samedi
12 octobre 2002
Bienvenue dans le monde merveilleux de Quick, mais sachez que derrière le sourire de ceux qui vous servent se cache une menace permanente, celle de se faire réprimander. En effet, le ton employé par la direction est agressif, menaçant : "... nous ne pouvons plus tolérer le laxisme de quelques-uns uns et si des sanctions doivent être prises ... elles le seront" (extrait de la note de l’équipe de l’encadrement dans la lettre des équipiers de Quick Matabiau).
Un tel climat génère un stress quotidien. A chaque moment, l’équipier sait qu’il peut être pris en faute malgré tous ses efforts : manque de rapidité, de sourire ou d’incitation à la consommation (certaines techniques de vente sont imposées, pouvant influencer le client dans ses choix), ou tout simplement par colère passagère des chefs. D’autant plus que l’on ne tient pas compte de ce que l’employé ne sait pas faire. Il est censé tout savoir-faire, même sans l’avoir appris.
Quel équipier débutant, par exemple n’a pas été culpabilisé parce qu’il ne savait pas changer le jus d’orange ? Les équipiers sont en permanence traqués, que ce soit par des chronométrages intempestifs ou par la venue probable du "client mystère" qui fait que chaque client est potentiellement vu comme un flic. "Des clients mystères passent au restaurant tout au long de l’année comme un client classique sauf qu’ils font un compte-rendu de 10 pages sur la prestation du restaurant. Ils donnent une image très précise de votre accueil et du service dont ils font l’objet. Bien entendu, nous savons tous exactement, quel jour, à quelle heure, à quelle caisse, et donc forcément quel équipier ..." (extrait de la note de l’équipe de l’encadrement).
Et même lorsque l’employé a fini sa journée, il ne peut pas être tranquille chez lui, puisqu’il reçoit des coups de fils de son travail et qu’il peut lui être demandé de travailler en supplément, même les jours de repos, en étant souvent prévenu quelques heures à l’avance seulement. Ceci illustre parfaitement le monde actuel de flexibilité et de précarité (beaucoup ne restent à Quick que moins d’un mois, délai de la période d’essai).
Ex-équipières de Quick de la CNT-AIT.
Chez Quick, même le choix du vocabulaire ne doit rien au hasard. Ainsi, la première chose qu’il vous faut apprendre quand vous êtes embauché, c’est que vous n’êtes pas un "travailleur", un "salarié" ou encore moins un "exploité" (la vilaine idée !). Le terme "Quickement correct", celui qui vous fera bien voir des chefs, est équipier".
"Équipier", cela sonne plus chic qu’ "exploité". Évidemment, le choix du mot "équipier" n’est pas neutre : depuis Georges Orwell et son "1984", tout le monde sait qu’une des façons de masquer l’exploitation, c’est de la camoufler derrière de jolis mots !
Après avoir appris le vocabulaire - maison, il vous restera à en intégrer le comportement. Il est largement stéréotypé lui aussi. Supposons qu’un client vous demande une de ces viandes hachées surgelées entre deux ronds de pain, avec des patates frites et un vague soda. Surtout, ne faites ni une ni deux, il vous faut "... lui proposer un quatrième produit (un café ou un dessert)". Même s’il semble désargenté, il vaut mieux que vous lui mettiez la proposition sous le nez, car, si non, si c’était le "client mystère" (encore une de ces jolies expressions, qui en langue Quick, permettent de camoufler un inspecteur clandestin du patron en "client" quasi-normal) vous pourriez vous voir accusé de "laxisme" et risquer des sanctions !
Vocabulaire - maison, conduite stéréotypée, uniforme, contrôles inopinés, cadre de travail identique dans toute la France... au bout d’un moment vous aurez peut-être l’impression qu’il y a quelque chose d’un peu curieux là-dessous. Vous n’êtes pas le seul : "... Il y a plein de petits nouveaux qui sont rentrés dans la SECTE QUICK récemment ..." écrit un cadre plein de verve dans un article dithyrambique de "La lettre des équipiers de Quick Matabiau". La Secte Quick ? Si c’est eux qui le disent...
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