Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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ENTREPRISES D’EXPLOITATION RAPIDE
LE GRAIN DE SABLE COMMENCE A GRATTER

lundi 16 décembre 2002

Le 12 octobre, la CNT-AIT organisait pour la 7ème année consécutive la "Journée internationale de solidarité avec les travailleurs de la restauration rapide". Pour ne pas oublier l’anniversaire de la mort de Marc Hopkins, au restaurant de Manchester, électrocuté parce que le patron du Mac Do local avait préféré faire des économies sur la sécurité et ainsi préserver ses juteux bénéfices plutôt que la vie de ses salariés.

Depuis l’époque pionnière des premiers rassemblements, notre petit grain de sable commence à irriter sérieusement le Clown Triste du Hamburger et ses collèges. L’omerta qui règne dans ces entreprises d’exploitation rapide a fini par se lézardep. Au fil des ans, des contacts ont été pris, qui ont permis des actions, à ciel ouvert ou non (pour éviter la répression), et qui se sont étendus également aux salariés d’autres chaînes (Quick). Le fait d’organiser régulièrement ces piquets de solidarité devant les restaurants a certainement participé à donner confiance aux salariés, et on peut penser que ce travail de fourmi participe à la diffusion du sentiment qu’il est légitime, qu’il est possible de se révolter quand les conditions de travail sont dégradantes. Ainsi, dans les dernières années, des travailleurs de la restauration se sont organisés et ont animé des mouvements de grève, parfois durs, principalement à Paris.

Bien sûr, tout cela n’est pas du tout du goût de Mac Do. Ainsi, cette année, pour la première fois, l’entreprise organisait dans le même temps que la journée internationale de solidarité avec les travailleurs une petite "semaine des métiers". La boîte a édité à grands frais un luxueux journal qui vante, à longueur de ses 16 pages, le bonheur de travailler chez elle, la formidable opportunité de carrière que cela représente, etc. Dans de petits encadrés, ils prennent même la peine de répondre point par point -mais sans les citer, bien sûr- aux arguments que nous diffusons dans nos tracts (harcèlement par l’encadrement, précarité accrue, salaires dérisoires, piège du contrat à durée indéterminée destiné à ne pas payer au futur démissionnaire de prime de précarité...). Le choix de la date de cette campagne patronale nationale, le choix des arguments et des illustrations (des équipiers souriants et épanouis, qui tranchent avec la BD-tract "ça se passe comme ça" nous font penser que tout cela n’est pas complètement anodin...

C’est pour nous, bien évidemment, un encouragement à continuer notre campagne ! Cette année encore, dans les différentes villes où des militants de la CNT-AIT sont intervenus (Paris, Toulouse, Auxerre...) nous avons rencontré des salariés qui nous ont confirmé que, malgré la campagne de propagande patronale, tout n’était pas devenu idyllique au pays de la frite express.

Autre signe d’encouragement, c’est l’extension au niveau international de cette journée. Lancée par la section anglaise de l’AIT (Solidarity Fédé-ration), elle a été relayée par des actions de la CNT espagnole, de la FAU allemande, l’ASF irlandaise, Prima Ake en Slovaquie, ainsi qu’en Serbie... D’autres groupes tels que les Mac Donald’s Workers Résistance écossais ont rejoint le mouvement.

Mais cette agitation naissante dans un secteur jusque là négligé par eux a également attiré depuis une paire d’années beaucoup d’opportunistes (CGT espagnole, CGT française, Vignoles, trotskistes, verdâtres...) qui, après avoir fait la fine bouche ont découvert que ces personnels "sans tradition de lutte", "espèces d’étudiants"... étaient capables de se mobiliser et d’agir. Vis-à-vis de ce type d’organisation, la tactique des patrons est toute trouvée : un coup de répression directe pour les casser juste ce qu’il faut puis des offres de négociation plus ou moins souterraine pour les acheter (pas cher du tout d’ailleurs). Les élections de délégués du personnel et de membres du comité d’entreprise offrent un terrain en or pour de telles manipulations. Elles permettent tout d’abord aux managers de repérer les éléments actifs. Faute d’un rapport de force qui est à peine naissant actuellement dans ce type d’entreprise, ceux de ces éléments qui ne se laisseront pas acheter seront virés.

Qu’ils soient élus ou pas n’y changera rien : la "protection" juridique des salariés élus est une baliverne. Il suffit de regarder les statistiques pour s’en rendre compte. Côté patron il restera suffisamment "d’élus" bien gentils (quelle que soit leur étiquette) pour que le patron se paye, avec la tranquillité qu’apporte depuis cinquante ans le ronron des "institutions représentatives du personnel" dans les entreprises, le luxe de pouvoir prétendre qu’il n’est nullement anti-syndicaliste, voire qu’il les favorise, ces petits...


CNT-AIT



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