a pas de causalité directe mais une continuité et peut-être une forte ressemblance entre ces mouvements qui sont bien dans l’air du temps.


CNT-AIT



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