Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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La Dépêche du Midi : les réactions suite aux incidents à la Reynerie [1998]

mardi 1er décembre 1998

Suite aux affrontements à la Reynerie REACTIONS Les acteurs politiques et sociaux s’expriment.

Yvette Benayoun Nakache (Parti Socialiste) : « Les-habitants savent où-me-trouver »

Yvette Benayoun-Nakache, députée de la quatrième circonscription, estime que : Cette tragédie témoigne hélas ! du retard pris en matière de politique de la ville.

C’est précisément la raison pour laquelle trois députés de Haute-Garonne, dont moi-même, pour Bagatelle et La Faourette, avaient pris l’initiative de demander, dès sa nomination, à M.-le ministre délégué à la Ville Claude Bartolone de venir visiter nos quartiers.

En ce qui concerne les élus, quels qu’ils soient, ils se doivent d’être présents. Ils le sont, même si ce n’est pas toujours à côté des journalistes et devant les caméras. L’action, certes peu spectaculaire mais quotidienne, menée dans ces quartiers, doit continuer. En tant que députée, je ne cesserai, comme je l’ai fait jusqu’à maintenant, d’organiser à la maison de Quartier de Bagatelle des rencontres autour de thèmes comme les emploi-jeunes ou la pratique sportive. Je continuerai d’intervenir pour que les jeunes obtiennent des salles de la part de la municipalité, pour que les structures sportives soient réhabilitées, pour que des projets qui contribuent à améliorer la vie dans ces quartiers puissent être menés à bien.

Mais devant l’urgence et dans un souci d’efficacité et d’apaisement, je suis prête à accompagner M.-le maire de Toulouse, s’il décidait d’aller à la rencontre des habitants concernés. Pour ma part, ces mêmes habitants savent où me trouver, que ce soit à ma permanence officielle, ou lorsque je vais à leur rencontre dans le cadre de la permanence que je tiens à la maison de Quartier de Bagatelle, seul lieu d’accueil où je peux exercer officiellement mon mandat d’élue de la Nation...

D. Baudis :(le maire de l’époque, droite) « Poursuivre les-actions engagées »

Dominique Baudis, député, maire de Toulouse, communique : Les habitants des quartiers victimes des violences de ces derniers jours doivent au plus vite retrouver un bon fonctionnement des services publics. Les services municipaux mettent tout en uvre pour que très rapidement, les locaux et installations soient remis en état et que les services publics y retrouvent une activité normale. Déjà, le service de la voie publique a procédé au nettoyage du quartier, le poste de police devrait pouvoir fonctionner au plus vite, ainsi que la mairieannexe.

Ce vendredi, je rencontrerai à Toulouse le ministre de la Ville, M.-Claude Bartolone.

Je réaffirmerai la volonté de la mairie de Toulouse de poursuivre les actions engagées depuis vingt ans pour améliorer, dans les domaines qui sont de notre responsabilité, la vie dans les quartiers.

CGL : « Respect des-habitants »

Pierre Cascino, président de la Confédération générale du Logement, interroge : Quel responsable public, même politiquement correct, sera assez hypocrite ou naïf pour être surpris de ce qui s’est passé au Mirail ? Après tout, ce n’est qu’à une accélération d’une histoire quotidienne que l’on a assisté. En quarante-huit heures, il y a eu au Mirail autant de vandalisme et d’agressions que sur plusieurs mois cumulés.

Mais c’est depuis des années que des associations de résidents s’insurgent contre l’abandon de ces quartiers dont les habitants ne connaissent pas d’autres lois au quotidien que l’habitude ou le rapport de force.

Que l’on respecte plus les parents, les citoyens de ces lieux. Que leur habitat soit aussi bien entretenu et les moyens consacrés (par habitant) aussi importants que dans d’autres quartiers, et leurs enfants ne seront ni violents ni révoltés.

CNT-AIT : Apartheid

L’assemblée générale des adhérents de la CNT-AIT habitant dans les quartiers du Mirail, Reynerie et Bellefontaine, dénonce : Nous voudrions dire que tout ça est la conséquence de l’apartheid à la française et de l’injustice sociale que les pouvoirs publics imposent au quartier : les écoles sont surchargées, les professeurs du collège de Reynerie ont dû faire grève dès la rentrée pour avoir quelques moyens misérables de plus, les queues à La Poste du Mirail sont interminables, la diminution des bons CAF empêche les enfants de partir en vacances, les jeunes n’ont pratiquement pas de lieux pour se rencontrer... et chaque fois, on nous répond qu’il n’y a pas un sou pour mettre un postier de plus, un instituteur de plus ; alors qu’on dépense des sommes folles pour nous envoyer des régiments entiers de CRS.

La LCR : « Qui sème la-misère récolte la-colère »

La Ligue communiste révolutionnaire constate que : Le meurtre de Habib a mis le feu aux poudres d’un baril cyniquement rempli depuis des années. En effet, les politiques économiques et sociales qui se sont succédé ont provoqué le développement de la misère, du chômage, de la précarité, de la ghettoïsation, au point d’en constituer un cocktail explosif. Autant de maux dont sont victimes les jeunes des quartiers comme l’ensemble des habitants.

Face à ces fléaux, la colère doit faire grandir une mobilisation qui ne prenne pas pour cible la voiture du voisin, le bus de la Semvat ou les services publics de quartier. Une mobilisation pour la justice sociale.

Guy Saniez : « Rompre le-silence politique »

Guy Saniez, conseiller municipal de Toulouse (Parti radical de gauche), déclare : Face aux événements qui défraient l’actualité sur le quartier de La Reynerie, d’abord on pense et on s’associe à la douleur de la famille qui pleure la disparition d’Habib. La mort d’un enfant, quelles que soient les circonstances, est pour tous un énorme drame.

Durant ces dramatiques actions, une critique a été souvent faite aux politiques. Il est vrai que la soudaineté et l’imprévisible de ces incidents ont surpris les divers responsables et élus politiques.

Il faut savoir que plusieurs élus ont fait du Mirail une de leur préoccupation. Si des améliorations ont été faites, si un plan important existe, notamment sur Bellefontaine, s’étalant sur plusieurs années, cela ne suffit pas d’après l’opinion des habitants.

Appartenant au Parti radical de gauche et représentant ce parti au conseil municipal de Toulouse, notre représentation toulousaine est à Bellefontaine et notre direction départementale à proximité de La Reynerie. Je ne tiens en aucun cas à faire une parade de récupération quelconque en faveur du PRG mais, au contraire, offrir aux responsables des partis républicains de s’imprégner des véritables besoins des différentes entités du Mirail.

Comme un élu ne peut défendre une cause que s’il en est convaincu, il faut qu’individuellement il ait connaissance des racines et fondements des véritables besoins.

Aussi je propose un dialogue ouvert entre délégués de terrain et individualités, responsables élus et politiques, administrations et par la suite, répercussion de ces besoins présentées par leq divers responsables auprès de leurs représentations institutionnelles dans un seul esprit de construction.

SOS Racisme : « Empêcher les-bavures »

Nicolas Maupeu, SOS Racisme Toulouse, annonce : D’ores et déjà, SOS Racisme a demandé à ses avocats d’étudier les moyens pour que l’association se constitue partie civile dans cette affaire, car nous sommes persuadés que la clarté et la justice sont des conditions indispensables pour rétablir un dialogue durable.

Depuis quelques mois, les « bavures » se sont multipliées : à Tourcoing, en novembre dernier, un jeune homme de 25-ans était tué pendant une interpellation ; il y a un an jour pour jour, un adolescent de 17-ans était tué par balle à Damaries-les-Lys.

Il est donc temps de prendre les mesures nécessaires pour empêcher l’irréparable. SOS Racisme prend dès aujourd’hui l’initiative d’une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur, appelant ce dernier à des décisions immédiates pour empêcher la multiplication de ces actes inadmissibles (création d’une haute autorité indépendante, application du code de déontologie, application et renforcement des sanctions...). Chaque citoyen de notre ville peut signer cette lettre (contact : 06.14.09.72.04).

Le CERF : « Le mépris des citoyens »

Martin Henry, président du centre d’étude sur le racisme et le fascisme, estime que : « Il serait temps de se poser des questions sur le rôle et les moyens de plus en plus illimités de la police, au mépris des citoyens les plus défavorisés.

 » La délinquance des jeunes n’est que l’effet plus visible d’une grave crise sociale dont la solution ne passe pas par une répression policière accrue, bien au contraire. Hélas, une fois de plus, le pouvoir en place reste enfermé dans la sinistre logique sécuritaire, au seul profit idéologique de l’extrême-droite ! » Je comprends que les parents du jeune Habib préfèrent comme réponse la justice à la violence spontanée de ses copains, mais hélas, il faudrait que la « justice » soit à la hauteur de ses prétentions.

 » Dans un premier temps, il serait important de descendre pacifiquement dans la rue pour défendre la dignité de la famille d’Habib et dénoncer certaines méthodes policières. Mais les questions politiques restent entières ! »

UNSA : « Améliorer les-conditions de travail de la police »

Charles Serra, secrétaire régional de l’Union nationale des syndicats autonomes rappelle : « En organisant son colloque sur les jeunes et la politique de la ville, le 28-avril dernier, l’Union régionale UNSA avait voulu attirer l’attention des pouvoirs publics, des élus et des partenaires sociaux sur les phénomènes de violences et de délinquance des jeunes.

Si hier on répondait par l’animation, l’encadrement socio-culturel des structures éducatives de quartier, aujourd’hui, la délinquance touche les mineurs de plus en plus jeunes, ce qui semble remettre en cause la politique de prévention.

Comment faciliter le travail des entreprises de la justice ou de la police et des travailleurs sociaux ? Chacun dans son domaine de compétence, mais travaillant en équipe, en complémentarité, pourrait mener une action plus efficace sur le terrain. Faut-il encore que les conditions de travail des policiers puissent être négociés sereinement avec leur autorité.

 » A plusieurs reprises, l’UNSA police a montré qu’elle était attachée au service public de sécurité. Les policiers n’ont pas toujours été entendus ou compris.

Faut-il attendre un malheur pour se rendre compte qu’il est temps de réunir autour d’une table tous les acteurs ? »


CNT-AIT



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